Entre 15 000 et 20 000 personnes à Copenhague
Les établissements culturels publics de Paris rouvriront lundi ; Adam Schiff : "Une attaque du groupe EI vraisemblablement dirigée et équipée depuis la Syrie"
L’Assistance-Publique Hôpitaux de Paris (APHP) a indiqué que 42 blessés étaient toujours en service de réanimation dimanche après-midi. Elle a précisé avoir pris en charge 415 personnes au total, en comptant tous les personnes en état de choc psychologique venues spontanément dans les hôpitaux.
Les attentats à Paris vendredi ont vraisemblablement été préparés depuis la Syrie, conséquence d’avoir laissé au groupe Etat islamique (EI) un sanctuaire « avec trop de temps pour préparer » une attaque, selon un élu américain dimanche.
« Et à moins que ça ne change stratégiquement, on doit s’attendre à d’autres attaques comme ça », a expliqué Adam Schiff, élu démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, et à ce titre très proche des services de renseignement américains.
« Il s’agit d’une attaque du groupe EI vraisemblablement dirigée et équipée depuis la Syrie », a dit M. Schiff sur la chaîne ABC, ajoutant que la France était la cible prioritaire de l’EI depuis plusieurs mois.
« Ils voulaient mener des attaques dans des lieux publics, comme ce qu’on a vu si tragiquement cette semaine », a-t-il ajouté. « Je pense qu’il ne s’agit pas juste de l’échec des agences du renseignement. C’est aussi un échec de la campagne de la coalition, parce qu’on a permis à l’EI de disposer d’un sanctuaire en Irak et en Syrie durant trop de temps, ils avaient trop de ressources à diriger contre nous », a-t-il dit.
De ce fait, même les meilleurs services de renseignement ne pouvaient pas empêcher ces attentats, l’ennemi s’adaptant aux défenses des pays occidentaux. Et les frappes aériennes menées par la coalition dirigée par les Etats-Unis ne sont pas suffisantes, selon M. Schiff.
« On ne peut pas laisser le groupe EI disposer d’un sanctuaire sûr en Syrie et en Irak d’où ils peuvent mettre au point des attaques directes contre nous, parce que certaines de ces attaques ne seront pas détectées à temps », a-t-il dit.
Les progrès de l’enquête
L’enquête sur les pires attentats perpétrés en France progresse rapidement et s’est concentrée dimanche sur la Belgique où deux des kamikazes avaient résidé, ainsi que sur trois frères dont l’un est recherché.
Parmi les sept terroristes recensés des attaques, les enquêteurs en ont identifié deux.
Après Omar Ismaïl Mostefaï, 29 ans, né dans la banlieue parisienne, des sources proches de l’enquête ont annoncé dimanche que le corps d’un deuxième kamikaze avait été identifié. Il était Français selon une source proche de l’enquête, Belge selon une autre.
Deux Français ayant résidé à Bruxelles, dont l’un dans le quartier de Molenbeek, figurent parmi les auteurs des attentats de vendredi soir, a annoncé dimanche le parquet fédéral belge.
Deux voitures – une Polo et une Seat noires – utilisées par les assaillants et retrouvées à Paris ou la proche banlieue après les attentats avaient en outre été louées en début de semaine en Belgigue, a-t-il précisé.
La Seat, aperçue par des témoins sur les lieux des fusillades contre des bars et restaurants dans l’est parisien, était chargée de plusieurs fusils d’assaut kalachnikov. Elle a été retrouvée à Montreuil, dans la banlieue est de Paris.
La Polo avait été auparavant découverte à proximité de la salle de spectacles du Bataclan, théâtre du plus gros bain de sang avec 89 morts, où trois kamikazes sont morts en activant leur ceinture d’explosifs.
Au total, trois équipes de jihadistes sont soupçonnées d’avoir semé la mort vendredi – 129 tués et plus de 350 blessés – entre le Bataclan, des quartiers de l’Est parisien et le Stade de France.
Les enquêteurs cherchent à établir si certains assaillants ont pu s’échapper et s’il figurent parmi les suspects arrêtés en Belgique.
Au total, sept personnes ont été interpellées en Belgique depuis samedi. L’une d’elles avait loué un des deux véhicules et a été repérée lors d’un contrôle samedi matin à Cambrai (nord de la France), près de la frontière belge.
Comme les deux Français kamikazes, d’autres personnes interpellées résidaient à Molenbeek, une commune bruxelloise où un réseau aurait donc été constitué pour préparer les attentats.
