Ankara nie toute tentative d’enlèvement d’un opposant présumé en Mongolie
Depuis le putsch manqué, le gouvernement turc a lancé des purges sans précédent qui ont touché des opposants politiques du président Erdogan et des médias

La Turquie a rejeté lundi les accusations selon lesquelles elle aurait tenté d’enlever, en Mongolie, un proche de l’opposant Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.
La Mongolie avait empêché vendredi le décollage d’un avion soupçonné d’appartenir à l’armée de l’air turque, après que des témoins avaient dénoncé une tentative d’enlèvement de Veysel Akcay, un homme suspecté d’appartenir au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.
Selon plusieurs amis et témoins, au moins cinq hommes avaient kidnappé M. Akcay dans sa demeure à Oulan-Bator, avant de le jeter dans un minibus. Ce directeur d’école âgé de 50 ans est réputé être lié à M. Gülen, mais plusieurs enseignants interrogés par l’AFP ont nié toute connexion entre les deux hommes.
« Nous sommes très mal à l’aise avec le fait que les événements de vendredi (…) soient présentés comme une opération d’enlèvement », a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, dans un communiqué publié lundi.
« Toutes ces affirmations sont fausses et nous les réfutons », a-t-il souligné, ajoutant que l’ambassadeur de Mongolie à Ankara avait été convoqué au ministère.
Battsetseg Batmunkh, vice-ministre mongol des Affaires étrangères, avait prévenu la Turquie que toute tentative d’enlèvement sur le territoire mongol constituait une « violation grave de l’indépendance et de la souveraineté » du pays.
Niant toute volonté d’intervenir dans les affaires intérieures d’un autre pays, le porte-parole de la diplomatie turque a affirmé que cet épisode devait servir d' »avertissement » quant à la capacité des gulénistes à « manipuler l’opinion publique ».
M. Akcay, après avoir été entendu par la police, est réapparu en public dans la nuit de vendredi à samedi, indiquant « ne pas connaître » ses ravisseurs.
Par ailleurs, le ministère turc de l’Intérieur a affirmé lundi soir dans un communiqué, cité par l’agence étatique Anadolu, que 50 gulénistes présumés ont été « livrés » à la Turquie par la République turque de Chypre du Nord, reconnue seulement par Ankara.
Ces cinquante personnes ont été interpellées samedi alors qu’elles tentaient de se rendre illégalement sur l’île grecque de Rhodes, selon Anadolu.
Depuis le putsch manqué, le gouvernement turc a lancé des purges sans précédent qui, au-delà des partisans présumés de M. Gülen, ont touché des opposants politiques du président Erdogan et des médias. Plus de 77.000 personnes ont ainsi été arrêtées.