Ben Gvir affirme que selon les renseignements, les manifestants veulent sa mort
Un haut-responsable a nié toute information de ce genre ; Lapid a qualifié le ministre d'extrême-droite de "clown", de "menteur" et l'opposition réclame son limogeage à Netanyahu
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a affirmé lundi que des informations transmises par les services de renseignement laissaient entendre que les manifestants qui protestent actuellement contre le projet de refonte radicale du système judiciaire programmaient son assassinat politique et celui du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le leader du parti Otzma Yehudit d’extrême-droite a déclaré à la chaîne publique Kan que s’il ne fallait pas faire une généralisation sur les centaines milliers de manifestants, il y avait dans le mouvement de protestation, « des individus qui sont en train de programmer le prochain assassinat politique ».
« La majorité des manifestants sont de bonnes personnes mais il se trouve, parmi eux, des gens qui sont en train de préparer le prochain assassinat politique, des gens qui disent ‘vous devez tuer Ben Gvir, Sara Netanyahu, vous devez assassiner Benjamin Netanyahu », » a dit Ben Gvir.
« Je vois les évaluations faites par les renseignements et j’écoute ceux qui lancent des cris qui émanent du plus profond du cœur », a-t-il continué. « Il y a des anarchistes, des gauchistes qui ont franchi la ligne rouge il y a déjà un certain temps et qui prévoient de me tuer, moi ainsi que le Premier ministre ».
Ben Gvir a aussi affirmé qu’un rassemblement des manifestants autour d’un salon de coiffure où l’épouse du Premier ministre, Sara Netanyahu, se trouvait a été « une tentative de lynchage », citant « des informations qui m’ont été transmises par les renseignements ».
« Imaginez si cela n’avait pas été Sara Netanyahu dans ce salon de coiffure mais si cela avait été Lihi Lapid ou Galit Bennett. Nous savons très bien que toutes les deux ont été traitées différemment dans le passé. Les manifestants ont le droit de crier mais ils n’ont pas le droit d’assiéger un salon de coiffure », a-t-il indiqué, faisant référence aux épouses des ex-Premiers ministres Yair Lapid et Naftali Bennett.
Un haut-responsable de la police, qui n’a pas été identifié, a déclaré ultérieurement à Kan qu’il n’avait pas connaissance des informations mentionnées par Ben Gvir concernant des assassinats politiques.
Ben Gvir a alors écrit sur Twitter qu’il était « choqué » d’apprendre que les sources de la police contredisaient ses affirmations et il s’est engagé à « faire disparaître toute politisation chez les professionnels des forces de l’ordre ».
Les propos de Ben Gvir ont par ailleurs entraîné une vive indignation dans l’opposition.
« J’appelle Netanyahu à renvoyer Ben Gvir avant qu’il ne soit trop tard ! », a écrit sur Twitter Benny Gantz, le dirigeant du parti HaMahane HaMamlahti. « Un individu comme Ben Gvir, qui a été impliqué dans le terrorisme juif au lieu de faire son service militaire, se permet d’ôter toute légitimité à des manifestants patriotes. Ben Gvir et ceux qui lancent des incitations à ses côtés sont le carburant qui alimentent le refus du service au sein de l’armée », a continué Gantz en faisant référence aux menaces récentes lancées par les réservistes de ne plus faire leur devoir en signe de protestation.
Le chef de l’opposition Yair Lapid a pour sa part estimé que Ben Gvir était « un menteur » et « un clown ».
« D’abord, le clown TikTok a fait en sorte de pouvoir regarder des écrans en donnant des ordres. Et ce matin, il a déjà commencé à inventer des ‘informations issues des services de renseignement’ qui n’existent pas. Ce n’est pas seulement ridicule mais c’est aussi dangereux », a écrit Lapid sur Twitter, faisant référence à la présence de Ben Gvir dans un centre de commandement de la police alors que les agents se heurtaient aux manifestants.
Ben Gvir a donné pour instruction aux forces de l’ordre d’avoir la main lourde contre les manifestants opposés à la refonte du système judiciaire actuellement menée par le gouvernement et qui bloquent des routes – des protestataires qui ont été qualifiés par le ministre d’extrême-droite et certains membres du gouvernement « d’anarchistes ».
Les forces de l’ordre ont été critiquées, mercredi dernier, pour leur traitement violent des manifestants à Tel Aviv, avec notamment un agent qui a envoyé une grenade incapacitante dans la foule.
La police a fait intervenir des agents à cheval et elle a utilisé des canons à eaux, samedi, lorsqu’elle cherchait à disperser les protestataires.
Les leaders du mouvement de protestation ont diffusé un communiqué accusant Ben Gvir d’avoir lancé « une campagne de mensonges et d’incitations contre les réservistes, contre les employés du secteur hi-tech, contre les médecins, les étudiants et les centaines de milliers d’Israéliens fidèles à la démocratie en tentant de les dépeindre comme des meurtriers ».
« Il n’y a aucun coin obscur, aucun mensonge que négligera ce condamné en série pour incitations au terrorisme. Nous appelons le Premier ministre à le renvoyer immédiatement de son poste », ont-ils ajouté.
Répondant ultérieurement aux critiques sur Twitter, Ben Gvir a écrit que « contrairement aux créateurs d’une campagne en faveur de la guerre civile, des effusions de sang, du refus de servir au sein de l’armée israélienne et de BDS contre le pays, je lis les informations obtenues par les services de renseignement et je reçois des évaluations régulières sur la situation. »
« La crainte d’effusions de sang est réelle. Les leaders irresponsables de la gauche ont perdu l’esprit », a-t-il poursuivi.
Ces mouvements de protestation hebdomadaires sont venus en réponse aux propositions faites par le ministre de la Justice Yariv Levin, qui veut limiter le pouvoir du système judiciaire.
Les critiques affirment que la refonte proposée affaiblira le caractère démocratique d’Israël, supprimera un contre-pouvoir déterminant et laissera les droits des minorités sans protection. Pour leur part, les partisans des réformes disent qu’elle est nécessaire pour freiner une Cour qui est, selon eux, outrageusement activiste.