Attaque au kibboutz Kerem shalom: un père de 6 enfants s’interpose entre les terroristes et les siens
Amichai Shindler, dont un frère a été tué par des terroristes en 2010, a été grièvement blessé par des terroristes du Hamas qui ont fait exploser la porte de la pièce forte qu'il maintenait fermée
Le kibboutz Kerem Shalom, communauté mixte – religieuse et laïque – de quelque 200 habitants, se trouve à moins de 100 mètres de la pointe sud de Gaza.
Les enfants de la famille Shindler avaient depuis toujours l’habitude de jouer sur leur terrasse, à quelques encablures du haut mur de béton qui sépare leur communauté de l’enclave dirigée par le Hamas.
Après avoir franchi la barrière de sécurité, tôt ce samedi 7 octobre, il a fallu fort peu de temps aux terroristes du Hamas pour entrer dans Kerem Shalom.
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C’est ce jour-là qu’Amichai Shindler, 33 ans et travailleur social de son état, a été grièvement blessé par les terroristes qui ont fait irruption chez lui, dans le kibboutz, et ont tenté de pénétrer dans la pièce sécurisée où sa famille et lui-même avaient trouvé refuge.
Des milliers de terroristes ont franchi la barrière de sécurité et semé la désolation au sein de nombreuses communautés du sud d’Israël, ce matin-là, tuant plus de 1 300 personnes – essentiellement des civils -, faisant 199 otages et déclenchant du même coup une guerre qui se poursuit.
Fort de 10 membres, le groupe de défense civile de Kerem Shalom a tué une vingtaine de terroristes du Hamas en protégeant la communauté. Deux d’entre eux en sont morts.
« Samedi matin, lorsque les sirènes ont retenti, Amichai, sa femme et leurs six jeunes enfants se sont précipités vers leur pièce forte. Ils étaient alors loin d’imaginer qu’ils allaient essuyer un tout autre type d’attaque », explique Sigalit, la mère de Shindler.
Pour le couple, originaire d’Elad, ce qu’ont vécu Amichai et les siens ravive le traumatisme de la mort de leur fils aîné, Avishai, fauché il y a 13 ans par une attaque terroriste.
En ce dimanche, Sigalit s’est entretenue avec le Times of Israël alors que son mari Moshe et elle patientaient non loin du service de chirurgie de l’hôpital Sheba, dans les environs de Tel Aviv, où leur fils est hospitalisé.
Deux jours plus tôt, Shindler était enfin sorti de soins intensifs. Dimanche, il était toujours sous sédatif et intubé, mais il revenait lentement à lui, aux dires de sa mère.
« Il communique avec nous avec ses yeux et ses jambes. Mais il fait de terribles cauchemars et souffre terriblement », explique-t-elle.
La femme et les enfants de Shindler ont tous survécu et n’ont pas été blessés physiquement. C’est la femme qui a raconté à sa belle-famille ce qui s’est réellement passé le 7 octobre dernier.
Alors qu’ils se trouvaient tous dans la pièce sécurisée, les Shindler ont entendu des voix dans leur maison.
Shindler s’est placé devant la porte afin de la maintenir fermée, pendant que sa femme et ses enfants se blottissaient dans le coin le plus éloigné. La femme a donné l’alerte à l’équipe de défense civile.
« Les terroristes ont dit qu’ils étaient des soldats de Tsahal. Ils parlaient hébreu, mais Amichai a entendu un accent arabe », raconte Sigalit.
« Amichai leur a crié : « Vous êtes des Arabes ! Sortez d’ici ou je vous tire dessus !
Incapables d’ouvrir la porte de la pièce sécurisée, les terroristes ont alors placé un engin explosif devant la porte.
Lorsqu’il a explosé, Shindler, qui tenait la porte fermée de l’intérieur, a absorbé le souffle de l’explosion.
Son avant-bras droit a été arraché, ainsi que trois doigts et deux demi-doigts de sa main gauche. Son bras gauche a été cassé, et son visage et sa mâchoire, écrasés.
A l’arrivée des membres de l’équipe de défense civile, des coups de feu ont été échangés avec les terroristes. Pendant plus de trois heures et demie, Shindler est resté assis, recroquevillé et ensanglanté mais conscient, jusqu’à l’arrivée des secours. Sa femme récitait des psaumes à haute voix alors qu’il s’efforçait de gémir sans trop de bruit, pour ne pas effrayer les enfants.
Lorsqu’un secouriste s’est présenté, Shindler a insisté pour se lever et marcher jusqu’au canapé du salon, où on lui a posé des garrots avant de le conduire à l’entrée du kibboutz.
Sa femme et ses enfants sont allés chez des voisins, puis d’autres lorsque l’on a appris que le mari de la première voisine avait été tué en défendant le kibboutz.
« Ils sont restés sur place durant deux jours avant d’être évacués dimanche soir », rappelle Sigalit.
Selon elle, son fils a déjà subi cinq interventions chirurgicales.
« Nous sommes reconnaissants qu’il n’ait pas été blessé à la tête et que son cerveau fonctionne. Ses organes internes n’ont pas été touchés. Il a une petite blessure à l’œil, mais ça va aller », dit-elle.
« Avec l’aide de Dieu, le soutien et les prières des Juifs d’ici et du monde entier, et l’aide des merveilleux médecins, infirmières et tout le personnel de Sheba, qui fait un travail admirable et nous aide beaucoup, il se rétablira ».
Sigalit et Moshe, qui vivent à Elad et sont des religieux pratiquants, n’ont su ce qui s’était passé qu’à la fin du Shabbat et de la fête de Simhat Torah, dans la nuit du 7 octobre.
« Pendant Shabbat, il y a eu des rumeurs à propos d’un événement grave, mais nous n’avons pas voulu y croire », se rappelle Sigalit.
« Quand un de nos fils, médecin réserviste au sein du commandement du front intérieur, est venu nous dire ce qui s’était passé, j’ai manqué m’évanouir. Cela m’a ramenée 13 ans en arrière », confie-t-elle.
Ils ont cherché leur fils à l’hôpital Soroka de Beer Sheva, sans succès, avant d’apprendre qu’il avait été pris en charge par l’hôpital Sheba, qui l’a identifié à l’aide d’une photo. Ils se sont précipités sur place et n’en ont pas bougé depuis.
« Aucun autre pays dans le monde n’aurait supporté les roquettes que le Hamas lance contre nous depuis des décennies. Nous sommes trop gentils, mais c’est fini », a déclaré Moshe, le père de Shindler.
« Nous sommes une nation forte et bonne, mais il est temps de réagir. Nous ne haïssons personne, mais il va leur falloir apprendre à vivre en paix avec nous s’ils veulent continuer à vivre à côté de nous ».
Sigalit admet que, cette fois-ci, la guerre doit déboucher sur quelque chose de concluant.
« On ne supportera plus que de paisibles Israéliens, tranquillement chez eux le jour de Shabbat ou un jour de fête, soient massacrés ou pris en orage par des terroristes », conclut-elle.
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