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Attaque terroriste contre une synagogue à La Grande-Motte, Macron dénonce l’antisémitisme

Le suspect, un homme, le visage découvert, portait autour de la taille un drapeau palestinien, dont dépasse ce qui semble être la crosse d'une arme de poing

Un suspect de terrorisme (à gauche) filmé par une caméra de surveillance à l'extérieur de la synagogue Beth Yaacov dans la station balnéaire française de La Grande Motte ; des flammes à l'extérieur de la synagogue (à droite), le 24 août 2024. (Crédit : Captures d'écran X ; utilisées conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Un suspect de terrorisme (à gauche) filmé par une caméra de surveillance à l'extérieur de la synagogue Beth Yaacov dans la station balnéaire française de La Grande Motte ; des flammes à l'extérieur de la synagogue (à droite), le 24 août 2024. (Crédit : Captures d'écran X ; utilisées conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Moins de 16 heures après l’attaque qui a visé une synagogue dans le sud de la France – un « acte terroriste » dénoncé par Emmanuel Macron – le terroriste présumé a été interpellé samedi soir à une cinquantaine de kilomètres des lieux. Le point sur l’enquête, confiée au parquet antiterroriste.

Les faits

Entre 08H00 et 08H30 (06H00 et 06H30 GMT) samedi, deux véhicules sont incendiés dans l’enceinte de la synagogue Yaacov Atlan de La Grande-Motte (sud), dans un quartier résidentiel de la station balnéaire, explique le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué. Deux départs de feu supplémentaires sont relevés au niveau de deux portes d’accès du bâtiment.

« Plusieurs départs de feu ont été signalés à la gendarmerie par des riverains, à 08h21 », a précisé à l’AFP une source de la préfecture, qui représente l’Etat dans le département, en soulignant que dans ce bâtiment logent le rabbin de la synagogue mais aussi d’autres personnes « sans lien avec la communauté juive ».

Selon cette source, ces feux ont visé deux voitures stationnées dans une cour intérieure du bâtiment, une pergola servant d’espace de convivialité avec un barbecue, ainsi que la porte même de la synagogue et celle d’une salle de réunion. Un cinquième départ de feu a été mentionné, sur une voiture stationnée à l’extérieur du bâtiment.

L’explosion entendue au même moment que les départs de feu est celle d’une bonbonne de gaz. Après avoir pensé que cette bonbonne se trouvait dans un des véhicules incendiés, les enquêteurs du Pnat ont finalement déterminé qu’elle était à côté de ces véhicules.

 

Selon le maire de la commune, Stéphan Rossignol, la bonbonne du barbecue qui a explosé aurait été ouverte par l’assaillant lui-même, dans le patio de la synagogue. Les trois autres bouteilles étaient heureusement vides, toujours selon l’élu.

La cible

La synagogue Yaacov Atlan, installée dans un bâtiment d’un étage, dans une zone résidentielle de La Grande-Motte, a été inaugurée il y a 12 ans à l’initiative de deux frères originaires d’Algérie.

Au moment des faits, cinq personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont le rabbin, mais aucune d’entre elles n’a été blessée. Le seul blessé léger est un policier municipal, touché par « le blast » de l’explosion.

Ce samedi, jour de shabbat (jour de repos dans le judaïsme) l’office était prévu à 09H00, selon le site internet de la synagogue. « Il y a eu une vraie volonté d’avoir des victimes, de tuer », a affirmé Perla Danan, présidente du Conseil représentatif des institutions juives de la région Occitanie, à l’AFP: « Ca aurait pu être l’heure de l’office si nous étions en hiver ».

« Il y a énormément de vacanciers à La Grande-Motte et sur le littoral qui viennent prier ici », a insisté Mme Danan.

« Nous pouvons considérer que nous avons échappé à un drame absolu », a déclaré le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal, arrivé à La Grande-Motte en fin d’après-midi.

Le suspect

Sur les images de vidéosurveillance de la synagogue, un homme, relativement jeune, est filmé en train de quitter les lieux en courant, après l’incendie et l’explosion. Le visage découvert, un keffieh rouge sur la tête et un drapeau palestinien autour de la taille, il tient dans chaque main une bouteille d’eau minérale en plastique contenant un liquide jaunâtre.

A la ceinture, la crosse d’une arme de poing semble dépasser. Possiblement un 9 mm, selon une source proche du dossier.

Moins de 16 heures après le début de sa cavale, l’individu recherché a finalement été interpellé samedi soir, à 23H35 (21h35 GMT), lors d’une intervention menée notamment par des policiers d’élite, a précisé le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin.

Selon le Pnat, cette arrestation a eu lieu à Nîmes, à une cinquantaine de kilomètres au nord. De même source, l’homme interpellé a ouvert le feu sur la colonne d’intervention, qui a riposté et l’a blessé au visage.

L’enquête

Le Pnat s’est saisi des faits à 11H00, ouvrant une enquête pour tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, destructions par moyen dangereux en relation avec une entreprise terroriste, et association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes.

