Israël en guerre - Jour 430

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Beate et Serge Klarsfeld, leçon de vie d’un couple de justiciers

Les célèbres chasseurs de nazis publient cette semaine leurs mémoires

Serge et Béate Klarsfeld à Jérusalem, en novembre 2009. (Crédit : CC BY SA 3.0)
Serge et Béate Klarsfeld à Jérusalem, en novembre 2009. (Crédit : CC BY SA 3.0)

C’est l’histoire d’un jeune couple franco-allemand qui décida un jour, seul contre tous, de se battre contre l’impunité des criminels nazis : les « Mémoires » de Beate et Serge Klarsfeld (Editions Fayard-Flammarion) sont une poignante leçon de vie.

Le combat est inégal : Beate, Allemande, vient d’être révoquée de l’Office franco-allemand pour la jeunesse pour avoir dénoncé l’élection en 1966 de l’ancien nazi Kurt Georg Kiesinger au poste de chancelier de la République fédérale d’Allemagne.

« On s’est dit : on va mettre à la porte le chancelier », raconte à l’AFP Serge Klarsfeld, l’œil pétillant, dans son bureau parisien de l’Association des fils et filles des déportés juifs de France, tandis que Beate finit, dans la pièce d’à côté, un entretien télévisé.

Où en ont-ils trouvé la force ?

Lui, fils d’un déporté à Auschwitz-Birkenau, né en 1935, pense à son père, Arno, raflé dans le sud-est de la France sous ses yeux, qui « avait assommé un kapo à l’arrivée du convoi à Auschwitz parce qu’il n’avait pas l’habitude d’être frappé ».

Il entend ses derniers mots à Nice, caché derrière la paroi d’un placard fouillé par un soldat allemand. « Soixante-dix ans après j’entends encore le bruit des vêtements coulissant sur la tringle », écrit-il dans ces Mémoires croisées.

Elle, fille d’un ancien soldat de la Wehrmacht, née en 1939, se sent « responsable ». « Serge m’a dit : il ne faut pas avoir honte d’être Allemande, mais il faut s’engager », dit-elle à l’AFP.

Ils se rencontrent à Paris sur un quai de métro le 11 mai 1960, jour de l’enlèvement par un commando israélien en Argentine d’Adolf Eichmann, artisan de la « Solution finale ».

« Il faut poétiser ta vie, Beate, la récréer », lui écrit-il. Face à Kiesinger, ils sont prêts et soudés. Mais que faire ? « Avec les méthodes traditionnelles ca me marchait pas », dit-elle. Il faut un acte sensationnel.

‘Aller au-delà de nous-mêmes’

Ce sera la gifle de Beate à Kiesinger, le 7 novembre 1968 en plein congrès de la CDU chrétienne-démocrate à Berlin, qui fera connaître leur combat au monde et vaudra à Beate un bouquet de roses de l’écrivain allemand Heinrich Böll avec ce mot : « Merci ».

La publication des Mémoires du couple attire un ballet de journalistes : un caméraman tourne quelques plans des livres disposés sur la table, dont le monumental « Mémorial de la déportation des juifs de France », oeuvre d’une vie dans laquelle Serge a recensé les 80 000 juifs déportés depuis l’Hexagone.

Serge Klarsfeld a laissé sa casquette en cuir posée sur les livres, gage de normalité dans un tourbillon médiatique qui dure depuis plus de quarante ans.

Il fallait le même calme pour entreprendre l’enlèvement manqué de Kurt Lischka, l’ancien chef de la Gestapo à Paris vivant à Cologne en totale impunité, ou la traque en Bolivie de Klaus Barbie, « le boucher de Lyon », extradé en France en 1983 et condamné à la perpétuité en 1987.

Il fallait aussi de la chance : Serge Klarsfeld retrouve le télex de Barbie ordonnant la déportation de 44 enfants d’Izieu, près de Lyon, pièce décisive parmi des millions d’archives. « Une intervention divine », dit-il en souriant.

Entretemps, Beate dénonce les violations des droits de l’Homme en Argentine et l’antisémitisme dans les pays de l’est, à Varsovie ou à Prague.

Ensemble, ils poursuivent en justice en France les personnalités du régime collaborateur de Vichy : René Bousquet, Jean Leguay, Maurice Papon et Paul Touvier. Contre la volonté du président François Mitterrand, qui parvient à retarder certaines procédures.

En 1995, ils obtiennent du nouveau président Jacques Chirac une déclaration historique. Pour la première fois, un chef de l’Etat reconnaît que la France a été complice dans la déportation des juifs : « La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ».

« Même seuls, nous pouvons aller au-delà de nous-mêmes », résume aujourd’hui Serge Klarsfeld. « Chaque personne peut faire beaucoup plus, dans la vie, que ce qu’elle croit être en mesure de faire ».

Publiées cette semaine en France, leurs Mémoires paraîtront en octobre en Allemagne, avant les Etats-Unis à une date encore indéterminée.

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