Israël en guerre - Jour 649

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Avec un espace aérien fermé, touristes et Israéliens rentrent chez eux par la mer

Un itinéraire maritime de plus en plus fréquenté aide les personnes bloquées à entrer et sortir de l'État juif en pleine guerre avec l'Iran, mais les prix des voyages en yacht et en ferry sont exorbitants

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Un yacht affrété par le Sailor Yacht Club se prépare à emmener des passagers souhaitant quitter le pays par la mer vers les côtes de Larnaca, à Chypre, le 16 juin 2025. (Autorisation)
Un yacht affrété par le Sailor Yacht Club se prépare à emmener des passagers souhaitant quitter le pays par la mer vers les côtes de Larnaca, à Chypre, le 16 juin 2025. (Autorisation)

Le téléphone d’Amit Hari n’arrête plus de sonner depuis qu’Israël a fermé son espace aérien vendredi, dans le sillage du lancement d’une attaque-surprise qui a pris pour cible les sites nucléaires et militaires iraniens, laissant plus de 100 000 Israéliens bloqués à l’étranger et des dizaines de milliers de touristes piégés dans le pays, avec très peu de possibilités de rentrer chez eux.

Hari, qui est le capitaine et le propriétaire du Sailor Yacht Club, à Herzliya, raconte avoir reçu des milliers d’appels d’Israéliens qui cherchent désespérément un moyen de rentrer chez eux depuis Chypre. Des étrangers, des touristes et des Israéliens qui vivent à l’international et qui souhaitent quitter l’État juif sont, eux aussi, entrés en contact avec lui.

« J’ai dit à mon épouse que j’ai l’impression d’être Schindler ; j’ai un cahier avec des listes et j’essaie d’aider tous ceux qui veulent venir avec nous sur nos yachts à Larnaca ainsi que tous ceux qui veulent rentrer avec nous au port d’Herzliya », déclare Hari au Times of Israel.

« J’ai réservé quelques places pour des personnes qui ont des besoins particuliers. Par exemple, cette semaine, je vais ramener de Larnaca un passager israélien qui est atteint d’un cancer et qui doit absolument rentrer pour bénéficier d’un traitement spécifique à l’hôpital Ichilov, un traitement qu’il ne peut recevoir nulle part ailleurs dans le monde car il en est encore au stade expérimental », explique-t-il.

« Je suis prêt à perdre la place – il n’est pas sûr de faire le voyage – pour m’assurer qu’il sera bel et bien sur le sol israélien pour y recevoir son traitement. Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux d’autres », indique-t-il.

Hari explique que son club nautique exploite trois yachts de 12 mètres entre le port d’Herzliya et le port de Larnaca – les bateaux peuvent accueillir jusqu’à sept passagers à la fois, avec leurs bagages. Les yachts sont « comme une caravane sur l’eau », ajoute-t-il, et ils offrent trois ou quatre cabines doubles selon le modèle, des toilettes et une douche communes, ainsi qu’une petite cuisine.

« Depuis dimanche, nous avons effectué trois voyages, en emmenant avec nous soit des étrangers bloqués ici à cause de la situation, soit des Israéliens vivant à l’étranger et qui doivent rentrer chez eux, soit des Israéliens qui souhaitent fuir », note-t-il.

« Ce n’est pas un voyage facile de passer 30 heures sur un yacht pour des personnes qui ne sont pas habituées à naviguer. Cela peut être très difficile pour elles », fait-il remarquer.

L’espace aérien israélien est fermé aux départs et aux arrivées depuis vendredi – et alors que les missiles iraniens continuent de pleuvoir, il est difficile de dire quand les vols commerciaux réguliers pourront reprendre. Israël a lancé une opération de rapatriement dans la journée de mercredi, en collaboration avec les compagnies aériennes locales mais l’opération devrait durer plusieurs semaines.

