Au Royaume-Uni, nette hausse des attaques antisémites dans les universités – CST
L'année scolaire 2023-2024 a été marquée par 272 actes antisémites, soit plus de cinq fois plus que l'année précédente, révèle l'étude réalisée par le Community Security Trust
Une nouvelle étude révèle que les actes antisémites dans les universités britanniques ont atteint un niveau record l’année dernière.
L’enquête, réalisée par le Community Security Trust (CST), une organisation à but non lucratif qui aide les Juifs britanniques à lutter contre l’antisémitisme, a établi qu’il y avait eu 272 actes antisémites enregistrés pendant l’année scolaire 2023-2024, soit plus de cinq fois plus que l’année précédente. Cette hausse est survenue dans un contexte de vive recrudescence de la haine anti-Israël et anti-juive, dans l’ombre de la guerre menée par Israël à Gaza, à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.
Plus de 85 actes ont été enregistrés au mois d’octobre 2023 seulement, comme l’indique le rapport. Le nombre le plus élevé d’incidents de ce type était de 55, et il avait été enregistré pendant le conflit qui avait opposé Israël à Gaza en 2021.
« Ces résultats esquissent une image sombre des difficultés que rencontrent les étudiants et le personnel juif sur les campus britanniques », a commenté Sami Berkoff, le président du groupe Union of Jewish Students. « Il est clair qu’il faut une action urgente. La légitimation de la rhétorique extrémiste sur les campus, avec notamment le soutien apporté aux groupes terroristes, encourage les manifestants et aliène encore davantage les étudiants juifs. »
L’étude a inclus des dossiers de violences verbales, de menaces, d’agressions et d’actes de vandalisme commis à l’encontre de biens juifs, au sein de l’université, y compris en ligne et hors ligne. Elle n’a pas pris en compte les incidents survenus lors des campagnes anti-Israël, qui ont donné lieu à une rhétorique extrémiste, parfois violente, à l’encontre de l’État juif, ni les appels à l’exclusion des « sionistes », ni les soutiens implicites apportés au terrorisme.
Neuf exemples d’agression ont été enregistrés pendant la guerre – avec notamment des jets d’œufs en direction d’un groupe d’étudiants visiblement juifs sur le campus de St. Andrews, après un événement avec le grand rabbin.
Il y a eu dix-sept incidents portant sur des dommages matériels, dont un acte de vandalisme au cours duquel des graffitis disant « Tsahal hors du campus » et « Libérez la Palestine » ont été inscrits sur les murs du bâtiment abritant la maison Hillel à Leeds.
Le CST a enregistré 23 menaces proférées à l’encontre d’étudiants juifs et deux cas de distribution de prospectus antisémites produits en masse. Parmi les 221 autres incidents, on compte des comportements abusifs de toutes sortes, y compris des actes antisémites verbaux ou écrits, sur Internet comme dans la vie réelle.
L’étude inclut de nombreux exemples survenus au cours de l’année.
Dans l’un des cas les plus extrêmes, l’aumônier de l’Université de Leeds, le rabbin Zecharia Deutsch, a reçu des menaces de mort. Son épouse a été menacée de viol et de meurtre, et ses enfants ont été menacés de mort. Il avait réintégré l’université au mois de février, après avoir respecté son devoir de réserve au sein de l’armée israélienne.
En janvier, un étudiant en doctorat de l’Université de Galles avait partagé une vidéo sur le réseau social X intitulée « L’Humanité unie contre les AshkeNAZIs » qui reprenait des théories antisémites du complot.
En mars, un individu avait gravé « Les Youpins, dehors » sur le mur des toilettes du bâtiment abritant un syndicat étudiant dans le nord de l’Angleterre.
Toujours en mars, des étudiants qui faisaient la tournée des bars avaient écrit « J’aime Hitler » sur le dos d’un tee-shirt d’un étudiant juif qu’ils connaissaient, en y dessinant la caricature d’un Juif.
En avril, une société universitaire juive avait reçu une alerte à la bombe par courrier électronique : « J’ai placé de multiples explosifs à l’intérieur des synagogues. Les explosifs sont bien cachés et ils exploseront dans la matinée. Toutes les personnes présentes mourront dans une mare de sang. » La menace a été vérifiée et il s’est alors avéré qu’il s’agissait d’un canular.
Le même mois, des croix gammées avaient été peintes à la bombe dans les toilettes lors de la conférence de la National Union of Students (NUS) à Blackpool.
En mai, un étudiant visiblement juif a été prié de quitter les lieux devant un campement d’étudiants anti-Israël du campus parce qu’il portait une kippa.
En juin 2024, le mur d’une maison Habad dans les Midlands avait été vandalisé avec l’inscription « FREE PALESTINE [sic] ».
En avril et mai, trente-six campements d’étudiants anti-Israël ont été installés sur des campus, inspirés par les manifestations étudiantes qui se déroulaient à la même époque aux États-Unis. Selon le rapport, il est à noter que ces manifestations n’ont donné lieu à aucun affrontement violent ou trouble de l’ordre public, contrairement à de nombreuses manifestations aux États-Unis.
Le rapport indique qu’une enquête récente menée auprès de 497 membres du personnel et étudiants juifs par le groupe de professeurs Intra-Communal a révélé que seuls 22 % d’entre eux se sentaient à l’aise pour parler ouvertement de leur identité juive sur le campus après le 7 octobre, tandis que 70 % ont déclaré se sentir « quelque peu » ou « très » mal à l’aise. Le rapport note également qu’il y a actuellement plus de 9 000 étudiants juifs inscrits dans les universités britanniques et 86 associations d’étudiants juifs dans les écoles. Le CST enregistre depuis 1984 les actes antisémites au Royaume-Uni.
« Les universités britanniques souffrent de l’antisémitisme depuis des décennies, mais ces derniers chiffres sont pires que jamais », a déclaré Mark Gardner, PDG de la CST. Bien que le CST ait formulé plusieurs recommandations pour lutter contre la haine anti-juive et protéger les étudiants juifs, « en fin de compte, il revient aux autorités universitaires, au gouvernement et à la police de s’opposer aux extrémistes qui sont autorisés à harceler, intimider et perturber les campus ».