Après les JO, Linoy Ashram se confie sur son statut d’icône en Israël
Toujours aussi humble, l'athlète dit qu'elle espérait obtenir le bronze, mais qu'elle est fière de ses racines sépharades dans un sport dominé par les Européens de l'Est
JTA – Cet été, Linoy Ashram est devenue la première Israélienne à remporter une médaille d’or olympique, tous sports confondus. Mais ce n’est pas la seule histoire qu’elle a écrite aux Jeux de Tokyo.
Elle est devenue la troisième médaillée d’or olympique d’Israël et la première gymnaste rythmique israélienne à remporter l’or. La victoire d’Ashram a également mis fin à une série de médailles d’or russes qui remontait aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. (Et avant les cinq victoires russes : 1996 et 1992 ont été remportées par des Ukrainiennes, et 1988 par une gymnaste de l’Union soviétique).
Rien de grave, n’est-ce pas ? La jeune femme de 22 ans y repense avec humilité.
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« Je ne rêvais pas de gagner l’or », dit-elle à la Jewish Telegraphic Agency. « Je n’aurais jamais pensé que je pourrais le faire – j’espérais le bronze ».
Pour ceux qui n’avaient pas suivi ses triomphes dans les tournois européens depuis des années, les exploits d’Ashram à Tokyo ont fait d’elle une icône du sport israélien – une personne qui est passée d’un milieu ouvrier dans la ville de Rishon LeZion, où elle a grandi en s’entraînant « sans infrastructure, sans soutien », au nouveau visage du succès olympique d’Israël sur la scène mondiale.
« Il est vrai que ce sport est dominé par les gens d’Europe de l’Est », a déclaré Ashram. « Les meilleurs athlètes viennent de là-bas. Quand j’étais petite, je n’imaginais pas qu’il serait possible d’atteindre leur niveau, car cela [ressemblait] à leur sport. Mais au fur et à mesure que je passais de compétition en compétition et que je m’améliorais, j’ai commencé à réaliser que peu importe d’où [vous venez] ou qui domine le sport, je peux toujours le gagner grâce à qui je suis. »
« Je suis très fière de mon pays et je suis fière de représenter mon pays de la meilleure façon possible », a-t-elle ajouté.
Comme la superstar de la gymnastique américaine Simone Biles l’a souligné avec ses nombreux retraits liés à sa santé mentale lors de ses concours cette année, la compétition et la célébrité olympiques ne sont pas toujours amusantes et légères.
Gagner, pour Ashram, était en réalité « un mélange de sentiments ». Sa famille n’a pas été autorisée à assister à ses performances en raison des restrictions imposées par le COVID-19. Le stress s’est mêlé au bonheur – et au soulagement de voir la compétition terminée.
C’est probablement en partie parce que sa victoire s’est jouée sur le fil, avec ce que ses adversaires russes aimeraient appeler une controverse.
Ashram a battu de justesse sa concurrente russe, avec un score supérieur de 0,15 point seulement à celui de Dina Averina, poussant le Comité olympique russe à qualifier le résultat d’ « injustice » et à ouvrir une enquête officielle.
La Fédération internationale de gymnastique a rejeté toute allégation de jugement inéquitable. Mais les dommages en termes de relations publiques étaient faits, et Ashram a été frappée par une vague de critiques et d’insultes en ligne.
Elle n’a pas laissé le conflit l’affecter.
« Je n’ai vraiment pas prêté attention à ce qu’ils disaient – [mon entraîneuse et moi] étions complètement concentrées sur la victoire », a-t-elle déclaré.
Ashram est née à Rishon LeZion, une ville située à environ 8 km au sud de Tel Aviv, d’un père juif yéménite et d’une mère juive sépharade grecque.
« Je suis particulièrement fière d’avoir pu prouver aux autres que, même si ce sport a été dominé par les Européens de l’Est, je pouvais le gagner et y apporter quelque chose de nouveau. Et ce n’est pas un fait acquis que les athlètes d’Europe de l’Est [gagnent] », déclare Ashram.
Ce sport – ou tout autre sport olympique, d’ailleurs – n’est généralement pas dominé par un Juif. Ashram a montré sa fierté juive en exécutant sa routine de médaille d’or sur « Hava Nagila », qui restera bien sûr dans l’histoire à côté d’un autre moment emblématique de la gymnastique juive : L’enchaînement au sol de la gymnaste juive Aly Raisman aux Jeux olympiques de Londres en 2012 sur « Hava Nagila », pour lequel elle a également remporté l’or.
