Approbation d’une construction juive controversée à Jérusalem Est
La municipalité approuve la structure de trois étages dans le quartier chaud de Silwan, malgré une forte opposition
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
La municipalité de Jérusalem a approuvé mercredi la construction d’un immeuble résidentiel de trois étages pour des juifs dans le quartier chaud de Silwan, dans Jérusalem Est, après des tentatives de responsables gouvernementaux de contrecarrer le projet par peur des réactions.
La commission pour la planification et la construction à Jérusalem a pris sa décision avec deux semaines de retard, en raison d’un débat agité sur le sujet entre les conseillers.
Le terrain, que l’Etat a vendu à des résidents juifs en 2005 via le dépositaire général du ministère de la Justice, est situé dans le quartier Batan Al Hawa de Silmwan, face à Beit Yonatan, un immeuble de sept étages. Beit Yonatan a été construit sans permis en 2002 et 11 familles juives s’y sont installées deux ans après.
Malgré des ordres de la cour et du procureur général d’alors, Yehuda Weinstein, pour faire évacuer l’immeuble et le sceller, 10 familles y vivent toujours, selon le quotidien Haaretz. Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a soutenu le droit des résidents juifs à la construction.
Eldad Rabinowicz, l’avocat qui a soumis la demande au nom de la compagnie Maliach 73, a salué mercredi la décision, a annoncé Haaretz.
« Nous sommes ravis que la municipalité ait accordé un permis de construire sur des terrains juifs à Silwan. C’est un acte de justice historique pour l’implantation sur un terrain qui a commencé depuis la première immigration [juive] en Israël », a-t-il déclaré.
Dans un communiqué, la municipalité a promis de « continuer à construire dans tous les quartiers » de la ville.
L’approbation de la construction de ce bâtiment intervient pendant la fête musulmane d’un mois du Ramadan, et semble aller à l’encontre des efforts pour apaiser les tensions qui ont alimenté des mois d’attaques palestiniennes, dont beaucoup à Jérusalem. Les détracteurs affirment que le terrain avait été vendu à un prix artificiellement bas, et sans appel d’offres approprié, à l’organisation Ateret Cohanim.
Des organisations comme Ateret Cohanim se consacrent à recréer une présence juive dans le Jérusalem Est arabe, particulièrement à proximité de la Cité de David, dans des quartiers comme Silwan.
L’association anti-implantation La Paix Maintenant avait précédemment déclaré que le terrain de la zone avait été vendu à Ateret Cohanim par le dépositaire général sans aucun appel d’offre, avec trois autres parcelles du quartier. Le prétexte de la vente de terrain a été le fait que le groupe possédait déjà deux autres parcelles à Batan Al-Hawa, que le dépositaire général avait attribuées en septembre 2002.
« Alors que le Premier ministre [Benjamin] Netanyahu et le ministre de la Défense [Avigdor] Liberman viennent de soutenir la solution à deux états, sur le terrain, ils soutiennent des actions qui rendent plus difficile un futur compromis, est-il écrit dans le communiqué. En approuvant la construction à la veille du Ramadan, Netanyahu et Liberman risquent d’enflammer la région et de compromettre la sécurité des Israéliens pour le bénéfice de colons extrémistes », est-il écrit dans le communiqué.
Pour l’ONG israélienne Ir Amim qui milite pour la coexistence à Jérusalem, cette décision « permet l’expansion de la colonisation sur le quartier palestinien par Ateret Cohanim », organisme qui facilite l’achat de maisons à Jérusalem par des juifs d’Israël et de l’étranger.
« Ce permis de construire est un pas important dans la campagne d’Ateret Cohanim pour déplacer la communauté palestinienne de Batan al-Hawa et la remplacer par une nouvelle enclave de colonisation dans Silwan », affirme un communiqué de l’association.
Silwan a vu les tensions monter ces dernières années, quand une douzaine de juifs a emménagé dans ce quartier majoritairement arabe.
Avant les émeutes arabes de 1938, Silwan, qui était à l’époque Harat al-Yaman, était principalement juif. Les émeutes ont forcé les juifs à partir.
L’équipe du Times of Israel et l’AFP ont contribué à cet article.