« Beaucoup de preuves » des crimes d’Assad en Syrie
Les nouvelles autorités syriennes semblent "chercher à garantir la préservation des preuves pour l'avenir", selon l'ONU

En dépit de la destruction de documents et d’autres indices sur les crimes commis en Syrie sous le régime de Bachar al-Assad, les enquêteurs de l’ONU ont souligné vendredi que « beaucoup de preuves » restaient intactes.
« On a trouvé dans le pays beaucoup de preuves, et nous n’éprouverons pas de très grande difficulté à obtenir que soit rendue justice », a dit Hanny Megally, membre de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie.
La chute soudaine du tyran Bachar al-Assad le mois dernier après des décennies de dictature a permis à la commission d’obtenir un accès au pays, alors qu’elle s’efforçait depuis le début de la guerre civile en 2011 d’enquêter à distance sur ces crimes.
« Cela a été fascinant d’être à Damas, alors que la Commission était restée depuis le début privée d’accès au pays », a ajouté M. Megally devant l’association des correspondants accrédités Acanu, après une récente visite en Syrie.
Décrivant ses visites de prisons à Damas, il a reconnu que « beaucoup de preuves » ont été « abîmées ou détruites » depuis que la population s’est ruée vers les prisons et centres de détention après la chute de Bachar al-Assad.
La tristement célèbre prison de Saydnaya, lieu d’exécutions extrajudiciaires et de tortures qui symbolise les atrocités commises contre les opposants au régime, « est pratiquement vidée de tous documents », a encore déclaré le membre de la Commission d’enquête.
M. Megally a souligné qu’il y avait des signes évidents de « destruction délibérée des preuves », probablement par des proches d’Assad avant leur fuite, citant notamment deux lieux où avaient manifestement été brûlés des documents.
Mais il a estimé que l’Etat syrien sous Assad était un « système qui gardait probablement des doubles de tout, ce qui fait que si des preuves ont été détruites, elles existent à un autre endroit ».
D’autres bâtiments recèlent de nombreuses preuves, a-t-il ajouté.
« Il semble qu’il y ait beaucoup de preuves qui sont maintenant à l’abri, et qui pourront, nous l’espérons, être utilisées à l’avenir » pour que justice soit rendue, a-t-il conclu.
Sa collègue Lynn Welchman a estimé que les nouvelles autorités syriennes semblaient « chercher à garantir la préservation des preuves pour l’avenir ».
« L’une des choses les plus importantes pour l’avenir sera de garantir que ce qui s’est passé en Syrie ne s’y reproduise plus jamais », a-t-elle jugé. « Il y a beaucoup de travail à faire pour essayer d’en savoir plus sur ce qui s’est passé, afin que toutes les composantes de la société syrienne puissent aller de l’avant. »