Avant sa visite en Israël, le président indien affirme son soutien aux Palestiniens
Pranab Mukherjee devrait se rendre lundi à Ramallah et à l'Université Al-Qods, et arriver en Israël mardi pour une visite officielle de 3 jours
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

L’Inde est inébranlable dans son engagement à la cause palestinienne, a déclaré dimanche en Jordanie son président, Pranab Mukherjee, avant une visite lundi en Cisjordanie et le lendemain en Israël.
Mukherjee doit rencontrer le président Mahmoud Abbas à Ramallah lundi avant de se rendre mardi dans l’Etat juif, pour ce qui sera la visite de niveau le plus élevé jamais effectuée par un responsable indien en Israël, et un signe du rechauffement des relations entre Jérusalem et New Delhi.
Au cours de sa visite de trois jours, Mukherjee rencontrera le président israélien Reuven Rivlin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président de la Knesset Yuli Edelstein, et le leader de l’opposition Isaac Herzog.
Mukherjee devrait aussi prononcer un discours lors d’une session spéciale de la Knesset.
Le voyage intervient durant les efforts actuels menés pour renforcer les liens entre l’Inde et Israël.
Le Premier ministre indien Narendra Modi, qui a pris ses fonctions l’an dernier, a fait du développement de la coopération avec Israël une priorité pour la politique diplomatique de son gouvernement.
Mais avant son arrivée en Israël, Mukherjee a précisé que l’Inde n’avait pas l’intention d’abandonner son soutien traditionnel en faveur d’un Etat palestinien.
University of Jordan conferred Honorary Doctorate on #PresidentMukherjee yesterday in Amman pic.twitter.com/aGr2VRe3g2
— President Mukherjee (@POI13) October 12, 2015
Prenant la parole à l’Université de Jordanie à Amman – où il est arrivé samedi – Mukherjee a déclaré que des liens plus étroits avec Israël ne changeront pas la position de l’Inde sur la question palestinienne.
« Le soutien traditionnel de l’Inde à la cause palestinienne demeure ferme et inébranlable pendant que nous entretenons des relations solides avec Israël », a-t-il déclaré.
Citant un discours du fondateur de l’Inde moderne Mahatma Gandhi, Mukherjee a déclaré : « La Palestine appartient aux Arabes dans le même sens que l’Angleterre appartient aux Anglais et la France aux Français ».
La citation est tirée d’un discours prononcé par Gandhi en 1938 dans lequel il expose son opposition au sionisme disant que ce serait « un crime contre l’humanité de réduire les fiers Arabes de sorte que la Palestine soit restituée aux Juifs partiellement ou entièrement comme foyer national ».
Mukherjee déposera mardi une gerbe sur la tombe de l’ancien président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat avant de rencontrer l’actuel président Mahmoud Abbas.
Il visitera également l’Université Al Qods de Jérusalem – site d’un certain nombre de manifestations violentes au cours des dernières semaines – pour y recevoir un doctorat honoris causa.
Mukherjee recevra jeudi un doctorat honoris causa de l’Université hébraïque de Jérusalem.
Les médias indiens ont rapporté qu’Israël avait refusé une demande de Mukherjee de visiter le mont du Temple mais des sources au ministère des Affaires étrangères ont démenti qu’une telle demande avait été faite.
Il y a quelques mois, un responsable israélien avait annoncé que Mukherjee se rendra en Israël à la place du Premier ministre indien Narendra Modi, qui devait initialement venir.

Le journal indien Economic Times a rapporté en juillet que le changement est survenu après un « recalibrage de la pensée officielle. » L’article affirmait que la modification visait à se démarquer de ce qui pourrait être perçu comme une perspective diplomatique trop favorable manifestée à l’égard Israël.
Le responsable israélien avait cependant déclaré que le changement ne devait pas être interprété comme un affront contre l’Etat juif et qu’une visite présidentielle était considérée comme préférable pour développer les relations bilatérales que celle d’un Premier ministre.
Rivlin a qualifié cette semaine la prochaine visite de Mukherjee d’ « étape importante » dans les relations entre Jérusalem et New Delhi.
En juillet, l’Inde s’était abstenue lors d’un vote sur une résolution du Conseil de droits de l’Homme des Nations unies qui soutenait un rapport critique sur le comportement d’Israël pendant la guerre de l’été dernier à Gaza.
Les Palestiniens avaient été « choqués » de la position de l’Inde, avait alors déclaré l’ambassadeur de l’Autorité palestinienne en Inde, Adnan Abu Alhaija. « Le peuple et les dirigeants palestiniens étaient très satisfaits de la résolution de l’ONU, mais le vote de l’Inde a brisé notre bonheur », avait-il ajouté.
Bien que New Delhi ait souligné que son vote ne signifiait pas un changement dans sa politique de soutien à la cause palestinienne, l’abstention de l’Inde a été célébrée en Israël comme un remarquable succès diplomatique.
L’Inde a cherché à établir ces dernières années des liens plus étroits avec Israël dans le domaine de la défense, mais a également cherché à ne pas offenser des centaines de millions de Musulmans qui vivent en Inde.
Tamar Pileggi et Stuart Winer ont contribué à cet article.