Autriche : un hebdo blanchi après avoir associé le chancelier au néo-fascisme
Falter avait qualifié Sebastian Kurz de "néofeschiste", jeu de mots associant les termes de néo-fasciste et de joli garçon
Le Conseil des médias autrichiens a blanchi mercredi au nom de la « liberté d’opinion » un hebdomadaire qui avait qualifié le jeune leader conservateur Sebastian Kurz de « néofeschiste », jeu de mots associant les termes de néofasciste et de joli garçon.
Trois jours après la victoire de l’actuel chancelier aux élections législatives du 15 octobre, l’hebdomadaire de gauche Falter avait consacré sa une à M. Kurz avec le titre « Der Neofeschist » (« Le néofeschiste »), néologisme créé à partir de l’adjectif « fesch » désignant un « joli garçon » en Autriche.
L’emploi de ce vocable forgé par l’éditorialiste du Falter, Armin Thurnher, « renvoie d’une certaine façon (M. Kurz) au néofascisme », a reconnu le Conseil des médias, instance déontologique de la profession, saisi par des lecteurs accusant l’hebdomadaire de calomnie.
L’éditorial accompagnant le titre « explicite de façon appropriée » le terme, lequel entre donc dans le champ de la « liberté d’opinion », a toutefois estimé le Conseil.
M. Thurnher avait relevé que durant sa campagne électorale, M. Kurz, 31 ans, avait usé d’une « esthétique oscillant entre Riefenstahl et les magazines masculins des années 1970 », dans une référence à Leni Riefenstahl, la cinéaste favorite de Adolf Hitler.
Selon M. Thurnher, il s’est présenté « tout beau, tout neuf, comme si le Sauveur nous était apparu » et a « rempli une condition de base de l’autoritarisme » en se constituant une suite de « partisans » qui « s’identifient à lui ».
Favori des sondages, le jeune dirigeant avait pris en mai le contrôle de son parti chrétien-démocrate (ÖVP), déclenchant dans la foulée les élections législatives anticipées qui ont fait de lui le plus jeune dirigeant au monde, au prix d’une coalition controversée avec le parti d’extrême droite FPÖ.
M. Thurnher avait dans les années 1990 déjà créé le terme de « feschiste » pour qualifier Jörg Haider, leader historique du FPÖ qui avait redynamisé ce parti en jouant notamment de son allure de playboy.
Créé en 1977, Falter est considéré comme une publication de référence par la gauche autrichienne et a notamment révélé la semaine dernière l’existence d’un corpus de chants nazi dans une corporation pangermaniste coprésidée par un cadre du FPÖ.