Après 18 ans, Litzman abandonne la direction de Yahadout HaTorah
Moshe Gafni prendra la tête du parti ultra-orthodoxe, avec Litzman en deuxième position ; le n°2 du Shas, Yitzhak Cohen, se retire de la politique
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Après 18 ans à la tête du parti, le député Yaakov Litzman quittera la présidence du parti Yahadout HaTorah, a annoncé lundi le parti, en précisant que le numéro 2 actuel, le député Moshe Gafni, le dirigera lors des élections de mars, dans le cadre d’un accord de partage du pouvoir entre les deux.
Litzman, qui dirige la faction Agudat Israël représentant les communautés hassidiques, et Gafni, qui dirige la faction Degel Hatorah des juifs lituaniens (non-hassidiques) ultra-orthodoxes, échangeront leur place sur la liste du parti.
Gafni et Litzman seront suivis sur la liste par les membres de la Knesset Uri Maklev, Meir Porush, Yaakov Asher, Yaakov Tessler, Yitzhak Pindros, et Yisrael Eichler, a déclaré le parti, en annonçant la liste de candidats définitive trois jours avant la date limite de jeudi.
Le changement de direction est le résultat d’un accord entre les deux factions conclu avant les élections de 2019, selon lequel Litzman et Gafni changeraient de poste tous les deux ans.

Cette décision a été prise après que les deux factions Haredi se sont affrontées lors des élections locales cette année-là, soutenant différents candidats dans différentes villes lors de campagnes qui ont souvent tourné à l’acrimonie. Surprenant de nombreux membres de la communauté ultra-orthodoxe, Degel HaTorah a largement dépassé Agudat Yisrael, en remportant presque le double des sièges municipaux à l’échelle nationale.
En conséquence, la faction lituanienne a exigé un certain nombre de changements dans la composition de la liste du parti, qui jusqu’alors était composée à 60 % de représentants d’Agudat Yisrael.
Élu à la Knesset en 1999, M. Litzman, qui est actuellement ministre du Logement et de la Construction, a été le chef de facto du ministère de la Santé pendant plus de dix ans, occupant le poste de ministre adjoint ou titulaire de la Santé de 2009 à la mi-2020. M. Gafni, qui est député depuis 1988, préside la puissante commission des Finances de la Knesset depuis 2009.
La décision de remplacer Litzman par Gafni, bien qu’elle fasse partie de l’accord de partage du pouvoir, a été accueillie par des rumeurs selon lesquelles le parti préemptait une éventuelle mise en accusation de Litzman, qui le forcerait à démissionner de son poste de ministre.
M. Litzman est soupçonné de fraude et d’abus de confiance pour avoir utilisé son bureau afin de fournir illégalement de l’aide à la présumée pédophile en série Malka Leifer, ainsi que pour une accusation distincte de corruption pour avoir prétendument aidé à empêcher la fermeture d’une entreprise alimentaire que son propre ministère avait jugée insalubre. Le procureur général n’a pas encore annoncé s’il portera plainte.

Lundi également, le n°2 du Shas, le vice-ministre des Finances Yitzhak Cohen, qui siège au Parlement israélien depuis 1996, a annoncé qu’il quittait la politique et ne se présenterait pas aux élections.
Réagissant à sa décision, le chef du Shas, Aryeh Deri, a déclaré que Cohen, 69 ans, est « aimé et respecté de tous ».
Cohen conservera un certain rôle dans le parti à l’avenir, a ajouté Deri. « Nous ne renoncerons pas à ce talent », a-t-il déclaré.
Les sondages indiquent régulièrement que les deux partis ultra-orthodoxes que sont le Shas et Yahadout HaTorah obtiendraient 7 à 8 sièges chacun lors des élections du 23 mars.
Selon un sondage de la Douzième chaîne publié dimanche, le Likud devrait remporter 30 sièges à la Knesset, qui compte 120 membres ; Yesh Atid 17 ; Tikva Hadasha 14 ; Yamina 13 ; Liste arabe unie 10 ; Shas 8 ; Yahadout HaTorah 8 ; Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman 7 ; Parti travailliste 5 ; Meretz 4 ; et Kakhol lavan 4.
Le sondage ne montre pas de voie claire vers une coalition majoritaire pour aucun parti. Le Likud et ses alliés ultra-orthodoxes de longue date disposeraient de 46 sièges, loin des 61 nécessaires pour former une majorité. Avec le parti de droite Yamina, le bloc serait toujours à la traîne, avec 59 sièges. Il est peu probable qu’un autre parti se joigne à une coalition dirigée par Netanyahu.
Une coalition anti-Netanyahu, quant à elle, devrait surmonter des différences importantes pour obtenir 61 sièges en réconciliant des factions telles que Tikva Hadasha de droite et le Meretz d’extrême gauche.