Ben Gvir accuse la procureure générale de mener une « vendetta » à son encontre
Gali Baharav-Miara rejette l'affirmation du ministre d'extrême-droite selon laquelle elle aurait ordonné à un subordonné "d'enquêter et de trouver quelque chose" pour l'inculper
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a accusé lundi Gali Baharav-Miara de se livrer à une expédition de pêche, affirmant que la procureure générale avait entrepris de chercher un prétexte juridique pour prendre des mesures à son encontre.
S’adressant aux journalistes avant la réunion hebdomadaire de son parti d’extrême-droite, Otzma Yehudit, à la Knesset, Ben Gvir a affirmé qu’un dénonciateur l’avait informé d’un incident « totalement criminel », au cours duquel Baharav-Miara avait envoyé l’un de ses adjoints à Lahav 433, unité anti-corruption de la police, pour demander « l’ouverture d’une enquête criminelle contre moi pour distribution d’armes ».
Après avoir relayé l’information selon laquelle il n’y avait aucune base justifiant une enquête, Ben Gvir a affirmé que l’adjoint avait été réprimandé par la procureure générale, qui avait alors « envoyé un autre de ses adjoints » avec des instructions pour « enquêter et trouver quelque chose contre le ministre Ben Gvir ».
La Haute Cour de justice a récemment adopté la position des requérants selon laquelle le ministère de la Sécurité nationale, sous l’autorité de Ben Gvir, avait délivré des permis de port d’armes à feu sans autorisation.
Le bureau de Baharav-Miara a rapidement publié une déclaration affirmant que l’affirmation de Ben Gvir était inventée.
Les allégations de Ben Gvir, pour lesquelles il n’a pas fourni de preuves, sont apparues quelques jours seulement après que Baharav-Miara a déclaré au Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’il devait réévaluer le mandat de Ben Gvir, au vue de l’intervention répétée et continue de ce dernier dans les affaires opérationnelles de la police et de sa politisation des promotions de la police.
Baharav-Miara s’est opposée à plusieurs reprises à Ben Gvir au sujet de sa gestion de la police, déclarant même « illégale » une promotion du ministre d’extrême-droite et ordonnant au chef de la police d’interrompre le licenciement du principal conseiller juridique de la police.
Netanyahu a averti que le soutien de Baharav-Miara à la destitution de Ben Gvir pourrait déclencher une crise constitutionnelle.
S’adressant aux journalistes peu avant Ben Gvir, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a déclaré que le projet du gouvernement de licencier Baharav-Mirara « remettrait sur la table la question de la récusation du Premier ministre ».
Selon Ynet, Netanyahu « n’exclut plus le renvoi de la procureure générale » suite à son succès dans l’éviction de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
Si Netanyahu renvoie Baharav-Mirara, il pourrait violer l’accord de conflit d’intérêts du Premier ministre, rédigé en 2020 par l’ancien procureur général, Avichaï Mandelblit. La Haute Cour avait en effet ordonné à Netanyahu de signer cet accord afin qu’il puisse continuer à exercer ses fonctions de Premier ministre tout en étant poursuivi pour fraude, corruption et abus de confiance.
Suite aux propos de Ben Gvir, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a appelé Baharav-Miara à démissionner, l’accusant de ne pas respecter la démocratie israélienne.
S’adressant aux journalistes avant la réunion hebdomadaire de son parti, HaTzionout HaDatit, à la Knesset, Smotrich a accusé Baharav-Miara « d’encourager » les attaques et les « expressions de haine » contre Netanyahu, plutôt que de lutter contre « l’incitation ».
Smotrich a également critiqué l’opposition de Baharav-Miara à la décision prise dimanche par le cabinet de contraindre les conseillers juridiques ministériels en poste depuis plus de sept ans à prendre leur retraite. Il l’a accusé de refuser de « respecter la démocratie israélienne et la volonté du peuple et de ses représentants élus ».
Smotrich a affirmé que les objections de Baharav-Miara étaient fondées sur le désir « de protéger ses amis et de faire rentrer des millions de shekels supplémentaires dans leurs poches aux dépens des citoyens d’Israël ».
« Je demande à la procureure générale de faire preuve d’intégrité et d’équité. Vous abusez de votre position et de votre autorité pour mener une lutte politique. S’il vous reste une once d’intégrité, démissionnez de votre poste de procureur général. »
Suite aux feux d’artifice tirés samedi soir devant le domicile de Netanyahu à Césarée, les membres du cabinet du Premier ministre se sont déchaînés contre Baharav-Miara, lançant de nouveaux appels à son renvoi.
Dans un message incendiaire publié sur le réseau social X dimanche, le ministre des Communications Shlomo Karhi, qui s’est déjà heurté à Baharav-Miara par le passé, a réclamé son renvoi tout en invoquant les principes de la loi juive relatifs aux tentatives de meurtre pour justifier sa position.
« La procureure générale doit retourner chez elle et elle doit le faire aujourd’hui », a poursuivi Karhi.
« Si quelqu’un vient vous tuer – que ce soit en exploitant notamment la faiblesse et l’accord tacite qu’apporte le silence – redressez-vous et éliminez-les », a-t-il écrit, paraphrasant un extrait du Talmud consacré à l’autodéfense : « Si quelqu’un vient pour vous tuer, levez-vous et tuez-le le premier. »
Les propos de Karhi ont suscité l’indignation des députés de l’opposition, dont Lapid, qui a accusé le ministre des Communications « d’inciter ouvertement au meurtre contre la procureure générale » et a demandé sa démission.
Le ministre des Affaires de la Diaspora, Amihaï Chikli, a également critiqué Baharav-Miara, affirmant qu’elle empêchait l’application équitable de l’état de droit au sein de la société israélienne.
Sur X, Chikli a demandé la « destitution immédiate » de la procureure générale, qui, selon lui, a causé « des dégâts sans précédent à l’état de droit et à l’ordre public ».