Attentat déjoué en France : Les enquêteurs à la recherche de complices
Un véritable arsenal a été retrouvé chez Sid Ahmed Ghlam : armes de guerre, armes de poing, gilets pare-balle, brassards de police
Au lendemain de la révélation d’un projet d’attentat avorté en France, les enquêteurs se concentraient jeudi sur la recherche de complices de l’Algérien Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d’avoir projeté une attaque contre une église catholique et d’avoir tué une femme.
« Ce type d’individu n’agit pas seul », « tout indique » que Sid Ahmed Ghlam, arrêté dimanche, a projeté son attaque « en liaison avec un individu qui pourrait être en Syrie et qu' »une commande a été passée sans doute pour cibler une église », a souligné le Premier ministre Manuel Valls sur la radio France Inter.
Ghlam, un étudiant de 24 ans vivant en France, avait à sa disposition une voiture ne lui appartenant pas et un armement impressionnant dont les enquêteurs cherchent à élucider la provenance.
Les enquêteurs s’intéressent à plusieurs personnes qui pourraient l’avoir aidé dans son projet, et notamment à la personne qui lui aurait laissé près de Paris, à Aulnay-sous-Bois, un véhicule avec des armes à son bord, a indiqué une source policière.
Selon cette source, c’est un contact à l’étranger, peut-être en Syrie, qui aurait indiqué à Ghlam l’endroit où récupérer ces armes.
Les enquêteurs ont trouvé dans la voiture et la chambre que Sid Ahmed Ghlam occupait dans une résidence étudiante un véritable arsenal: armes de guerre, armes de poing, munitions, gilets pare-balle, brassards de police.
Mercredi, le procureur chargé de l’enquête François Molins, se fondant sur l’exploitation de l’ordinateur et des téléphones portables du jeune Algérien, avait fait état d’un contact en Syrie qui avait demandé « explicitement » à l’étudiant « de cibler particulièrement une église ».
En choisissant cette cible, « c’est la France, toute la France qui est visée pour ce qu’elle est », a réaffirmé Manuel Valls. En janvier, les trois jihadistes français, tués par la police après leurs attentats meurtriers (17 morts), avaient visé d’autres cibles symboliques: l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une policière et un magasin casher.
« La menace n’a jamais été aussi importante, nous n’avons jamais eu à faire face à ce type de terrorisme dans notre histoire », a déclaré M. Valls. Il a fait état de « cinq attentats » déjoués en France, depuis l’été 2013 selon ses services, dont le dernier en date dimanche.
Ghlam faisait l’objet d’une fiche des services de renseignements après s’être radicalisé en 2014 et un voyage en Turquie début 2015. Il n’était cependant pas étroitement surveillé.
‘Ne pas céder au piège’
L’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-trois, a appelé jeudi à « ne pas céder au piège » tendu par les réseaux terroristes qui se livrent à une « surenchère médiatique ».
Interpellé dimanche alors qu’il avait appelé les secours pour une blessure par balle à la cuisse et la rotule, le suspect était interrogé sur son lit d’hôpital. Il restait mutique jeudi en fin de journée, selon une source proche du dossier.
Sa garde à vue a été prolongée jeudi de 24h, a annoncé à l’AFP une source judiciaire. Elle pourrait l’être encore jusqu’à samedi en vertu des lois antiterroristes permettant une garde à vue de six jours dans les cas de risque imminent d’action violente. L’utilisation de cette procédure reste rarissime.
Une femme de son entourage a aussi été interpellée à Saint-Dizier (Est) où est installée sa famille. La garde à vue de cette convertie de 25 ans a été prolongée jeudi matin.
L’attentat déjoué dimanche a été éventé dans des circonstances fortuites : le suspect a lui-même appelé les secours après s’être blessé avec sa propre arme dans des circonstances encore non élucidées, et alors qu’il venait apparemment de tuer une femme à Villejuif (Sud de Paris).
Ce meurtre aurait pu être commis pour s’emparer du véhicule de la jeune femme afin de mener ses attaques, selon des sources proches du dossier.
Dans ce contexte, le Premier ministre a défendu le projet de loi sur le renseignement actuellement en discussion au Parlement, et qui fait l’objet de vives critiques à gauche inquiète d’une surveillance généralisée. Une crainte « absurde » selon lui.
Cette loi « aurait donné plus de moyens aux services de renseignement pour effectuer un certain nombre de surveillances » concernant Sid Ahmed Ghlam, a-t-il assuré. « C’est une loi qui permet de donner plus de moyens à nos services de renseignement tout en maintenant nos libertés », a plaidé M. Valls.