Aux Emirats, Erdogan invite les entreprises à investir en Turquie
Pour sa première visite aux Émirats depuis près de dix ans, le président turc salue le début d'une "nouvelle ère" de coopération en matière de commerce et d'investissement

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé mardi les entreprises et hommes d’affaires des Emirats arabes unis à investir en Turquie, confrontée à une grave crise économique, saluant une « nouvelle ère » avec l’ancien rival du Golfe.
Le chef d’Etat turc effectue depuis lundi sa première visite officielle aux Emirats, après près de dix ans de rivalité avec ce riche Etat pétrolier dont il s’est récemment rapproché.
« En tant que principaux représentants du secteur privé aux Emirats arabes unis, je suis sûr que vous comprenez parfaitement les avantages des partenariats commerciaux et des investissements avec la Turquie », a déclaré M. Erdogan devant des représentant du monde des affaires aux Emirats.
« La volonté des hommes d’Etat est très importante pour que les relations entre la Turquie et les Emirats arabes unis atteignent le niveau qu’elles méritent », a-t-il ajouté, selon un communiqué de la présidence turque. « Mais c’est vous, les membres de notre monde des affaires, qui allez concrétiser le potentiel des deux pays, notamment en matière de commerce et d’investissements », a-t-il insisté.
Selon le président turc, Ankara a mis en place une « législation attrayante » pour les investissements et la création d’entreprises.

Nouveaux marchés
Lundi, la visite de M. Erdogan dans la capitale Abou Dhabi a été marquée par la signature de 13 accords de coopération et mémorandums d’entente, ont rapporté les agences de presse officielles des deux pays.
Selon l’agence émiratie WAM, les accords portent entre autres sur la santé, les industries, les technologies de pointe, l’agriculture ou encore les transports. Une lettre d’intention sur la coopération entre les industries de défense a aussi été signée, d’après la même source.
Abou Dhabi espère doubler voire tripler les volumes d’échanges avec la Turquie, considérée comme une voie vers de nouveaux marchés.
Le volume des échanges bilatéraux au premier semestre 2021 s’est élevé à plus de 6,3 milliards d’euros, avec un bond de croissance de 100 % par rapport à la même période en 2020, selon WAM.
Les investissements des Emirats en Turquie ont atteint près de 4,4 milliards d’euros fin 2020. Quant aux investissements turcs aux Emirats, ils pèsent quelque 312 millions d’euros, d’après l’agence émiratie.
Plus tard dans la journée de mardi, M. Erdogan a rencontré le dirigeant de Dubaï, cheikh Mohammed ben Rached Al-Maktoum, à l’Exposition universelle 2020, la première organisée au Moyen-Orient.
Opération séduction
La visite du président turc fait suite à celle en novembre du prince héritier d’Abou Dhabi et dirigeant de facto des Emirats, Mohammed ben Zayed. A cette occasion, le lancement d’un fonds de près de neuf milliards d’euros pour soutenir les investissements en Turquie avait été annoncé.
La Turquie est confrontée à une grave crise économique marquée par une dégringolade de la livre turque et une inflation qui a officiellement atteint près de 50 %, voire bien plus selon des experts indépendants.
Le rapprochement de la Turquie et des Emirats intervient au moment où ces deux puissances régionales cherchent à assainir leurs relations diplomatiques en général et à attirer les investissements internationaux dans divers secteurs.
Ces dernières années, les deux pays étaient en froid, Abou Dhabi reprochant au président Erdogan de soutenir l’islam politique dans le monde arabe, en particulier les Frères musulmans. Ils se sont également opposés dans des dossiers régionaux, notamment en Libye appuyant différentes parties au conflit.
Côté turc, certains médias locaux avaient par ailleurs accusé les Emirats d’avoir joué un rôle dans la tentative de coup d’Etat de 2016 contre M. Erdogan en finançant les putschistes.
Mais sur fond de défis économiques provoqués par la crise sanitaire du Covid-19, Abou Dhabi comme Ankara se sont lancés dans des campagnes de séduction régionales.
Les Emirats ont normalisé leurs relations avec Israël, se sont réconciliés avec le rival qatari et cherche à détendre les liens avec l’Iran. De son côté, la Turquie a entrepris d’apaiser ses relations avec Israël, l’Egypte ainsi que l’Arabie saoudite, première puissance économique du monde arabe.
Erdogan a également fait des ouvertures à Israël dans le but de réchauffer des liens qui se sont refroidis ces dernières années. Le président israélien Isaac Herzog doit effectuer une visite officielle en Turquie, qui aura lieu, selon les médias turcs, en mars.