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Analyse

Assad parti, Trump bientôt là, le Moyen-Orient se redessine

Près de 14 ans après le début en Syrie d'une révolte que beaucoup croyaient morte, le temps s'est brutalement accéléré et les cartes du Moyen-Orient se trouvent rebattues

Les premières pages de certains journaux nationaux russes, dominées par des articles sur la chute du président syrien Bachar al-Assad, le 9 décembre 2024. (Crédit : Alexander NEMENOV / AFP)
Les premières pages de certains journaux nationaux russes, dominées par des articles sur la chute du président syrien Bachar al-Assad, le 9 décembre 2024. (Crédit : Alexander NEMENOV / AFP)

En 11 jours, Bachar al-Assad est tombé. Près de 14 ans après le début en Syrie d’une révolte que beaucoup croyaient morte, le temps s’est brutalement accéléré et les cartes du Moyen-Orient se trouvent rebattues.

Sa chute a suivi un autre événement cataclysmique qui a provoqué l’implosion du camp pro-iranien : la décapitation par Israël de l’état-major du Hezbollah au Liban – un allié d’Assad.

La percée fulgurante des rebelles dominés par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui assurent avoir rompu avec Al-Qaïda, a pris tout le monde de court. Syriens, pays amis ou ennemis, experts et journalistes, personne ne regardait vers Damas, la bande de Gaza et le Liban concentrant toute l’attention depuis plus d’un an.

Car le président syrien Bachar al-Assad semblait inamovible tant la force de frappe de ses grands alliés, l’Iran et la Russie mais aussi le Hezbollah, avait tout écrasé. La normalisation avec ses voisins arabes était même bien entamée.

Mais en l’espace de quelques jours tout a changé. Les Syriens piétinent les statues de Hafez al-Assad maintenant que son fils, Bachar, est en fuite.

« Profondeur perdue »

Depuis le pogrom perpétré par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l’Iran et son « axe de la résistance » ont été entraînés dans un conflit qui a mis grandement à nu les faiblesses de la République islamique.

Le président syrien de l’époque, Bachar al-Assad (2ème à gauche), recevant le chef du Jihad islamique palestinien, Ziad al-Nakhala (à droite), le chef des relations arabes du Hamas, Khalil al-Hayya (2ème à droite) et le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général, Talal Naji (à gauche), dans la capitale Damas, le 19 octobre 2022. (STRINGER / Page Facebook de la présidence syrienne / AFP)

Le Hezbollah a été grandement affaibli par sa guerre contre Israël qui a décimé sa direction tuant même son chef Hassan Nasrallah.

Sa route d’approvisionnement en armes et en argent depuis Téhéran, pilonnée par Israël en territoire syrien, sera probablement menacée par les nouveaux maîtres de Damas qui n’ont pas oublié son rôle crucial pour écraser la révolte.

Les supplétifs yéménites et irakiens de l’Iran, pions essentiels pour harceler les alliés des Etats-Unis ou les poids lourds sunnites régionaux, ont maintenu un pouvoir de nuisance mais sans jamais vraiment bousculer le statu quo.

Pour Andreas Krieg, du King’s College de Londres, « l’axe de la résistance perd son aspect transnational et sa profondeur régionale stratégique ».

Quant à la Russie, elle est embourbée dans le conflit avec l’Ukraine et joue gros : sa plus grande base navale au Moyen-Orient, à Tartous sur la côte méditerranéenne de la Syrie. « Difficile d’imaginer que le nouvel ordre socio-politique à Damas autorisera les Russes à rester après tout ce qu’ils ont fait pour le régime Assad », affirme M. Krieg.

Le président russe Vladimir Poutine (à droite) aux côtés du président syrien Bashar el-Assad sur la base Hemeimeem en Syrie, le 11 décembre 2017. (Crédit : Mikhail Klimentyev, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

« Puissance mille »

En face, la Turquie qui parraine des insurgés impliqués dans l’offensive, est « le grand vainqueur », poursuit l’expert. Mais « si elle a de l’influence, elle n’a pas le contrôle » des rebelles islamistes.

D’autant plus que le Moyen-Orient fait face à « la guerre partout » avec la perspective de « Donald Trump qui revient », explique Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

Car « au-delà la chute du régime Assad, se posent les questions de son remplacement et de savoir combien de temps il faudra pour que les choses se mettent en place. Donc on va voir des concurrences régionales de toutes sortes », assure à l’AFP cet expert.

En Syrie, depuis 2011, l’influence s’est longtemps mesurée aux pétrodollars distribués aux différentes factions anti-Assad.

Jusqu’à ce que les pays du Golfe, Emirats arabes unis en tête, se retrouvent forcés de reparler à l’ancien paria Assad – allié de leur bête noire, l’Iran.

Ils se retrouvent désormais avec pire : « eux qui étaient paniqués par les Frères musulmans, voient à Damas des Frères musulmans puissance mille, beaucoup plus militants et hostiles à leur égard », assure M. Lund.

Un portrait défiguré du président syrien évincé Bachar al-Assad se trouve dans une installation de sécurité gouvernementale saccagée, à Damas, le 8 décembre 2024. (Crédit : Rami al SAYED / AFP)

« Avertissement aux autoritaires »

Mais Israël, comme ses voisins, attend surtout une carte qui, quand elle sera rebattue en janvier, changera tout le jeu.

De Rabat à Ryad, en passant par Téhéran ou Khartoum, dirigeants et opposants espèrent tous s’attirer les faveurs de Donald Trump, connu pour sa diplomatie transactionnelle.

Il a déjà dit que « le bordel » syrien n’était « pas le combat » de Washington. Mais le Républicain va retrouver un autre Moyen-Orient.

« C’est la fin du mythe de la stabilité des régimes autoritaires », tranche M. Krieg. Et surtout : « un avertissement aux Haftar, Sissi et Saied du monde », en référence aux dirigeants libyen Khalifa Haftar, égyptien Abdel Fattah al-Sissi et tunisien Kais Saied.

Ces trois pays ont renversé en 2011 des autocrates au pouvoir depuis des décennies.

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