Israël en guerre - Jour 433

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Ben Gvir à Halevi : C’est la classe politique qui prend les décisions, pas l’armée

Gallant dit que le ministre d'extrême droite est "irresponsable" en critiquant la décision de suspendre des soldats qui ont chanté dans la mosquée de Jénine

Le chef du parti Otzma Yehudit et ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, dirige une réunion de faction du parti Otzma Yehudit à la Knesset à Jérusalem, le 18 décembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Le chef du parti Otzma Yehudit et ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, dirige une réunion de faction du parti Otzma Yehudit à la Knesset à Jérusalem, le 18 décembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, aurait interpellé le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, lors d’une réunion du cabinet de sécurité lundi, lui reprochant la suspension de plusieurs soldats qui avaient été filmés s’emparant de la sono d’une mosquée de la ville de Jénine, en Cisjordanie et entonnant des chants de Hanoukka et la prière juive de Shema Yisrael (Écoute, ô Israël).

Selon des fuites dans la presse israélienne, Ben Gvir a critiqué la décision de suspendre les soldats impliqués dans l’incident lors d’un briefing sur la sécurité donné au cabinet par Halevi. Il aurait accusé le chef d’état-major de saper le moral des troupes et aurait invoqué les droits du cabinet en ce qui concerne les décisions internes des Tsahal.

Halevi a rétorqué que le cabinet ne disposait pas de ces droits et aurait à un moment donné averti Ben Gvir de ne pas le menacer.

L’armée et ce qu’ils considèrent comme un manque de progrès dans la guerre ont été critiqués par plusieurs autres ministres au cours de la réunion de lundi soir, selon des fuites des discussions.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a plus tard défendu publiquement le chef d’état-major et s’en est pris aux ministres, qu’il a qualifiés « d’irresponsables ».

Ben Gvir, le ministre d’extrême droite, a exigé de Halevi qu’il garantisse que les soldats qui avaient chanté le Shema dans la mosquée seraient réintégrés dans le service actif. « Si vous les aviez punis sans en parler aux médias, cela aurait été une affaire militaire interne. À partir du moment où nous avons contacté les médias, c’est devenu une affaire publique ; cela affecte le moral des soldats et l’autre camp le voit aussi. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef de l’armée israélienne Herzi Halevi au début d’une réunion du cabinet de sécurité à Tel Aviv, le 16 novembre 2023. (Crédit : Haim Zach/GPO)

En réponse, Herzi Halevi a rappelé à Ben Gvir que c’est l’armée qui « prend les décisions concernant les soldats. Nous parlons ici de soldats de Tsahal, et c’est à nous de prendre des décisions à leur sujet, cela ne relève pas du cabinet. »

Il a ajouté que les actions des soldats avaient violé le code de conduite de l’armée et allaient à l’encontre des valeurs des Tsahal.

L’incident dans la mosquée de Jénine s’est produit au milieu d’une opération de trois jours dans la ville du nord de la Cisjordanie, au cours de laquelle les troupes ont arrêté des centaines de suspects et saisi des armes.

Dans un communiqué annonçant leur suspension, l’armée a déclaré que le comportement des soldats était « totalement contraire aux valeurs des Tsahal ».

Un soldat des Tsahal chante depuis la plateforme de l’imam d’une mosquée dans la ville de Jénine en Cisjordanie, le 14 décembre 2023. (Crédit : capture d’écran de la vidéo X ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Non satisfait de la réponse de Halevi, Ben Gvir a insisté sur le fait que le gouvernement devrait être impliqué dans la décision.

« Bien sûr, c’est une question qui relève du cabinet. À partir du moment où vous publiez des informations dans les médias et que vous dites que vous avez suspendu des soldats, c’est une question qui doit être traitée par le cabinet, c’est une question politique. »

« Je suis membre du cabinet, je suis l’échelon politique. Nous prenons les décisions », a-t-il ajouté.