Des centaines de personnes bloquées à l’étranger et en Israël se sont tournées vers les réseaux sociaux pour trouver des solutions de transport maritime. Sur Facebook, plusieurs groupes ont été créés pour trouver des options, principalement au départ des ports israéliens d’Herzliya et de Haïfa, mais les prix ont grimpé en flèche en raison de la demande qui ne cesse de croître.

Amit Hari, skipper et propriétaire du Sailor Yacht Club à Herzliya, près de Tel Aviv. (Autorisation)

Hari déclare que les prix d’un voyage à destination ou en provenance de Chypre sont « exorbitants », allant d’environ 2 000 shekels par personne pour les billets les moins chers à 80 000 shekels pour les yachts à moteur de luxe, qui sont plus rapides.

« 2 000 shekels vous permettent d’acheter une place ou un siège dans un petit ferry qui peut accueillir entre 20 et 50 personnes, sur le modèle d’un bus flottant », explique-t-il. « Nous facturons au prix de 6 000 shekels par personne alors qu’en temps normal, nous facturons environ 4 500 shekels pour un voyage à Chypre. Le prix a donc légèrement augmenté car nous laissons nos familles ici, sans oublier que nous prenons également un certain risque. »

Hari ajoute qu’il organise actuellement ses sorties en mer trois jours à l’avance en raison de l’incertitude sécuritaire, et précise que ses yachts à destination de Larnaca sont complets jusqu’à vendredi.

Rester sur le bateau et espérer que tout ira bien

Mardi matin, dans le port d’Herzliya, Tamir Levaton, un Israélo-Américain de 23 ans, attendait dans le port d’Herzliya qu’un petit yacht lève l’ancre pour l’emmener, lui et quatre autres passagers, à Larnaca, lorsqu’il a entendu les sirènes d’alerte antiaérienne retentir.

L’Israélo-Américain Tamir Levaton à bord d’un petit voilier qui navigue entre Herzliya, près de Tel Aviv, et Larnaca, à Chypre, après avoir été bloqué en Israël, le 17 juin 2025. (Autorisation : Tamir Levaton)

« J’ai commencé à paniquer et le capitaine nous a dit que nous pouvions soit tenter de nous rendre dans un hôtel voisin qui disposait d’un abri, soit rester sur le bateau en espérant que les missiles ne s’approchent pas trop » raconte-t-il. « Je suis resté sur le bateau, car je ne voulais pas prendre le risque de m’enfuir alors que j’entendais les missiles passer au-dessus de ma tête, et j’espérais que nous ne serions pas touchés ».

L’Iran a tiré une salve de missiles en direction d’Israël dans la matinée de mardi. Certains ont frappé le centre du pays, notamment la ville d’Herzliya. Selon certaines informations, un projectile se serait abattu sur un entrepôt, à proximité de la ville, provoquant un incendie, et un autre aurait touché un parking, où un bus vide a pris feu, faisant plusieurs blessés légers.

Levaton était arrivé en Israël au début du mois de juin pour rendre visite à sa famille et à ses amis. Il avait son billet-retour pour Las Vegas le 18 juin, et il devait prendre un avion du transporteur El Al.

« Lorsque tous les vols ont été annulés jusqu’au 23 juin, j’ai compris que j’étais coincé », dit Levaton. « En plus, je dois déménager dans quelques semaines et j’ai des entretiens d’embauche, ça ne m’a pas aidé. J’ai donc dû tout reporter le temps de trouver d’autres moyens de rentrer ».

Il indique que pendant les deux premiers jours, la frontière terrestre, qui était restée ouverte, avait semblé être sa seule option pour quitter le sol israélien, via la Jordanie. Mais avec l’aide de sa famille et de ses amis – et grâce à ses recherches sur les réseaux sociaux et sur les groupes Facebook – il a eu la chance de trouver une nouvelle alternative.

