Arrêté pour avoir affirmé qu’Arafat « n’est pas un martyre »
Un résident d’Abu Dis, fonctionanire de l'AP, en accord avec un commentaire Facebook de sa nièce, a été arrêté ; cette dernière a été renvoyée de l'université
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Un employé de l’Autorité palestinienne a été arrêté samedi par l’agence des renseignements généraux pour des commentaires postés sur Facebook dans lesquels il affirmait que le dirigeant palestinien défunt Yasser Arafat « n’était pas un martyr », ont annoncé les médias locaux.
L’arrestation de Khalil Afaneh, un fonctionnaire travaillant dans la banlieue d’Abou Dis à Jérusalem, a d’abord été annoncée par l’agence de presse WAFA samedi, qui a expliqué dans un article laconique que l’arrestation avait eu lieu car il avait « attaqué et nui au martyr, le leader éternel et le symbole du peuple palestinien Abou Ammar (Arafat) ». L’article n’expliquait pas où et quand le crime avait eu lieu.
L’histoire complète a été révélée plus tard par l’agence de presse palestinienne indépendante Donia Al-Watan. Namir Moghrabi, une étudiante à l’Université de Birzeit, près de Ramallah, avait commenté sur Facebook les résultats des élections des syndicats étudiants, la semaine dernière, où le Hamas a remporté une victoire décisive. La raison pour laquelle le Fatah a perdu, avait-elle écrit, c’est parce qu’ils ont appelé leur bloc « martyr Yasser Arafat » alors qu’en fait le défunt leader n’était pas un martyr du tout.
« Quand un élève prend le bulletin de vote pour élire le bloc des étudiants et voit les mots ‘Yasser Arafat’ précédés du mot ‘martyr’, il est choqué ; il refuse d’approuver une phrase qui rapproche nos vrais martyrs de Yasser Arafat », a écrit Moghrabi. Son oncle, Afaneh, a soutenu ses commentaires et a ensuite été convoqué par les renseignements palestiniens.
Selon l’article de Donia Al-Watan, Moghrabi a également été sanctionnée pour ses commentaires. Des sources proches de l’administration de l’université ont révélé au site d’informations qu’elle avait été renvoyée et qu’une lettre délivrée par le ministère de l’éducation interdirait son acceptation dans toute autre université palestinienne.
Cela ne serait pas la première fois ces derniers mois que les Palestiniens de Cisjordanie sont réduits au silence pour avoir franchi la ligne du politiquement correct. En février, une caricature représentant prétendument le prophète Mohammed a été retirée du site Web du quotidien palestinien Al-Hayat Al-Jadida et le président de l’AP, Mahmoud Abbas, a ordonné une enquête au sujet de l’incident.
Palestinian Media Watch, qui a signalé le cas récent, a rappelé un incident survenu en 2012, lorsque les personnes qui intervenaient au téléphone dans une émission en direct à la télévision palestinienne ont été réduits au silence parce qu’ils critiquaient les dirigeants de l’AP. Un rapport de Human Rights Watch d’avril 2012 a accusé l’Autorité palestinienne d’augmenter les menaces contre les journalistes qui osent critiquer les politiciens de Cisjordanie et les citoyens qui critiquent le leadership sur Facebook.