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Antisémitisme, séparatisme, complotisme : un imam marocain bientôt expulsé de France

L'expulsion de ce prédicateur, père de 5 enfants majeurs, n'était pas possible avant la loi luttant contre le séparatisme promulguée en août 2021

Hassan Iquioussen. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Hassan Iquioussen. (Crédit : capture d'écran YouTube)

Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé jeudi l’expulsion à venir d’un prédicateur du Nord, Hassan Iquioussen, réputé proche des Frères musulmans, pour des appels à la haine et à la violence contre la communauté juive notamment.

Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur a fait valoir que cette expulsion était justifiée par le fait que « ce prédicateur tient depuis des années un discours haineux à l’encontre des valeurs de la France contraire à nos principes de laïcité et d’égalité entre les femmes et les hommes ».

« Il sera expulsé du territoire français », a assuré M. Darmanin.

« Aujourd’hui, il m’est reproché de tenir des propos discriminatoires voire violents, ce que je conteste avec force. Je fais confiance en la justice et à mes conseils afin d’annuler cette procédure d’expulsion », a réagi M. Iquioussen dans un post sur sa page Facebook.

COMMUNIQUE OFFICIELJ'ai reçu le 03/05/2022 un bulletin de notification d'engagement d'une procédure d'expulsion à mon…

Posted by Hassan Iquioussen on Thursday, July 28, 2022

Prêcheur islamique, très actif sur les réseaux sociaux, notamment avec une chaîne Youtube, suivie par 169.000 personnes, et une page Facebook, comptant 42.000 abonnés, Hassan Iquioussen, 57 ans, avait été accusé en 2004 de propos antisémites par le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui s’en était ému auprès de l’ex-UOIF (Union des organisations islamiques de France), devenue depuis « Musulmans de France ».

Vivant dans le nord de la France, à Lourches, Hassan Iquioussen avait continué à tenir, selon les éléments recueillis par la préfecture du Nord dont l’AFP a eu connaissance, des discours « haineux envers les valeurs de la République dont la laïcité » et « l’égalité entre les femmes et les hommes », et à développer « des thèses antisémites ».

Il lui est reproché aussi d’inciter « à une forme de séparatisme » et d’alimenter « des thèses complotistes autour de l’islamophobie ».

Le 22 juin dernier, la commission départementale d’expulsion des étrangers a donné un avis favorable à son expulsion, a affirmé jeudi à l’AFP le ministère de l’Intérieur, confirmant une information de l’hebdomadaire Le Point.

L’arrêté d’expulsion « va être pris dans les prochaines heures », a-t-on ajouté de même source.

L’expulsion de ce prédicateur, père de 5 enfants majeurs, n’était pas possible avant la loi luttant contre le séparatisme promulguée en août 2021.

Né en France, il avait la nationalité française jusqu’à ce qu’elle lui soit retirée à sa majorité. De nationalité marocaine depuis, il avait alors bénéficié de titres de séjour. C’est à la faveur d’une demande de renouvellement cet hiver de son titre de séjour de dix ans qui arrivait à expiration que les autorités françaises ont décidé d’utiliser la loi d’août 2021.

Aucun arrêté n’avait encore été notifié en fin d’après-midi, selon l’avocate de M. Iquioussen, Me Lucie Simon, qui a indiqué à l’AFP envisager un référé devant le tribunal administratif de Paris et une saisine de la Cour européenne des droits de l’Homme.

« La préfecture se base sur des notes blanches, ne rapportant aucun propos récent ni vérifiable, les conférences citées n’ayant pour la plupart pas fait l’objet de captation alors que plus de mille vidéos de lui figurent sur internet », a-t-elle affirmé.

Elle a mis en avant les « récentes et nombreuses prises de positions publiques », de son client « en faveur de la laïcité, de l’égalité homme-femme, des valeurs de la République et contre la xénophobie ».

S’il « représentait une menace d’une telle gravité pour la France, l’on peut croire que des poursuites judiciaires auraient été diligentées à son endroit, ce qui n’est pas le cas », a-t-elle pointé, dénonçant un « opportunisme politique ».

« Nous nous inquiétons qu’en cas de retour au Maroc, ses prises de position politiques mettent sa vie en danger », a-t-elle ajouté.

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