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Beilin: Netanyahu se retirera unilatéralement de la majorité de la Cisjordanie

L'architecte des Accords d'Oslo propose un accord intérimaire suivie par une confédération mais doute que le Premier ministre choisisse cette option

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Yossi Beilin à la Conférence sur la démocratie d'Israël à Tel Aviv, le 17 février 2015. (Crédit : Amir Levy/Flash90)
Yossi Beilin à la Conférence sur la démocratie d'Israël à Tel Aviv, le 17 février 2015. (Crédit : Amir Levy/Flash90)

L’ancien ministre et le militant invétéré de la paix, Yossi Beilin, a appelé lundi à la création d’une confédération israélo-palestinienne comme une stratégie à long terme pour une solution au conflit. Une telle solution devra être précédée par un accord intérimaire qui créerait un Etat palestinien avec des frontières provisoires.

Il estime cependant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, soucieux d’éviter un Etat binational mais peu disposé à répondre aux demandes palestiniennes, finira par se retirer unilatéralement de la majeure partie de la Cisjordanie afin d’assurer une majorité juive en Israël.

Toute tentative actuelle de parvenir à un accord de statut final entre Jérusalem et Ramallah est non seulement vouée à l’échec mais, est en réalité contre-productive, a ajouté Beilin.

Il a en outre critiqué le président américain Barack Obama pour son insistance sur un gel de la construction dans les implantations en 2009 ainsi que le secrétaire d’État John Kerry pour sa tentative ratée de négocier un accord de paix global pendant neuf mois en 2013.

Alors qu’un accord de paix permanent est actuellement hors de portée, Beilin a déclaré qu’un accord intérimaire – s’il est lié à un calendrier menant à un accord de paix global – est un objectif réaliste et utile.

La fameuse Feuille de route pour la paix, la deuxième étape qui appelle à la création d’un Etat palestinien avec des frontières provisoires, pourrait être acceptable pour les deux parties, selon Beilin, qui a joué un rôle important dans le lancement des pourparlers secrets avec les Palestiniens qui ont donné lieu à la signature des Accords d’Oslo de 1993.

« Personne ne veut plus que moi un accord permanent. Pour moi recommander un accord ‘provisoire’ est comme pour un Juif religieux recommander de la nourriture taref [non-casher] », a-t-il déclaré aux journalistes étrangers lors d’une conférence en anglais à Jérusalem. Toutefois, une telle solution pourrait satisfaire le désir des Palestiniens à un Etat et permettre aux deux parties de se concentrer sur les négociations sur la frontière provisoire et un arrangement intérimaire de sécurité, a-t-il ajouté.

« Le sentiment de Kerry qu’il pouvait venir pour quelques heures, rencontrer les différentes parties, résoudre le problème et repartir vees un autre endroit … est totalement faux

« Elle ne comprend pas les deux questions très épineuses : les réfugiés et Jérusalem. Et de cette façon cela va rendre la vie du [Premier ministre Benjamin] Netanyahu facile, et Abu Mazen [le président de l’AP Mahmoud Abbas] pourra mettre fin à sa carrière avec un Etat palestinien ». Abbas lui avait assuré que si on lui donnait « un horizon et un calendrier » , il se tournerait vers une telle solution, a ajouté Beilin.

La vision à long terme pour mettre fin au conflit doit inclure l’idée d’une « confédération israélo-palestinienne », a ajouté l’ex-ministre de la Justice et le ministre adjoint des Affaires étrangères. Le territoire contesté par les Israéliens et les Palestiniens est très petit et il y a des centaines de milliers de résidents juifs dans les implantations en Cisjordanie, ce qui rend très compliquée une division claire, a-t-il indiqué.

« Ainsi, ceux qui parlent du Grand Israël à cet égard ont raison. Et ceux qui parlent de la Grande Palestine, du côté palestinien, ont également raison. Cette (confédération) est beaucoup plus raisonnable qu’une frontière artificielle », estime Beilin.

Dans une confédération, les Israéliens et les Palestiniens ont tous deux des États souverains mais coordonneraient et coopéreraient dans un large éventail de domaines, tels que l’environnement, la planification, l’aménagement du territoire, l’économie, l’agriculture, les infrastructures, le transport et la sécurité.

« Si vous avez une confédération, la frontière est là. Vous avez deux Etats séparés ; vous n’abandonnez pas l’idée de la solution à deux Etats. Ils auront des gouvernements distincts, des représentants dans le monde, une politique étrangère et autre. Mais ils devront se coordonner sur de nombreuses questions » , a-t-il précisé. « Dans une confédération, vous pouvez trouver des solutions communes pour des questions difficiles telles que les réfugiés et les implantations. Voilà pourquoi je crois qu’il est temps de parler d’une confédération – comme un espoir; pas demain, mais comme une partie de l’horizon ».

