Baharav-Miara critiquée pour sa gestion des manifestations anti-refonte à l’aéroport
"Dans quel pays des gens bloquent-ils un aéroport sans être poursuivis ?", s'est emporté Netanyahu alors que les opposants à la réforme appellent à intensifier les manifestations
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre de la Justice Yariv Levin ont fustigé jeudi les hauts responsables des forces de l’ordre pour leur réponse aux manifestations contre le projet de réforme du système judiciaire du gouvernement.
Les trois ministres ont accusé la procureure générale Gali Baharav-Miara de négligence lors d’une réunion à huis clos consacrée aux manifestants qui se sont installés devant les domiciles des députés de la coalition et dont les médias israéliens ont largement rendu compte. Les discussions ont eu lieu après que les organisateurs ont appelé à intensifier les protestations contre l’avancement de la coalition dans le cadre du remaniement judiciaire, y compris un blocage de l’aéroport Ben Gurion lundi.
Netanyahu a reproché aux autorités judiciaires de ne pas poursuivre les manifestants qui bloquent l’accès à l’aéroport. Les écoles terminant l’année scolaire à la fin de cette semaine, l’aéroport devrait connaître une augmentation du trafic la semaine prochaine, à la veille des grandes vacances.
« Dans quel pays au monde des gens bloquent-ils un aéroport sans être poursuivis ? », a déclaré Netanyahu, qui a dû prendre un hélicoptère pour se rendre à Ben Gurion afin de prendre un vol pour l’étranger au début de l’année parce que des manifestants avaient bloqué les routes.
Ben Gvir, qui a exhorté la police à faire preuve de plus de fermeté à l’égard des manifestants, a demandé à Baharav-Miara et au procureur de la République Amit Aisman de présenter les actes d’accusation déposés à l’encontre des manifestants au cours des six derniers mois.
« Il y a ici une loi pour Kaplan et une deuxième loi pour tous les autres », a déclaré Ben Gvir, cité par la Treizième chaîne, en référence à la rue de Tel Aviv où se tient, chaque semaine, le principal rassemblement contre la réforme du système judiciaire.
Levin s’est plaint des récentes manifestations devant les domiciles des membres de la coalition, dont une devant sa résidence à Modiin cette semaine au cours de laquelle six manifestants ont été arrêtés, demandant à Baharav-Miara et Aisman si quelqu’un avait été inculpé. Les partisans du gouvernement ont organisé des manifestations similaires près des domiciles des membres des coalitions précédentes.
« Arrêtez de rejeter la responsabilité sur la police. Vous êtes responsables », a déclaré Levin.
« Il n’y a ni loi ni juge. Chacun fera ce qu’il voudra », aurait-il également déclaré.
Aisman et Baharav-Miara ont déclaré aux ministres que des actes d’accusation avaient été déposés, mais qu’ils n’en connaissaient pas le nombre. Ils ont ajouté qu’ils n’étaient pas responsables de l’application de la loi sur le terrain.
La réunion a eu lieu alors que la police se préparait à une escalade des protestations prévues pour le week-end et le début de la semaine prochaine, les forces de l’ordre s’attendant à une forte participation aux manifestations.
Les services de renseignement des forces de l’ordre ne s’attendent toutefois pas à des surprises, selon la chaine publique israélienne Kan, après qu’un groupe de manifestants a bloqué une autoroute de Tel Aviv jeudi.
La chaîne a également rapporté que le chef du syndicat des travailleurs de l’aéroport, Pinchas Idan, membre du parti du Likud de Netanyahu, avait déclaré qu’il était prêt à fermer l’aéroport Ben Gurion si cela permettait de faire avancer la réforme du système judiciaire du gouvernement.
Idan a fait ces commentaires lors d’une audience du tribunal interne du Likud sur une demande d’éviction du patron du syndicat pour avoir participé à la grève générale déclarée par la fédération syndicale Histadrout le 27 mars, alors que les manifestations anti-gouvernement se multipliaient à la suite de la décision de Netanyahu de limoger le ministre de la Défense Yoav Gallant pour avoir appelé à suspendre le projet de loi sur la réforme du système judiciaire. La grève a été annulée plus tard dans la journée, après que Netanyahu a gelé le processus législatif pour permettre des négociations avec l’opposition, qui n’ont, à ce jour, toujours pas été fructueuses et qui ont récemment été suspendues, les deux parties se querellant sur la commission de sélection des juges.
Malgré l’annonce de Netanyahu d’une pause du processus législatif, Idan s’est attiré les foudres des membres du Likud pour avoir retardé de nombreux vols ce jour-là, et 2 000 membres du parti ont signé une pétition appelant à son éviction. Pour sa défense, Idan a déclaré qu’il avait compris que la grève avait été mise en œuvre en coordination avec Netanyahu.
« J’ai été induit en erreur par le président de la Histadrout [Arnon Bar-David] en pensant qu’il y avait une coordination avec le bureau du Premier ministre », a déclaré Idan, cité par Kan.
Au milieu des procédures engagées contre lui, d’autres membres du Likud ont exprimé leur soutien à Idan, le contrôleur du parti ayant déclaré en avril que, s’il était expulsé du parti, Netanyahu et Gallant devraient l’être également, notant que les ministres et les députés n’avaient pas été confrontés à de potentielles sanctions pour leurs propres appels ou actions visant à mettre fin à la législation judiciaire.