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Ben Ali, un exilé très discret en Arabie saoudite

L'ancien président tunisien avait été condamné par contumace en juin à 35 ans de prison pour des malversations

Le président George W. Bush avec le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali dans le Bureau ovale le 18 février 2004 (Crédit : Domaine Public/Paul Morse)
Le président George W. Bush avec le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali dans le Bureau ovale le 18 février 2004 (Crédit : Domaine Public/Paul Morse)

Cinq ans après avoir été chassé du pouvoir, l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, condamné à la prison à vie dans son pays, vit en exil en toute discrétion en Arabie saoudite.

Le 14 janvier 2011, après un mois de manifestations violemment réprimées, le dictateur embarque à destination de Jeddah, sur les rives de la mer Rouge. Il est accompagné de sa seconde épouse Leila Trabelsi -l’une des personnalités les plus honnies de Tunisie- leur fille Halima et leur fils Mohamed Zine El Abidine.

Leur fille Nesrine part quant à elle avec son époux, l’homme d’affaires Sakher El Materi, au Qatar avant d’aller s’installer en exil aux Seychelles.

Du refuge saoudien de M. Ben Ali, presque rien ne filtre.

Si l’ancien général, auteur d’un « coup d’Etat médical » contre Habib Bourguiba en 1987, continue de réagir régulièrement à des informations de presse le concernant par le biais de communiqués de son avocat libanais, ce qu’il fait de ses journées, ses moyens de subsistance et ses projets sont inconnus.

« Le président Ben Ali ne souhaite pas (…) fournir de détails » sur sa vie à Jeddah, a indiqué son avocat Me Akram Azoury à l’AFP.

En 2011, dans un texte rendu public par un avocat, l’ex-président avait donné pour la première fois sa version de son départ. Il avait affirmé avoir été victime d’un stratagème mis au point par le responsable de sa sécurité, le général Ali Seriati. Celui-ci, évoquant la menace d’un assassinat, l’aurait poussé à aller mettre sa famille à l’abri, selon cette version, puis aurait empêché son retour en Tunisie.

M. Ben Ali soutenait aussi n’avoir jamais donné « l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants ». Selon un bilan officiel, 338 personnes ont été tuées dans la répression du soulèvement.

Répression, corruption

Rares aperçus de sa vie d’aujourd’hui, quelques clichés publiés par ses enfants sur Instagram. En août 2013 apparaît une photo de lui en pyjama rayé sur un compte depuis supprimé.

Un an plus tôt, Leila Trabelsi avait publié un livre, « Ma vérité », dans lequel elle rejetait les accusations de corruption et de dérive dictatoriale du régime déchu.

Pour la première fois depuis leur fuite, une photo de Ben Ali, les cheveux toujours teints d’un noir de jais, souriant à côté de sa femme portant le voile, était alors apparue, démentant les rumeurs de divorce.

Dans une interview accordée à un quotidien français via skype, Leila Trabelsi avait aussi tenu à nier que son mari soit atteint d’une maladie grave et dans le coma.

L’ancien couple présidentiel a été condamné par contumace dès juin 2011 à 35 ans de prison pour des malversations. Ben Ali a par la suite écopé à deux reprises d’une peine de prison à vie pour la répression des manifestations. Ensemble ou séparément, le couple a été condamné dans plusieurs autres affaires liées à la corruption.

Le reste du clan Ben Ali connaît des fortunes diverses.

Ghazoua, Dorsaf et Cyrine, les trois filles que Zine el Abidine Ben Ali a eues de son premier mariage avec la fille d’un général, vivent toujours en Tunisie.

Dorsaf est « malade » selon son époux Slim Chiboub, un homme d’affaires qui a regagné le pays fin 2014 après un long séjour aux Emirats. M. Chiboub avait alors été incarcéré pour « trafic d’influence ». Il a été libéré mardi après avoir accompli la période maximale de détention préventive (14 mois) mais reste poursuivi dans d’autres affaires.

Un frère de Leila, Belhassen Trabelsi, richissime homme d’affaires considéré comme le chef du clan ayant mis l’économie en coupe réglée, encourt l’expulsion du Canada, où sa demande d’asile a été refusée l’an dernier.

Imed Trabelsi, un neveu de l’épouse de Ben Ali, est emprisonné en Tunisie.

L’empire économique, qui s’étendait de la grande distribution à l’immobilier en passant par la téléphonie, les médias ou l’automobile, a été démantelé. Une partie a été privatisée mais des pans entiers restent sous contrôle d’administrateurs judiciaires nommés par l’Etat. Aucun programme d’ampleur pour ces actifs n’a encore été décidé.

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