Antisémitisme : Harvard assigné à comparaître par la Chambre des Représentants
La présidente dénonce « les retards et la défiance » de l'université, qui elle dénonce une décision « injustifiée » mais s'engage à coopérer, dans le contexte d'un regain d'antisémitisme depuis le 7 octobre

Une commission de la Chambre des Représentants des États-Unis a annoncé vendredi sa décision d’assigner Harvard à comparaître pour manquement à son obligation de fournir des documents urgents liés à l’enquête sur l’antisémitisme, décision que l’université qualifie de « malheureuse » et « injustifiée ».
Le mois dernier, l’université de Harvard a été invitée à remettre plusieurs documents attestant notamment de sa réaction face aux discriminations et rapports d’actes antisémites et de sa politique d’admission des étudiants juifs.
« Harvard a apporté une réponse complète et de bonne foi sous forme de 10 dossiers – soit plus de 3 500 pages – qui traitent des principaux domaines d’enquête du comité », a déclaré à Reuters le porte-parole de l’université par voie de communiqué adressé par courrier électronique. Plus de 2 500 pages seraient directement liées à l’enquête sur l’antisémitisme menée par ce comité.
La représentante républicaine Virginia Foxx, qui préside la commission de l’éducation et de la population active de la Chambre des Représentants, a fait savoir par voie de communiqué que c’était « la qualité – et non la quantité – [qui posait] problème à la commission. »
Elle a précisé qu’un millier des documents remis étaient déjà disponibles au public et que Harvard n’avait pas suffisamment répondu à deux des quatre demandes prioritaires.
« Je ne tolérerai aucun retard ni aucune forme de défiance envers notre enquête tant que les étudiants juifs de Harvard continueront de faire les frais de la tempête d’antisémitisme qui dévaste son campus », a poursuivi Foxx.

Les assignations à comparaître ont été délivrées au doyen par intérim de Harvard, Alan Garber, à Penny Pritzker, Senior Fellow de la Harvard Corporation, et au PDG de la Harvard Management Company, N.P. Narvekar.
Selon le Harvard Crimson, les assignations à comparaître exigent que l’université remette plusieurs documents, parmi lesquels l’ensemble des procès-verbaux de réunion de la Harvard Management Company du 7 octobre au 2 janvier, soit jusqu’à la veille de la démission de l’ex-doyenne Claudine Gay, accusée de plagiat et de réaction violente suite à son témoignage au Congrès sur l’antisémitisme.
Les responsables de Harvard ont reçu l’ordre de produire les documents au plus tard le 4 mars 17 heures. Toujours selon le Harvard Crimson, les fonctionnaires n’ont pas encore reçu l’ordre de témoigner devant le Congrès, mais cela pourrait venir sous peu.
« Bien que l’assignation à comparaître ne soit pas justifiée, Harvard est bien déterminée à coopérer avec le comité et lui apporter les documents requis, dans le respect de la confidentialité et de la sécurité de notre communauté », a répondu l’université.

C’est le 9 janvier que Foxx a demandé les documents pour la première fois, par un courrier adressé à Garber et Pritzker concernant les rapports d’incidents antisémites sur le campus depuis janvier 2021, à commencer par « les messages d’étudiants, de professeurs, de membres du personnel et d’autres affiliés de Harvard sur Sidechat et d’autres réseaux sociaux ciblant les Juifs, les Israéliens, Israël, les sionistes ou le sionisme », ainsi que des dossiers de procédures disciplinaires ouvertes pour cas de haine et partialité, sans oublier la réponse apportée par Harvard aux récentes manifestations et activités pro-palestiniennes. À l’époque, l’université s’était vu accorder deux semaines pour s’exécuter.
Cette demande est le fruit d’une enquête sur l’antisémitisme au sein des universités américaines d’élite, lancée par la Commission de l’éducation et de la population active de la Chambre des Représentants suite à une audition tumultueuse au Congrès, le 6 décembre dernier, au cours de laquelle les doyennes de Harvard, de Pennsylvanie et du MIT ont répondu de manière évasive à la question de savoir si les appels au génocide contre le peuple juif enfreignaient le code de conduite de leur établissement. Les doyennes de Harvard et de Penn ont depuis démissionné.
Harvard et d’autres universités américaines sont bouleversées par des tensions qui trouvent leur origine dans les réactions à l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier contre Israël et à l’offensive israélienne à Gaza qui s’en est suivie pour anéantir le groupe terroriste palestinien et libérer les otages qu’il séquestre.