Essayer juste de réunir les dirigeants israéliens et palestiniens pour essayer une fois de plus de relancer les pourparlers sur le statut final est « dangereux », a mis en garde Beilin. « Cela ne réussira pas ». Au contraire, la communauté internationale devrait concentrer ses efforts sur les moyens de parvenir à mettre d’accord les deux parties sur « quelque chose qui est moins qu’un accord permanent. Nous devons parler de cette vision, qui est quelque chose de plus que l’habituel idée de la solution à deux Etats : la solution à deux Etats avec un parapluie ».

Yossi Beilin avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, en août 2008 (Crédit : Omar Rashidi / Flash90)
Yossi Beilin avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, en août 2008 (Crédit : Omar Rashidi / Flash90)

Sachant que le refus de Netanyahu de « payer le prix » rend impossible un accord de paix sur un statut final, l’administration américaine n’aurait pas du faire miroiter de faux espoirs qui n’ont pas pu se matérialiser plus tard et ont conduit à une plus grande frustration, a accusé Beilin.

« Il n’y a pas d’échecs gratuits. Vous payez toujours un échec. Et vous êtes toujours surpris par le fait que de faibles attentes n’empêchent pas une énorme frustration », a-t-il dit.

Étant spécifique, Beilin a critiqué Obama qui a fait pression sur Israël pour un gel des constructions des implantations en 2009 sans avoir coordonné l’étape avec les Palestiniens et sans indication qu’un tel gel mènerait à un quelconque progrès vers un accord de paix.

« Rien ne s’est passé [pendant le gel] et en conséquence, cela a repoussé pour des années le début de toute sorte de négociations », a dit Beilin d’Obama. En forçant Israël à cesser l’expansion des implantations pendant 10 mois, le président américain a rendu impossible pour les Palestiniens de négocier par la suite en l’absence d’un tel gel, a-t-il expliqué. « Il a vraiment mis les Palestiniens dans une situation impossible en raison de la meilleure des intentions ».

Le leader du parti HaBayit HaYehudi, Naftali Bennett, (à gauche) et l'ancien ministre travailliste , Yossi Beilin, lors d'un débat télévisé en 2012 (Capture d'écran Dixième chaîne)
Le leader du parti HaBayit HaYehudi, Naftali Bennett, (à gauche) et l’ancien ministre travailliste , Yossi Beilin, lors d’un débat télévisé en 2012 (Capture d’écran Dixième chaîne)

Beilin a également critiqué Kerry pour ses efforts pour parvenir à un accord sur le statut final il y a deux ans. Quiconque comprend le conflit israélo-palestinien a compris que les efforts de Kerry ne pourraient pas réussir, a fait valoir Beilin, en se demandant pourquoi le secrétaire d’Etat s’est quand même lancé dans cette aventure.

« Le sentiment de Kerry qu’il pouvait venir pour quelques heures, rencontrer les différentes parties, résoudre le problème et repartir vers un autre endroit – et j’apprécie vraiment son dynamisme – mais le sentiment que vous pouvez juste venir, faire quelque chose ici, repartir et croire que vous pouvez résoudre le problème, est totalement faux », a-t-il dit.

« Dans quelques années, Netanyahu se retirera unilatéralement »

Netanyahu est opposé à un Etat binational et a donc réalisé qu’il n’y a pas d’alternative à la séparation d’avec les Palestiniens, quoiqu’il ne soit pas prêt à accepter les conditions des Palestiniens pour un accord de paix, a dit Beilin. Selon lui, en l’absence d’un accord, Netanyahu sera bientôt forcé de se retirer unilatéralement de la majeure partie de la Cisjordanie afin d’assurer une majorité juive en Israël.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assiste à la commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset, le 26 octobre  2015 (Crédit : Hadas Parush / Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assiste à la commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset, le 26 octobre 2015 (Crédit : Hadas Parush / Flash90)

« C’est une question de trois ou quatre ans avant qu’une minorité de Juifs domine une majorité de Palestiniens. Et quoi après ? Que direz-vous alors ? Qu’est-ce que Netanyahu dira ? Demandera-t-il un ‘recomptage’ des Palestiniens ? », s’est interrogé, de manière rhétorique, Beilin.

« Je vais vous dire ce qu’il va faire : il va faire exactement ce que [l’ancien Premier ministre Ariel] Sharon a fait », a poursuivi Beilin, faisant référence au retrait de Gaza de 2005 entrepris par Sharon. Ne faisant pas confiance aux Palestiniens, Netanyahu préférera se retirer unilatéralement et « leur donnera tout gratuitement », a prédit Beilin.

« Maintenant, préférez-vous un accord avec un partenaire dont vous n’êtes pas sûr et auquel vous ne faites pas confiance et qui pourrait le violer mais qui reste une adresse », a-t-il poursuivi, « ou préférez-vous une solution unilatérale ? C’est à vous de choisir. Il n’y a pas de troisième voie. Nous ne subsisterons longtemps en tant que minorité juive qui domine une majorité de Palestiniens. C’est impossible ».

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