Trois frères retiennent particulièrement l’attention des enquêteurs, dont l’un est mort dans les attentats. Un autre, placé en garde à vue en Belgique, a été libéré, selon une source policière française, une information toutefois démentie par le parquet belge.
La Belgique a émis un mandat d’arrêt international contre le troisième frère.
Les établissements culturels publics de Paris rouvriront lundi
Les musées, salles de spectacles et tous les autres établissements culturels publics de Paris et sa région rouvriront lundi en début d’après-midi, trois jours après les attentats jihadistes dans la capitale française, a annoncé dimanche le ministère français de la Culture.
La réouverture interviendra à 13H00 (12H00 GMT), une heure après la minute de silence qui doit être respectée dans toute la France, où un deuil national de trois jours a été décrété après les attaques, les pires jamais commises dans le pays.
Ankara dit avoir déjoué un « attentat majeur » à Istanbul le jour des attaques de Paris
Les autorités turques ont déjoué un attentat jihadiste « majeur » à Istanbul prévu vendredi, le même jour que les attaques meurtrières qui ont fait au moins 132 morts à Paris, a affirmé dimanche à l’AFP un responsable gouvernemental turc.
« Nous pensons qu’ils préparaient une attaque à Istanbul le même jour que celles de Paris (…) les premiers résultats de nos investigations suggèrent que nous avons déjoué une attaque majeure », a ajouté ce responsable sous couvert de l’anonymat.
La police turque a interpellé vendredi à Istanbul cinq personnes, dont un citoyen britannique identifié comme Aine Lesley Davis.
Cet homme est présenté par les autorités turques comme un partenaire au sein du groupe Etat islamique (EI) du fameux « Jihadi John », le bourreau britannique que l’armée américaine a probablement tué lors d’une frappe de drones jeudi en Syrie.
« Ces cinq suspects sont entrés de Syrie en Turquie cette semaine pour une attaque en Turquie », a expliqué dimanche le responsable turc.
Trois groupes de jihadistes ont mené vendredi soir à Paris une série d’attaques revendiquée par l’EI, notamment dans une salle de concert et au Stade de France, qui ont tué au moins 132 personnes. Sept membres de ces commandos sont morts.
Les autorités turques ont attribué au groupe extrémiste une série d’attaques récentes commises sur son sol, notamment un attentat suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre devant la gare centrale d’Ankara, le plus meurtrier de son histoire.
Longtemps accusé par ses alliés de complaisance envers les groupes radicaux qui luttent contre le régime de Damas, le gouvernement islamo-conservateur turc a depuis l’été dernier frappé à plusieurs reprises des cibles de l’EI en Syrie.
Les dirigeants du G20, réunis dimanche en sommet à Antalya (sud), ont promis une réponse « très forte » contre la menace jihadiste.
Entre 15.000 et 20.000 personnes à Copenhague
Entre 15.000 et 20.000 personnes, dont le Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen, étaient réunies dimanche soir à Copenhague devant l’ambassade de France, en hommage aux victimes des attentats de Paris de vendredi, selon la police.
« La police estime qu’entre 15.000 et 20.000 personnes participent à la cérémonie », a indiqué un porte-parole à l’agence de presse danoise Ritzau.
Une minute de silence a été observée par les participants dont certains arboraient les couleurs françaises, parmi eux une jeune fille aux lèvres maquillées en bleu, blanc, rouge.
« Quelle est la réponse la plus forte à apporter ? C’est de continuer à vivre. Ne pas se laisser intimider. Si nous n’osons plus nous installer à une terrasse de café, alors nous avons perdu. Nous insistons sur la démocratie et la joie de vivre », a affirmé le chef du gouvernement devant une foule émue.
« C’est pour nous un signe très fort de solidarité des Danois avec la France. Ils sont engagés dans le même combat (…), ils se battent pour les mêmes valeurs », a confié à l’AFP l’ambassadeur français au Danemark, François Zimeray.
Ce rassemblement, répondant à l’appel lancé par les mouvements de jeunesse de tous les partis politiques, est le deuxième en deux jours dans la capitale danoise elle-même endeuillée en février par des attentats contre les participants à un débat sur la liberté d’expression et une synagogue.
Samedi, plusieurs centaines de Danois, au premier rang desquels le prince consort Henrik, né Français sous le nom de Henri de Laborde de Monpezat, dont l’épouse est la reine Margarethe II depuis 1972, étaient venus se recueillir et déposer des fleurs devant l’ambassade de France.