Aux US, Amichai Chikli rencontre Jordan Bardella lors d’une conférence
Le chef d'extrême-droite français a salué les "discussions fructueuses" avec le ministre du Likud, qui s'efforce de gagner les faveurs des factions extrémistes européennes longtemps boycottées par Israël

Le ministre de la Diaspora Amichai Chikli a rencontré vendredi à Washington le leader d’extrême-droite français Jordan Bardella – ce qui a chamboulé encore davantage le boycott traditionnel, de la part d’Israël, du parti français du rassemblement national, qui avait été fondé par un négationniste de la Shoah et auquel s’oppose la majorité des Juifs français.
Bardella a écrit sur X que lui et Chikli avaient eu des « discussions fructueuses » sur « les relations franco-israéliennes, la lutte internationale contre le terrorisme islamique et l’antisémitisme, et les futurs projets communs avec les Patriotes pour l’Europe » – le nom du bloc parlementaire de l’Union européenne qui comprend le RN et les partis d’extrême droite autrichien, hongrois et néerlandais.
Le parti israélien au pouvoir, le Likud – auquel appartient Chikli – a rejoint, au début du mois, le bloc sous un statut d’observateur.
Chikli et Bardella se sont rencontrés alors qu’ils assistaient au CPAC, une conférence annuelle organisée par la droite américaine à Washington. Elle a suscité la controverse lorsque Steve Bannon, ancien conseiller du président américain Donald Trump, a semblé faire le salut nazi à la fin d’un discours qui a été prononcé vendredi.
Suite à la polémique, Bardella a annulé sa propre allocution lors de la conférence. Sans nommer Bannon, il a fait savoir que « alors que je n’étais pas présent dans la salle, l’un des intervenants s’est permis, par provocation, de faire un geste en référence à l’idéologie nazie ».
Bannon a démenti tout salut nazi, déclarant à un journaliste français qu’il s’agissait d’un « signe de la main ». Il a indiqué que si Bardella était « si inquiet à ce sujet et se faisait pipi dessus comme un petit enfant, il n’est pas digne de diriger la France ».

Le ministre de la Diaspora s’est efforcé de renforcer les liens avec les partis d’extrême droite européens, qu’Israël boycottait depuis longtemps en raison de leur liens avec le nazisme, et dans un contexte de tensions entre Israël et la France.
Au mois de juin, quelques jours avant les élections législatives françaises, Chikli avait partagé avec enthousiasme une vidéo de Bardella, alors candidat du RN à la présidence du Conseil, rejetant une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.
La semaine suivante, Chikli avait indiqué que la dirigeante du RN, Marine Le Pen, était « excellente pour Israël ». Chikli avait rencontré Le Pen au mois de mai lors d’une conférence à Madrid qui était organisée par le parti d’extrême droite espagnol Vox, également membre des Patriotes pour l’Europe.
Suite au soutien apporté par Chikli à Le Pen, le président français Emmanuel Macron s’était plaint auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu de ce que le ministre de la Diaspora s’immisçait dans la politique intérieure de la France.
Le RN, qui était connu, dans le passé, sous le nom de Front national, a été fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, qui avait été condamné à plusieurs reprises pour ses discours de haine antisémite, et par Pierre Bousquet, ancien commandant des Waffen-SS du parti nazi.

Depuis que Marine Le Pen a pris la tête du parti en 2011, elle a tenté d’effacer le passé nazi du parti et de d’être acceptée par le grand public. Elle a pris ses distances avec la rhétorique antisémite de son père et l’a exclu de la formation en 2015. Parallèlement, elle a ciblé les musulmans – qui représentent 11 % de la population française – en disant qu’ils représentaient une menace pour le pays.
Mais même si Marine Le Pen a publiquement dénoncé l’antisémitisme, ses partisans continuent d’entretenir des attitudes antisémites de manière disproportionnée.
Sous sa direction, le RN est devenu le plus grand parti parlementaire de France.