Apres 3 ans d’interruption, les voyages scolaires en Pologne reprennent
Les visites éducatives sur la Shoah avaient été suspendues en raison de différends sur les programmes scolaires. Israël estimait qu'ils minimisaient les complicités locales
Les voyages scolaires en Pologne conçus pour enseigner la Shoah aux jeunes Israéliens devraient prochainement reprendre, après une pause de près de trois ans, à la faveur du compromis qui a mis fin aux désaccords sur les contenus et le protocole de sécurité des visites.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est réjoui de cet accord, affirmant que « l’on peut apprendre la Shoah de plusieurs façons, mais que rien ne remplace sa propre expérience, sur place ».
Les deux pays étaient en conflit sur ce point depuis plusieurs années.
Le ministère des Affaires étrangères avait déclaré que le gouvernement polonais tentait de prendre la main sur le programme d’études sur la Shoah destiné aux jeunes Israéliens.
Le gouvernement polonais tente en effet depuis un certain temps de minimiser la responsabilité de la Pologne dans la persécution des Juifs sur son territoire au temps de la Shoah, alors même que les chercheurs affirment que les Polonais ont coopéré de manière significative avec les nazis.
Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, Pawel Jablonski, s’était plaint, en 2022, que « la formule actuelle des voyages en Pologne destinés aux jeunes Israéliens requière des changements en raison de problèmes conduisant au renforcement de faux stéréotypes, avec un impact négatif sur les relations polono-israéliennes ».
L’annonce faite ce mardi ne précise pas la manière dont la question a été résolue et n’indique pas si Israël a accepté les changements corroborant la version polonaise des faits historiques.
Du temps de la crise, le gouvernement polonais avait également interdit aux agents du Shin Bet qui assurent la sécurité de ces voyages de porter une arme, alors qu’ils y avaient été habilités par le passé.
Le site d’information Ynet a fait savoir qu’un accord avait été conclu, en vertu duquel les forces de l’ordre polonaises assureraient la sécurité des voyages, les gardes israéliens intervenant en cas de menaces spécifiques.
Le ministre de l’Education, Yoav Kisch, a remercié mardi son homologue polonais Zbigniew Rau, affirmant que la décision de rétablir les voyages de jeunes était « une priorité absolue » et qu’« il était très important d’enseigner la mémoire de la Shoah aux jeunes Israéliens… un épisode incontournable de l’histoire juive ».
L’annulation des voyages scolaires consacrés à la Shoah avait ravivé les tensions déjà existantes entre les deux pays au sujet de l’attitude de la Pologne envers ses citoyens juifs pendant la Shoah.
Les jeunes Israéliens juifs se rendent traditionnellement en Pologne, en été, entre la classe de Première et la Terminale, pour visiter d’anciens camps nazis, s’informer sur la Shoah et rendre hommage aux personnes assassinées.
Ce voyage est considéré comme un rite de passage dans l’enseignement israélien et, avant la pandémie de COVID-19, 40 000 jeunes Israéliens y prenaient part chaque année.
La Pologne a été le premier pays envahi et occupé par l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler et n’a jamais eu de gouvernement collaborationniste.
Les membres de la résistance polonaise et du gouvernement en exil ont lutté et fait en sorte d’informer le monde du massacre des Juifs.
Par ailleurs, des milliers de Polonais ont risqué leur vie pour venir en aide aux Juifs.
Toutefois, les historiens de la Shoah ont eu la preuve que nombre de Polonais avaient eux-mêmes tué des Juifs qui tentaient de fuir le nazisme, ou fait chanter des Juifs vulnérables dans le but de leur soutirer de l’argent.
Six millions de Juifs, parmi lesquels la quasi-totalité des quelque 3 millions de Juifs de Pologne, ont été tués par les nazis et leurs collaborateurs pendant la Shoah.
Les principaux camps de la mort nazis se trouvaient en Pologne.