« Lundi soir, j’ai reçu un appel m’informant qu’une place s’était libérée sur un bateau qui partait le lendemain matin pour Chypre, car un couple avait annulé à la dernière minute et il l’avait annoncé sur Facebook. J’ai donc pu sauter sur l’occasion et prendre leur place », indique Levaton. « Nous sommes cinq en plus de deux skippers sur le voilier, qui dispose de trois ou quatre lits. Nous dormons à tour de rôle ».

Tamir Levaton quitte Israël à bord d’un voilier depuis le port d’Herzliya avec un groupe de passagers après que l’Iran a lancé plusieurs salves de missiles balistiques qui ont touché un entrepôt près d’Herzliya et qu’un autre a touché un parking, où un bus vide a pris feu, le 17 juin 2025. (Autorisation : Tamir Levaton)

Levaton précise que le voyage de 30 heures – affrété à titre privé – a coûté 1 500 shekels.

« Je suis conscient du fait qu’il aurait pu me coûter 5 000 shekels mais ça reste une somme importante », s’exclame Levaton. « A Larnaca, nous prévoyons de prendre un vol pour une destination en Europe, puis un avion pour les États-Unis ».

Retour par la mer

Yaakov Katz, un Israélien d’origine américaine, se trouvait à bord d’un vol reliant Londres à Tel Aviv, jeudi dans la soirée. L’avion devait atterrir à 3 h 30 du matin à l’aéroport Ben Gurion, peu après le lancement de l’attaque-surprise d’Israël.

« À quelques minutes de l’atterrissage, tout à coup, nous avons été déroutés vers Chypre et nous sommes restés dans l’avion pendant plusieurs heures », a écrit Katz sur le réseau social X. L’homme est un ancien rédacteur en chef du Jerusalem Post et il est l’auteur de plusieurs livres, notamment de While Israel Slept, un ouvrage consacré au massacre commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.

Un yacht affrété par le Sailor Yacht Club se prépare à emmener des passagers souhaitant quitter le pays par la mer vers les côtes de Larnaca, à Chypre, le 16 juin 2025. (Autorisation)

« Je suis resté bloqué à Paphos pendant deux jours mais partout où je suis allé, que ce soit dans les rues, à l’hôtel ou au centre Habad qui avait ouvert ses portes en l’espace de quelques heures, j’ai rencontré des Israéliens qui n’avaient qu’un seul objectif : rentrer chez eux. Ils ne cherchaient pas à être en sécurité. Il cherchaient à être en Israël », a-t-il écrit dans son post.

Katz a commencé à se mettre en quête de moyens lui permettant de retourner en Israël, mais les options étaient très limitées. Au départ, il a envisagé de prendre l’avion pour la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh ou pour Amman, en Jordanie, puis d’entrer en Israël par les postes-frontières terrestres. Mais, dimanche soir, alors qu’il cherchait des options de voyage en bateau, il a reçu un appel lui demandant de se rendre à Limassol dans l’heure, un remorqueur partant pour Israël. Il a payé 6 000 shekels pour pouvoir embarquer.

« Nous étions neuf à nous être entassés sur un bateau placé sous le commandement d’Eli, un marin israélien chevronné qui n’a posé aucune question et qui s’est contenté de se mettre la barre », a raconté Katz sur les réseaux sociaux.

« Parmi nous, il y avait un frère et une sœur, des agriculteurs qui cultivent des fleurs dans l’Arava. Ils étaient en voyage d’affaires aux Pays-Bas. Le frère a insisté pour rentrer parce qu’il veut se présenter pour son devoir de réserve. Il y avait aussi le PDG d’une entreprise de Karmiel. Son entreprise compte 100 employés et il se bat actuellement pour honorer ses commandes à l’international, malgré les attaques dont son pays est victime ».

« Personne ne s’est demandé si c’était sûr », a-t-il écrit. « Mais c’est vrai que les Israéliens ne réfléchissent pas comme ça ».

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