Avant les Jeux de 2012, Raisman a déclaré à la JTA qu’elle était fière d’utiliser la chanson juive « parce qu’il n’y a pas beaucoup d’athlètes d’élite juifs ».
« Nous avons fait appel à ‘Hava Nagila’, a déclaré Ashram, parce que nous voulions apporter aux Jeux olympiques de cette année quelque chose d’israélien, de juif. Je sais qu’ils l’ont utilisé dans le passé aux Jeux olympiques, et cela montre à quel point nous sommes vraiment liés à ce pays et nous voulons apporter cette touche juive au monde. »
La gymnastique rythmique a été introduite aux Jeux olympiques en 1984. Dans ce sport, les gymnastes concourent avec quatre instruments différents : le cerceau, le ballon, les massues et le ruban. Ashram n’a pas de favori parmi les quatre ; chacun exige un style différent, et une musique différente. Elle décrit avec enthousiasme comment elle et son entraîneuse choisissent la musique qui correspond à chaque accessoire : le cerceau est « dramatique », le ruban est « joyeux », le ballon est « romantique » et les massues sont « stylées ».
Le choix d’Ashram pour son numéro aux massues à Tokyo était un mélange de tubes pop de Beyoncé et Ciara, mais pour le numéro au ruban, « Hava Nagila », un élément de base des célébrations juives partout dans le monde, a coché la case « joyeux ».
Ashram a également fait l’éloge de l’ancienne coéquipière de Raisman, Simone Biles, et de la conversation sur les athlètes et la santé mentale qu’elle a déclenchée cette année.
« Je suis heureuse qu’elle se soit rétablie après ce qui s’est passé », a déclaré Ashram. « Les athlètes ont aussi des crises de santé mentale. Je suis vraiment heureuse qu’elle ait pu surmonter cela et retourner s’entraîner et faire partie des Jeux olympiques – elle est partie au milieu, mais elle est revenue pour l’exercice final, et cela montre quel caractère fort elle a. »
Ashram a une personnalité tranquille. Pendant ses jours de repos – elle ne s’est pas encore engagée pour les prochains Jeux olympiques à Paris en 2024, mais elle s’entraîne toujours comme elle le fait habituellement – elle aime manger les schnitzel de sa famille à la maison, et aller à la plage ou au cinéma.
Bien qu’Israël soit actuellement en mode « sufganiyot » pour Hanoukka, elle n’est pas une grande fan des traditionnels beignets à la confiture. Elle se réjouit néanmoins de cette fête et de pouvoir en profiter avec toute sa famille.
Elle est encore en train de s’adapter à l’aspect public de son statut d’athlète vedette. Après Hanoukka, elle se rendra aux États-Unis pour la première fois, dans le cadre du sommet national 2021 du Conseil israélo-américain, en Floride. Il s’agit du premier grand rassemblement d’organisations juives à se dérouler en personne depuis le début de la pandémie, et Ashram est impatiente d’y prendre la parole.
« Je suis particulièrement excitée de rencontrer un autre type de public – pas [seulement] les Israéliens en Israël. C’est passionnant de pouvoir s’adresser à de nouveaux publics », a-t-elle déclaré.
En rentrant en Israël et dans sa famille après les Jeux de Tokyo, elle s’est rapidement rendue compte de l’ampleur qu’avait prise sa notoriété. Elle a reçu un « accueil de héros » à l’aéroport Ben Gurion, qu’elle a qualifié de « vraiment étonnant et émouvant ». L’engouement pour elle ne s’est pas encore calmé.
« D’un côté, c’est vraiment agréable parce que j’aime recevoir toute cette chaleur et cet amour des gens, et savoir que les gens sont heureux pour moi », a-t-elle déclaré. « D’un autre côté, c’est difficile pour moi de marcher dans la rue [quand] les gens me reconnaissent tout le temps ».
Incrédule, elle s’est souvenue d’un moment où elle portait son masque facial et son chapeau – et où quelqu’un l’a quand même reconnue.
« Ma vie a certainement un peu changé », a-t-elle déclaré.
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