Ari Emanuel appelle à chasser Netanyahu et ses ministres « extrémistes »
"Israël a besoin d'un leader sage et juste", a commenté le directeur-général d'Endeavor lors du gala organisé par le Centre Simon Wiesenthal, réclamant également que les membres du cabinet qui incitent à la violence en Cisjordanie soient évincés
Ari Emanuel, directeur-général de l’agence Endeavor, a appelé mercredi à l’éviction du Premier ministre Benjamin Netanyahu de son poste – une vive condamnation du Premier ministre de la part de l’un des hommes les plus puissants de l’industrie américaine du divertissement.
S’exprimant lors de la soirée de gala qui était organisée à Los Angeles par le Centre Simon Wiesenthal, Emanuel a indiqué que « Netanyahu ne veut pas une solution pacifique et il devient de plus en plus clair que la mise en place d’une solution politique et le maintien au pouvoir de Netanyahu sont deux perspectives irréconciliables ».
« Les Juifs ne sont pas un peuple égoïste », a-t-il continué. « Nous sommes charitables mais Netanyahu est fondamentalement égoïste. Le prix à payer pour permettre à cet homme d’obtenir ce qu’il veut est devenu beaucoup trop élevé pour un trop grand nombre de personnes. »
« Netanyahu a souillé un héritage qui ne lui appartient pas », a-t-il ajouté, déclenchant un tonnerre d’applaudissements. « Dans l’intérêt d’Israël, il doit partir, comme doivent le faire aussi les extrémistes qui siègent dans son cabinet et qui incitent à la violence en Cisjordanie, qui tentent de saper la démocratie en Israël ».
« Il n’y a rien de contradictoire à dire qu’Israël mène une lutte juste en tentant d’obtenir la libération des otages et de détruire le Hamas, à dire que nous devons pleurer la mort des civils palestiniens et minimiser le nombre des victimes, à dire que nous devons traduire en justice les partisans du mouvement pro-implantation qui se livrent à des violences à l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie », a-t-il continué sous les applaudissements. « Et nous avons le droit d’appeler de nos vœux l’arrivée de nouveaux dirigeants en Israël, qui élimineront le Hamas mais qui trouveront aussi une solution politique pour la région ».
Les critiques d’Emanuel auraient été dénoncées par certaines personnes qui se trouvaient dans la salle – d’autres seraient aussi parties pendant son discours.
Endeavor CEO Ari Emanuel’s fiery speech at the Wiesenthal Center’s Gala, calling for the removal of Israel’s Bibi Netanyahu, was met with cheers, boos and walkouts pic.twitter.com/zb3GbDg0A3
— Deadline Hollywood (@DEADLINE) May 23, 2024
« Israël ne sera jamais réellement en sécurité tant que Bibi Netanyahu aura la charge du pays », a-t-il poursuivi, provoquant quelques huées dans le public. « Il revient au peuple israélien de choisir ses nouveaux leaders ; Israël est une démocratie mais en tant que Juifs, nous avons aussi notre part à assumer… Comme l’avait dit Elie Wiesel : ‘Vous devez parfois intervenir’. »
« Aujourd’hui et comme toujours, Israël a besoin d’un leader sage et juste. Le moment est venu de laisser Bibi Netanyahu derrière nous », a-t-il affirmé.
Emanuel, qui est considéré comme l’un des agents artistiques les plus puissants dans le monde, s’est exprimé alors qu’il recevait le prix humanitaire qui est décerné par le Centre.
Né dans une célèbre famille juive, son père, Benjamin, était membre de l’organisation paramilitaire Etzel avant la fondation d’Israël et son frère, Rahm, a été maire de Chicago et chef de cabinet au sein de l’administration de l’ancien président des États-Unis Barack Obama.
La guerre à Gaza avait éclaté après le massacre commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Environ 3 000 terroristes avaient franchi la frontière séparant la bande de l’État juif par voie terrestre, aérienne et maritime. Ils avaient tué près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient enlevé 252 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Les hommes armés s’étaient livrés à des atrocités et ils avaient commis des violences sexuelles à grande échelle.
Le ministère de la Santé qui est placé sous l’autorité du Hamas, à Gaza, a indiqué que plus de 35 000 personnes avaient été tuées – même si seulement 24 000 corps ont été identifiés dans les hôpitaux jusqu’à présent -au sein de l’enclave à l’occasion de la campagne militaire israélienne. Ce bilan humain, qui est invérifiable, comprend les 15 000 terroristes environ qu’Israël affirme avoir abattus dans le cadre de la guerre. L’armée a aussi fait savoir qu’elle avait tué un millier de terroristes sur le sol israélien, le 7 octobre.
Netanyahu a été critiqué pour ses décisions stratégiques avant le 7 octobre, notamment pour sa politique qui avait consisté à permettre à des fonds qataris d’entrer à Gaza – ce qui aurait renforcé le Hamas – mais aussi pour sa conduite pendant la guerre, alors que le Premier ministre n’a toujours pas présenté de plan pour Gaza, au lendemain du conflit, jugé comme acceptable par ses partenaires politiques et par la communauté internationale.