Arrestation des 2 Iraniennes entrées dans un stade lors d’une visite de la FIFA
Les femmes ont posté une lettre sur Twitter demandant à Gianni Infantino de faire respecter les règles de la FIFA sur l'égalité des sexes
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les autorités iraniennes ont arrêté jeudi deux femmes qui avaient tenté de pénétrer dans un stade lors d’une rencontre de football majeure à Téhéran à laquelle assistait le président de l’association internationale de football, la FIFA, a fait savoir la BBC.
Ces deux femmes n’ont pas été identifiées et aucune information fiable n’a encore filtré sur leur situation.
La page Twitter d’OpenStadiums, un mouvement de femmes iraniennes qui prône l’entrée des femmes dans les stades lors des rencontres sportives, a fait savoir que des familles s’étaient rassemblées autour de la prison Vozara de Téhéran et qu’il leur avait été dit que « les filles » seraient libérées vers 20 heures.
Le stade Azadi, qui peut accueillir 100 000 spectateurs au sein de la capitale iranienne, accueillait le plus grand match annuel du calendrier du football local – le derby entre les deux équipes principales de Téhéran, l’Esteghlal et le Persepolis, une rencontre qui a été remportée par l’Esteghlal.
Le chef de la FIFA, Gianni Infantino, en visite officielle de quarante-huit heures en Iran pour marquer l’anniversaire de la fédération iranienne du football, a assisté au match aux côtés du ministre iranien des Sports Masoud Soltanifar.
Families are around Vozara detention, they've been told if police want to release girls it will be around 8 pm
— OpenStadiums (@openStadiums) March 1, 2018
Une interview accordée en direct d’Infantino et de Soltanifar, à l’issue du match, s’est brutalement interrompue après qu’un journaliste a demandé quand serait suspendue l’interdiction faite aux femmes.
OpenStadiums a posté jeudi une lettre ouverte à Infantino, disant que les discriminations en raison du sexe à l’entrée des stades étaient une « violation claire » des statuts de la confédération asiatique de football (AFC) – à laquelle appartient l’Iran – comme de la FIFA.
« Comme vous le savez indubitablement… Les femmes n’ont pu assister à ce match pour aucune autre raison que celle de leur sexe », a dit la lettre.
« Il est temps que l’AFC et la FIFA prennent position contre ceux qui, de manière active et ouvertement, discriminent les femmes fans de football en violant les statuts, les règlements et les droits de l’Homme ».
La lettre a conclu que « au nom de toutes les Iraniennes qui aiment le football et qui veulent tout simplement assister aux matchs pour soutenir les équipes qu’elles ont choisies, nous vous recommandons vivement de prendre les mesures disciplinaires nécessaires contre la FFIRI [fédération iranienne de football] ou les autres, comme la protection de nos droits l’exige ».
Open letter to FIFA president who is going to attend Iran's derby today in Azadi stadium,
Against FIFA's human right policies.@FIFAcom @MarcoVanBasten pic.twitter.com/oLg6rYC8r2— OpenStadiums (@openStadiums) March 1, 2018
Plus tard, Infantino a rencontré le président iranien Hassan Rouhani. Rouhani a demandé à Infantino de s’assurer que « les gens ne sont pas privés de leur droit à regarder des compétitions dans leurs propres stades », a fait savoir la BBC.
Mr #Infantino while you are in Iran in the Azadi stadium Maybe you wounder were are the womens .They are getting arrested out side for trying to come to stadiums.#Iranian women are banned from being in stadiums and watching the football game. #FIFA #FIFA18 pic.twitter.com/hPShGINxrh
— Hanse???? (@hftotheH) March 1, 2018
Il ne s’est pas référé malgré tout à l’admission des femmes mais à une interdiction faite par l’Arabie saoudite à ses équipes de disputer des matchs en Iran, qui date de l’époque où le Royaume avait rompu ses relations avec Téhéran.
Cette initiative avait forcé les footballeurs iraniens à jouer leurs matchs à domicile contre les équipes saoudiennes à Oman.
Une interdiction d’entrée des femmes saoudiennes dans les stades a été levée au mois de janvier.
La campagne menée par les Iraniennes pour assister aux matchs de football est survenue alors que les protestations contre le port du hijab ne cessent de se renforcer.