Israël en guerre - Jour 499

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Atlit ou un message d’espoir et de paix

Dans son premier long-métrage, la réalisatrice Shirel Amitay a voulu, entre autres, rendre hommage au président Yitzhak Rabin et à son courage

De gauche à droite : Géraldine Nakache, Judith Chemla et Yael Abecassis  dans le film Atlit de Shirel Amitay (Crédit : Autorisation)
De gauche à droite : Géraldine Nakache, Judith Chemla et Yael Abecassis dans le film Atlit de Shirel Amitay (Crédit : Autorisation)

La semaine dernière, Yigal Amir, le tueur de l’ancien président israélien Yitzhak Rabin a déclaré qu’il ne regrettait pas son geste, avant d’ajouter qu’une solution à deux États devait être rapidement trouvée.

Aujourd’hui, 19 ans se sont écoulés depuis la mort de celui qui a serré la main à Yasser Arafat, scellant, selon certains, son fatal destin. La situation politique semble ne pas avoir changé, les guerres se succèdent et le statu quo si cher à Netanyahu semble parti pour s’éterniser, au grand désespoir de Shirel Amitay.

Lors de la 30ème édition du Festival International du Film à Haïfa, sponsorisée par TV5 Monde, représentée par Armelle Haïm-Azoulay de la société Talit Communications, l’Ambassade de France en Israël et l’Institut français de Haïfa, une journée 100 % francophone a été organisée le 16 octobre dernier. En tout, ce sont 32 films français qui ont été projetés pendant toute la durée du festival, qui s’est déroulé entre le 9 et le 18 octobre 2014.

Le public a pu assister à la projection du premier film de la réalisatrice franco-israélienne Shirel Amitay, intitulé « Atlit » (du nom d’une ville agricole située aux pieds du mont Carmel), qui sortira en janvier prochain en France.

Atlit abritait un centre de détention, entouré de barbelés, où 120 000 personnes venues d’Europe furent temporairement internées entre 1934 – lorsque la situation européenne commença à devenir intolérable, particulièrement en Allemagne – et 1948, date de la création de l’Etat d’Israël.

L’équipe du film était présente, notamment la productrice Sandrine Brauer. C’est la première fois que Shirel Amitay passe derrière la caméra. Avant, elle était en coulisses, assistait plusieurs réalisateurs dont Jacques Rivette ou Claire Simon. Durant sa carrière, elle s’est aussi prêtée au jeu de l’écriture, notamment pour le palpitant « Gare du Nord ».

Ce long-métrage nous plonge dans l’histoire de trois soeurs venues à Atlit après la mort de leurs parents pour vendre la maison familiale. « Tout doit disparaître ! » lance Géraldine Nakache en se dirigeant vers la benne à ordures.

Mais comment se débarrasser des nombreux souvenirs ? Comment trier les objets autrefois si chers, comment choisir ce que l’on jette aux oubliettes ?

Les trois sœurs n’opèrent pas ce choix de la même manière. Quand l’une veut tout garder, l’autre s’empresse de tout basarder et la troisième veut la paix « now ». Trois sœurs qui ne veulent pas les mêmes choses, trois sœurs au milieu d’un processus de paix douloureux, au cours duquel il faut assumer des choix courageux, déplacer des choses auxquelles on tenait ou bien revenir en arrière.

Au casting, on croise trois actrices incarnant cette fratrie à la fois complice et en conflit. L’aînée est jouée par Yael Abécassis, une actrice israélienne née à Ashkelon, qu’on avait vue dans l’émouvant « Va, Vis et Deviens », aux côtés de Pascal Elbé, sorti en 2005.

La cadette est interprétée par la pétillante et innocente Judith Chemla, qu’on avait vue dans « Camille redouble » aux côtés de Noémie Lvovsky. Enfin, le rôle de la benjamine prénommée Cali est joué par l’attachante Géraldine Nakache.

Le message que la réalisatrice cherche à délivrer est avant tout un message de Paix. Un message de paix tout court ; pas d’arrière-pensée politique, pas de meetings, pas d’agenda. La paix, une bonne fois pour toutes.

Une phrase souvent entendue en Israël et ailleurs revient comme un leitmotiv dans le film : « avant, il n’y avait rien ici ». Des propos qui indignent Shirel Amitay – au plus haut point – laissant entendre que le pays était une terre vierge d’habitants et de vie.

Une autre phrase qui indigne la réalisatrice et qui revient souvent dans le discours des politiques est celle qui consiste à dire qu’il n’y a personne avec qui faire la paix. Aucun partenaire légitime et fiable, capable d’inspirer un cadre d’entente, une atmosphère propice au dialogue constructif permettant – enfin de faire la paix -, et d’être en paix avec soi-même et l’Autre. C’est le personnage de Cali qui incarne ce long chemin risqué de la paix avec soi et avec les autres

Car pour faire la paix avec l’Autre, il faut d’abord faire la paix avec soi-même, prescrit Amitay lors d’un entretien avec le Times of Israël. La réalisatrice cherche à débloquer le tumultueux processus de paix. Ressentir une harmonie intérieure, une sorte d’ataraxie qui serait à la source d’un dialogue avec l’Autre.

L’assassinat de Rabin occupe donc une place prépondérante dans le film. Le film s’arrête, le silence s’installe et les larmes coulent. La colère pour certains, le soulagement pour d’autres.

Le discours enflammé à la mémoire de Rabin, prononcé la semaine dernière, par l’ancien président Shimon Peres reflète l’exaspération et l’impatience. Il fait écho à la chanson intitulée « Shir Leshalom » chantée sur la place des Rois d’Israël juste avant qu’Yigal Amir n’assassine Rabin. Il fait aussi écho à la chanson de Mike Brandt intitulée « C’est ma prière » scandée en cœur par les trois sœurs réconciliées.

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