Barkat s’opposera au projet de loi de conscription des Haredim faute de changements majeurs
Le ministre de l’Économie a affirmé, sans donner de nom, qu'il votera contre la loi sur l'enrôlement des ultra-orthodoxes "avec d'autres députés du Likud"
Le ministre de l’Économie Nir Barkat a été le deuxième membre important du Likud, le parti au pouvoir, à déclarer publiquement qu’il votera contre la loi sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes – ou Haredim – si elle ne subit pas de « changements fondamentaux » avant d’être soumise à un nouveau vote au plénum de la Knesset.
Barkat a déclaré mercredi qu’il s’opposerait au texte actuel du projet de loi controversé, qui traite du service militaire des ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva, et qu’il le ferait « avec d’autres députés du Likud » – sans les nommer.
Il rejoint ainsi le ministre de la Défense Yoav Gallant qui, contrairement aux 63 autres députés de la coalition, avait déjà voté contre le projet de loi lors du vote de la semaine dernière, qui a relancé le projet de loi de la Knesset précédente, permettant ainsi au processus législatif de se poursuivre à partir du stade où il avait été abandonné.
Le projet de loi prévoit d’abaisser l’âge auquel les Haredim étudiant en yeshiva sont exemptés du service militaire. L’avancement du projet de loi en temps de guerre, et alors que l’armée a déclaré avoir besoin de milliers de soldats supplémentaires dès que possible, a suscité l’ire de nombreux Israéliens sionistes – laïcs et religieux.
La Haute Cour a exigé qu’une nouvelle politique égalitaire soit légiférée, faute de quoi l’État commencerait immédiatement à recruter des dizaines de milliers d’étudiants en yeshiva, une mesure à laquelle les partis ultra-orthodoxes sont farouchement opposés.
Dans sa déclaration, Barkat a indiqué que son précédent vote en faveur du projet de loi était « technique » et a précisé les conditions dans lesquelles il le soutiendrait désormais.
Dans une lettre adressée au Premier ministre Benjamin Netanyahu et à d’autres responsables de la coalition, Barkat a déclaré que la future loi devait imposer un service obligatoire « pour tous les résidents de l’État, y compris les communautés haredi et arabe », répondre aux besoins des services de sécurité, reconnaître « l’importance et la valeur des études de la Torah », demander à Tsahal d’adapter les options de service aux besoins des soldats issus des communautés ultra-orthodoxes et « autres », et introduire une série de mesures incitatives – axées sur les combattants – et des sanctions différentielles en cas d’évasion du service militaire.
Le Likud a réagi en déclarant qu’il « attendait de Nir Barkat qu’il s’occupe du coût de la vie et qu’il ne cherche pas de prétextes pour renverser un gouvernement de droite en temps de guerre ».
Lors du vote en faveur de la « relance » du projet de loi consacré au service militaire des étudiants en yeshiva qui datait de la précédente Knesset, le député Dan Illouz (Likud) originaire du Canada – qui avait exprimé des réserves sur la législation – avait finalement voté en sa faveur tout en estimant qu’elle avait besoin « d’améliorations significatives ».
« La législation actuelle n’est pas parfaite et elle a encore besoin d’être significativement améliorée, en particulier au vu des défis sécuritaires que nous sommes amenés à affronter dans cette période post-7 octobre », avait-il répondu à une question posée par le Times of Israel.
Dans un courrier conjoint qui était adressé à Netanyahu, la semaine précédent le vote, Illouz, le député Moshe Saada (Likud) et le ministre de la Diaspora Amichaï Chikli avaient fait savoir que s’ils avaient l’intention de voter pour la relance du texte, ils ne le soutiendraient pas en seconde lecture et ni en troisième lecture – la dernière – si « des changements significatifs » n’y étaient pas apportés. Si Chikli n’est pas député et qu’il ne vote donc pas au Parlement, sa présence parmi les signataires de la lettre avait souligné les réserves que certains, dans la coalition, peuvent avoir à l’égard du texte.
Si le texte faciliterait ostensiblement la vie des étudiants en yeshivot et qu’il a obtenu le soutien des partis haredim, les mêmes formations politiques, sous la Knesset précédente – elles étaient alors dans l’opposition – s’y étaient opposées avec férocité, estimant qu’il avait pour objectif de détourner les ultra-orthodoxes des études de la Torah et du mode de vie de la communauté en permettant aux jeunes étudiants de quitter le séminaire religieux plus tôt pour intégrer le marché du travail israélien, sans crainte de devenir éligible au service militaire.
Toutefois, ces partis devraient exiger des révisions du texte avant de le soutenir encore au cours du processus – un soutien qui les placera probablement en conflit direct avec les membres laïcs du Likud.