Selon un reportage de la Douzième chaîne sur la réunion, Ben Gvir aurait poursuivi : « Oy va voy si [les soldats impliqués] sont expulsés ».

« Vous avez tort. C’est moi qui décide de ce qui est ou n’est pas un comportement moral dans l’armée. Ne me menacez pas », a répondu Halevi.

Plusieurs ministres ont pris la défense de Halevi, en demandant à Ben Gvir de ne pas parler grossièrement au chef d’état-major.

« Madame, ne me dites pas ce que je dois faire », a répondu Ben Gvir à la ministre Yifat Shasha-Biton, du parti de centre-droit HaMahane HaMamlahti.

Elle lui a répondu : « Ne m’appelez pas madame ».

Selon Kan news, Ben Gvir a ensuite tenté de se placer au-dessus de Halevi dans la hiérarchie, lui disant que « dans un pays démocratique, l’armée est subordonnée aux structures politiques et non l’inverse ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef d’état-major de Tsahal Herzi Halevi lors d’une évaluation de la sécurité au Commandement du Nord de l’armée, le 7 décembre 2023. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Mardi soir, le ministre de la Défense Gallant a publiquement dénoncé les politiciens « irresponsables » sans nommer Ben Gvir ni d’autres ministres, dans un communiqué réitérant son soutien à la décision prise par Halevi.

« L’État d’Israël et Tsahal ont la chance d’avoir un chef d’état-major courageux, moral et expérimenté pendant une guerre difficile et complexe », a-t-il écrit sur X. « Tsahal continuera à agir avec détermination, conformément à son code moral basé sur les coutumes israéliennes, la loi et l’esprit de Tsahal ».

« Je continuerai à soutenir Tsahal et le chef d’état-major contre les politiciens irresponsables qui tentent de tirer des avantages politiques sur le dos des commandants sur lesquels pèse le poids de la guerre », a-t-il ajouté.

Au cours de la réunion du cabinet de sécurité de lundi soir, plusieurs ministres ont également demandé à Halevi, montrant ainsi leur impatience, quand Tsahal détruirait le Hamas et tuerait ses dirigeants. »

La Douzième chaîne a cité plusieurs ministres qui ont été entendus dans un échange qualifié « d’infantile », alors qu’ils demandaient à Halevi : « Quand verrons-nous des résultats ? » Ils ont précisé que par « résultat », ils entendaient le retour des otages, la destruction des capacités du Hamas et l’élimination de ses commandants.

Halevi aurait répondu aux ministres : « Frapper les commandants prend du temps. Il a fallu dix ans aux États-Unis pour attraper Oussama Ben Laden. Les personnes les plus compétentes y travaillent ici, cela prendra donc beaucoup moins de temps ».

Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a rétorqué : « Nous sommes allés à Gaza pour que cela prenne 10 ans ? Il faudra 10 ans pour détruire le Hamas ? »

Miri Regev a demandé : « Qui sera là pour voir le résultat ? », ce à quoi le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, Levin et la ministre des Renseignements Gila Gamliel ont répondu : « Nous serons là. Nous serons là dans 10 ans ».

Mécontente, Regev a répété : « Il nous le faut dans bien moins de 10 ans ».

Les ministres auraient également critiqué Halevi pour la surprise apparente de l’armée après la découverte d’un gigantesque tunnel du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, découverte qui a été rendue publique par l’armée dimanche.

David Amsalem, du Likud, aurait demandé : « Comment avons-nous pu être surpris par ce tunnel ? »

Regev : « Pourquoi se réjouir de la découverte d’un tunnel ? Que se passait-il pendant que nous dormions ? Il y a un film qui s’appelle ‘While You Were Sleeping’.

Halevi : « Je ne dormais pas. Nous n’avons pas été surpris, et il n’est pas nécessaire de tout dire tout haut. »

Regev : « Je ne parlais pas de vous, mais il y a une réalité qui fait qu’il nous faut comprendre comment cela a pu se produire ».

Emanuel Fabian a contribué à cet article.

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