Attentat islamiste de Vienne : ce que l’on sait
L'attentat a fait quatre morts ; au moins un terroriste est toujours recherché ; les institutions juives seront fermées mardi
Les amateurs de musique profitaient d’un dernier opéra, les jeunes buvaient un dernier verre avant un mois de confinement quand des tireurs armés ont brusquement surgi dans la quiétude de Vienne.
De nombreuses zones d’ombre demeurent mais selon les premiers éléments, l’attaque, menée par plusieurs assaillants dont l’un toujours en fuite, a frappé le cœur de la capitale autrichienne vers 20h00 heure locale. Partie de la principale synagogue de la capitale située dans le centre névralgique du quartier juif, elle se serait ensuite déroulée en cinq autres lieux situés à proximité.
Une chasse à l’homme a été lancée dans la nuit de lundi à mardi à Vienne après l’attentat qui a fait au moins quatre morts et semé la terreur dans la capitale autrichienne, une « attaque terroriste » selon le chancelier Sebastian Kurz.
Un des assaillants, armé d’un fusil d’assaut et d’une ceinture d’explosifs factice, a été tué par la police. Il s’agit d' »un sympathisant » du groupe jihadiste Etat islamique (EI), selon les indices recueillis dans son logement, a précisé le gouvernement.
Hélicoptères et cordons de police, la ville a été bouclée pour retrouver d’éventuels autres suspects. Les enquêteurs tentent de déterminer s’il est possible qu’il n’y en ait eu qu’un seul, alors que les tirs ont eu lieu en différents endroits.
« Au moins un suspect se trouve en fuite », avait déclaré le ministre autrichien de l’Intérieur, Karl Nehammer.

L’attaque survient peu après des attentats islamistes commis en France.
Les tirs ont éclaté en début de soirée, à quelques heures de l’entrée en vigueur d’un reconfinement de l’Autriche pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
« Haut les mains »
Stupeur dans les restaurants et bars du quartier, où les clients sont priés de rester à l’intérieur, lumières éteintes, pendant que les sirènes des ambulances hurlent à l’extérieur.
« Soudain des gens sont entrés et m’ont dit ‘il ne faut ne pas sortir, il y a une fusillade' », décrit Jimmy Eroglu, 42 ans, serveur dans un café.
« Au début, je me suis dit qu’on tournait peut-être un film américain ou qu’ils avaient trop bu », poursuit-il.
Mais il entend alors des détonations et s’empresse de fermer la porte. « Puis la police est arrivée et a dit ‘vous devez tous rester à l’intérieur parce qu’il y a un probablement un homme mort là-bas' ».
Panique aussi dans les salles de sport, prisées pour leurs dernières heures d’ouverture et soudain plongées dans l’obscurité pour éviter d’être repérées des tireurs.
Sur les réseaux sociaux, la police ne cesse d’appeler les habitants à la prudence : « Restez chez vous ! », scandent en boucle les messages sur Twitter.
Robert Schneider, qui habite non loin des lieux du drame, sort de chez lui quand soudain, il se retrouve « avec deux lasers sur sa poitrine ».
« Haut les mains, ôtez votre veste », lui lancent des policiers. « Nous, on n’avait rien vu, rien entendu. On est sous le choc », confie cet homme de 39 ans à l’AFP.
Alors qu’un calme étrange règne dans les rues vides, des parents inquiets sont à la recherche de leur fille de 17 ans, partie rejoindre des amis à quelques heures du second confinement décrété par le gouvernement pour tenter de stopper la vague de contaminations au coronavirus.

Pendant ce temps, les spectateurs de l’Opéra sortent sous escorte policière, étonnés de retrouver leur ville assiégée, après avoir assisté à la performance du ténor franco-italien Roberto Alagna et de la soprano polonaise Aleksandra Kurzak.
« Au moins 50 coups de feu »
Des témoins interrogés à la télévision ont raconté avoir vu un homme tirer « comme un fou » avec une arme automatique, un autre faisant état « d’au moins 50 coups de feu ».
La stupeur s’est aussitôt installée dans les restaurants et les bars du quartier, où les clients ont été priés de rester à l’intérieur, lumières éteintes, pendant que les sirènes des ambulances hurlaient à l’extérieur.
https://twitter.com/MarioLeb79/status/1323350197158711302
Selon la police, deux hommes et une femme ont été tuées dans l’attaque.
Quinze personnes ont été hospitalisées, dont sept dans un état grave.
Fermeture des institutions juives
Oskar Deutch, le président de la communauté juive de Vienne, a annoncé mardi la fermeture de toutes les institutions juives, par mesure de précaution.
« Toutes les écoles juives, les synagogues et les institutions communautaires juives, tout comme les supermarchés casher et les restaurants seront fermés, par mesure de précaution », avait-il tweeté. « Pour le moment, nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer que la synagogue était visée. »
Il avait initialement indiqué au site Kurier qu’aucune institution juive de la ville ne semblait avoir été touchée. Il a précisé qu’aucune personne de confession juive ne se trouvait parmi les victimes.
Il a souligné que la synagogue Stadttempel était fermée au moment de la fusillade.

En République tchèque, la police a renforcé les contrôles à la frontière autrichienne et la sécurité des institutions juives a également été intensifiée.
« La police effectue des contrôles aléatoires des véhicules et des passagers qui traversent la frontière avec l’Autriche, par mesure de prévention, suite à l’attaque terroriste de Vienne » et renforce la « supervision des principales infrastructures juives de République tchèque », a tweeté la police locale.
« Restez chez vous ! »
Le ministre de l’Intérieur autrichien a appelé les habitants à être prudents. « Restez chez vous ! Si vous êtes dehors, réfugiez-vous quelque part ! Restez loin des lieux publics, n’utilisez pas les transports ! », a lancé la police sur son compte Twitter dans la nuit.
Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de Vienne, et les enfants ont été dispensés d’école mardi.

« Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens », a affirmé le chancelier Kurz, fustigeant une attaque « répugnante ».
L’attentat a suscité de nombreuses condamnations à travers le monde.
« Ces attaques du mal contre des innocents doivent s’arrêter », a réagi le président américain Donald Trump. « Les États-Unis se tiennent aux côtés de l’Autriche, de la France, et de l’Europe toute entière dans le combat contre les terroristes, dont les terroristes islamiques radicaux », a-t-il ajouté.
L’Union européenne a condamné « avec force » cette « horrible attaque », selon les mots sur Twitter du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant « un acte lâche » qui « viole la vie et nos valeurs humaines ».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter : « L’Europe est totalement solidaire de l’Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur ».
« Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien », a réagi le président français Emmanuel Macron.
L’Allemagne voisine a aussi fait part de sa solidarité : la lutte contre « le terrorisme islamiste » est « notre combat commun », a affirmé la chancelière Angela Merkel.
Climat tendu en Europe
Cet attentat, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe.
En France, trois personnes ont été tuées jeudi dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice par un jeune Tunisien récemment arrivé en Europe.
Quelques jours auparavant, la décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans un cours sur la liberté d’expression, avait choqué en France et au-delà.
L’Autriche avait été jusqu’ici été relativement épargnée par la vague d’attentats islamistes survenue en Europe ces dernières années.
En mars 2018, un jeune homme, sympathisant islamiste selon la police, avait attaqué au couteau un membre des forces de l’ordre devant l’ambassade d’Iran à Vienne avant d’être abattu.
En juin 2017, un homme né en Tunisie avait tué un couple âgé à Linz. Il avait déclaré avoir voulu faire un exemple, car il se sentait discriminé en tant qu’étranger et musulman.
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