La garde à vue du principal suspect débutera quand il aura été soigné, a expliqué le Pnat, sans plus de précision sur la gravité de ses blessures.

Deux personnes de son entourage ont également été placées en garde à vue.

Le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal, qui a dénoncé sur X un « acte antisémite », et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était attendu sur place en fin d’après-midi.

Le gouvernement a régulièrement dénoncé une recrudescence des actes antisémites depuis l’attaque menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.

« L’emploi d’une bonbonne de gaz dans une voiture, à l’heure à laquelle on pense que des fidèles arrivent dans une synagogue, ce n’est pas simplement un incendie criminel, pas s’en prendre simplement à un bâtiment, un lieu de culte, c’est la volonté de tuer », a affirmé le président national du Crif Yonathan Arfi auprès de l’AFP.

 

Le gouvernement a ordonné le renforcement « immédiat » des gardes statiques devant les lieux de culte juifs, a indiqué M. Darmanin peu après les faits.

La synagogue de la Grande-Motte, dans un immeuble d’un étage, est hors du périmètre historique de la station balnéaire proche de Montpellier, bâtie dans les années 1960 et connue pour ses immeubles inspirés des pyramides précolombiennes. Forte de 8 500 habitants en hiver, la ville en compte près de dix fois plus en été.

L’attaque a suscité de nombreuses réactions politiques.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement flirte volontiers avec l’antisémitisme et dont une de ses eurodéputés crée constamment des polémiques liées à Israël, a dénoncé sur X un « intolérable crime », sans parler d’antisémitisme.

« Évidemment le mot ‘antisémite’ n’existe pas dans le message de Jean-Luc Mélenchon ! Hypocrite! », a relevé le député RN Sébastien Chenu.

Une des formules de Mélenchon – « l’antisémitisme est résiduel en France » – lui est aussi revenue en boomerang. « L’antisémitisme n’est pas résiduel. Il est un fléau qui se combat au quotidien avec la mobilisation sans faille de l’État », a tweeté la ministre démissionnaire en charge de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé.

Au PS aussi, certains élus ont d’un même geste dénoncé un acte antisémite et égratigné la France insoumise.

La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a exprimé son « soutien » après cet « incendie volontaire », soulignant au passage que « l’antisémitisme est tout sauf résiduel en France ».

« Ceux qui par leur parole cherchent à importer le conflit au Proche-Orient en France portent une très lourde responsabilité dans l’attentat antisémite contre la synagogue de La Grande-Motte. Défendre la paix, la libération des otages, le cessez-le-feu à Gaza, une solution à deux États est légitime. Attiser, en raison de la tragédie du Proche-Orient la haine contre les juifs est infâme », a abondé le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, hostile comme Mme Delga à l’alliance du PS avec LFI.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, présent à l’université d’été de son parti à Montpellier, a fustigé « l’antisémitisme (qui) grandit en France ». Il s’est rendu sur place en compagnie du maire de Montpellier, Michaël Delafosse. Le leader de Place publique Raphaël Glucksmann a aussi dénoncé « le fléau de l’antisémitisme, que nous devons combattre ensemble sans la moindre faiblesse ».

La cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen a stigmatisé elle des « attaques inacceptables et inqualifiables (…), conséquence de la montée de l’antisémitisme qui se répand dans notre pays », le patron du parti Jordan Bardella fustigeant « un acte criminel et antisémite ».

Élu dans l’Hérault, le député ciottiste Charles Allonde a dit sur CNews attendre « un peu plus que de l’indignation (…) il faut dénoncer aussi les propos qui deviennent des propos criminels, de la part de l’extrême gauche allié à la gauche qui jettent de l’huile sur l’antisémitisme depuis des mois », a-t-il dit.

Les actes antisémites ont quasiment triplé depuis le début de l’année, avec « 887 faits » recensés au premier semestre, avait indiqué le 9 août M. Darmanin, alors qu’on en comptait 304 au cours de la même période en 2023.

Ils avaient déjà fortement augmenté en 2023, notamment après le 7 octobre, selon le ministère de l’Intérieur, qui en a recensé 1 676 sur l’année, « soit quatre fois plus qu’en 2022 ».

L’Association France Palestine Solidarité, qui organise chaque semaine des manifestations pro-palestiniennes et dénonce le « génocide » à Gaza, a condamné « avec la plus grande fermeté l’attentat antisémite dont la synagogue de la Grande-Motte a été la cible samedi 24 août 2024 », dans un communiqué publié sur son site.

« Ces actes injustifiables doivent être dénoncés. Ils n’ont rien à voir avec la solidarité dont a besoin le peuple palestinien », peut-on notamment y lire. Mais « l’Association France Palestine Solidarité dénonce l’instrumentalisation politicienne de la lutte contre l’antisémitisme ».

L’association estime qu’une « instrumentalisation de ces actes criminels par les partisans de la politique israélienne en Palestine occupée » est faite, notamment pour « interdire un rassemblement de solidarité avec la Palestine prévu de longue date à Montpellier » et « détourner l’attention de la gravité des crimes commis par Israël ».

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