Au tour du grand rabbin de Jérusalem de fustiger la nomination d’Amir Ohana
« Ils ont fait des défilés pour montrer leur fierté, et maintenant ils les nomment... Dieu ait pitié de nous », a dit Shlomo Amar
Le grand rabbin de Jérusalem, Shlomo Amar, s’en est pris dimanche au président de la Knesset, Amir Ohana, premier gay à occuper cette fonction, qualifiant les personnes LGBTQ de « honte » et critiquant les membres orthodoxes de la coalition qui ont voté pour lui.
« Ces abominations sont aujourd’hui mises en avant. C’est une honte. Une honte absolue », a déclaré Amar, ex-grand rabbin séfarade d’Israël, dans un enregistrement obtenu par la Douzième chaine.
« Malheur à ceux qui entendent ces choses. C’est insupportable. Ils les nomment à des postes considérés comme importants. Ils ont perdu toute dignité », a-t-il ajouté, sans jamais mentionner le nom d’Ohana.
« Ils ont fait des défilés pour montrer leur fierté, et maintenant ils les nomment… Dieu ait pitié de nous », a dit Amar.
« Je vais éviter de donner des noms parce que, malheureusement, il semble que même les gens réputés craindre Dieu ont soutenu [cette nomination]. C’est une grande honte [que ceux qui] représentent la Torah et le judaïsme… Dieu ait pitié de nous. »
Le rabbin Meir Mazuz, influent rabbin haredi proche de plusieurs membres du gouvernement, a déclaré samedi que le président de la Knesset, Amir Ohana, première personne ouvertement LGBTQ à occuper ce poste, était « contaminé par une maladie », et a insinué que le drame au mont Meron, en 2021, était due à l’orientation sexuelle d’Ohana.
Ce n’est pas la première fois que Mazuz tient ce type de propos sur les personnes LGBTQ ou d’autres communautés.
En mars 2020, il a affirmé que l’épidémie de coronavirus en Israël était une punition divine pour la Gay Pride. En 2018, il avait déclaré que les personnes ouvertement homosexuelles ne pouvaient pas faire partie d’un minyan, [quorum de dix hommes adultes nécessaire à la récitation des prières les plus importantes de tout office ou de toute cérémonie (NDT)]. En 2015, il a imputé une série d’attentats terroristes palestiniens à la Gay Pride, plusieurs mois après qu’un extrémiste haredi eut poignardé à mort une jeune fille de 15 ans lors de la Gay Pride de Jérusalem.
En 2022, Mazuz a traité le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Yair Lapid, et le ministre des Finances, Avigdor Liberman, ainsi que « tous leurs amis » du précédent gouvernement, de « traîtres à leur peuple », « pires que les nazis ». Il a affirmé qu’ils avaient voulu « étouffer les étudiants de la Torah » tout en « donnant tout ce qu’ils voulaient aux Arabes ».
Il s’en est également pris à la messagerie WhatsApp, responsable selon lui de « détruire le monde ».
La Knesset a élu Ohana président jeudi dernier, peu avant le vote de confiance au 37e gouvernement israélien. Déjà ministre dans de précédents gouvernements, Ohana est la première personne ouvertement homosexuelle de la Knesset à occuper ce poste.
Le résultat du vote en session plénière a été de 63-5, tous les députés de la coalition ayant voté pour, à l’exception de Yaakov Tesler, de YaHadout HaTorah, empêché, car à l’étranger au moment du vote.
Bien qu’ils aient voté pour Ohana, certains partenaires d’extrême droite et ultra-orthodoxes du Likud sont connus pour leurs positions ouvertement homophobes, en faveur du rétablissement des soi-disantes thérapies de conversion, aujourd’hui interdites, et des mentions « mère » et « père » sur les formulaires officiels, en lieu et place de la mention « parent », neutre en matière de genre, ou de la promotion d’un modèle de « famille normale ».
L’unique député ouvertement anti-LGBTQ du parti Noam, le nouveau vice-ministre Avi Maoz, a détourné le regard alors qu’Ohama a prononcé son discours inaugural, jeudi, tout comme les membres du parti YaHadout HaTorah.
Un membre du parti ultra-orthodoxe Shas, qui a voté pour Ohana, a exprimé des réserves sur l’orientation sexuelle du député du Likud.
« Nous ne sommes pas satisfaits du chemin qu’il emprunte, mais nous nous efforçons de considérer la personne, et non ses tendances », a déclaré au site d’information Ynet le député Yoav Ben-Tzur (Shas), ministre des Affaires sociales du nouveau gouvernement.