Israël en guerre - Jour 348

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Ben Gvir demande l’expulsion des demandeurs d’asile érythréens après une rixe sanglante

La demande du ministre d'extrême-droite fait suite à des affrontements, à Tel Aviv, entre factions pro et anti-régime, au cours desquels deux personnes ont été tuées

Des Érythréens non loin du lieu où deux demandeurs d'asile érythréens ont été tués lors d'une bagarre avec des militants pro-régime, dans le sud de Tel Aviv, le 24 août 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)
Des Érythréens non loin du lieu où deux demandeurs d'asile érythréens ont été tués lors d'une bagarre avec des militants pro-régime, dans le sud de Tel Aviv, le 24 août 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Samedi soir, le ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a demandé que soient expulsés les demandeurs d’asile érythréens, après une rixe entre migrants pro et anti-régime, dans les rues de Tel Aviv, au cours de laquelle deux hommes ont été tués et cinq autres blessés.

Par voie de communiqué, le cabinet du ministre a indiqué qu’à la suite d’un entretien entre hauts responsables de la police et du ministère de la Sécurité intérieure, il avait été convenu de demander au procureur de l’État, à la procureure générale et aux ministères de la Justice et de l’Intérieur de faire le nécessaire « pour expulser les Érythréens, conformément à la demande déposée il y a de cela un an et à leur entretien avec le Premier ministre ».

« Par ailleurs, il a été convenu que le ministre de la Sécurité intérieure évoque la question avec le Premier ministre Netanyahu et lui demande d’intervenir », peut-on lire dans la déclaration de Ben Gvir qui ajoute que la police a renforcé sa présence à Tel Aviv « pour maintenir l’ordre et assurer la sécurité des habitants ».

« Par le passé, le ministère de l’Intérieur et les services du procureur ont déclaré qu’ils feraient le nécessaire en la matière, mais cela n’a pas été suivi d’effet », précise le cabinet de Ben Gvir.

Le leader du parti Otzma Yehudit, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, dirigeant une réunion de sa faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 3 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Selon les sources anonymes du ministère de l’Intérieur évoquées par le site d’information Ynet, le ministre de l’Intérieur, Moshe Arbel, aurait demandé à voir le chef de la police de Tel Aviv il y a plus d’un mois, ce que Ben Gvir n’aurait pas autorisé.

La police a déclaré que les gangs pro et anti-régime avaient lancé des pierres et s’étaient battus avec des bâtons et des pointes samedi matin. Les policiers sont intervenus pour mettre fin à l’affrontement et ont tiré quelques coups de semonce en l’air.

Les secouristes dépêchés sur place, non loin de la gare routière centrale, ont découvert deux hommes âgés d’une trentaine d’années inconscients, en arrêt respiratoire. Les tentatives de réanimation n’ont pas permis de ramener les deux hommes à la vie. Le décès a été constaté sur place.

Cinq autres personnes blessées lors de la rixe – deux grièvement, deux plus modérément et une légèrement – ont été hospitalisées.

Les lieux d’une bagarre mortelle entre Érythréens à Tel Aviv, le 24 août 2024. (Police israélienne)

Samedi soir toujours, le député Yitzhak Wasserlauf, membre du parti ultranationaliste Otzma Yehudit de Ben Gvir, a proposé de verser 5 millions de shekels du budget du ministère du Neguev, de la Galilée et de la Résilience nationale au service public d’aide au rapatriement volontaire des ressortissants étrangers.

Dans une déclaration officielle, Wasserlauf a demandé que le gouvernement évoque sans tarder le transfert de fonds au Service de retour volontaire et à l’Autorité de la population et de l’immigration, « et enjoint tous les ministres à allouer des ressources à cette fin ».

Les affrontements entre les deux groupes de demandeurs d’asile érythréens ne sont pas rares. Le mois dernier, une personne avait été tuée et une autre grièvement blessée dans une rixe de même nature à Tel Aviv ; en mai déjà, un autre homme avait été poignardé à mort dans les mêmes circonstances.

En septembre dernier, ce ne sont pas moins de 170 personnes, dont des policiers, qui avaient été blessées lors d’importants affrontements dans la ville.

Une partie des Érythréens qui vivent en Israël sont des demandeurs d’asile qui ont quitté leur pays pour fuir la conscription militaire à vie et d’autres atteintes aux droits humains du fait du régime autocratique qui prévaut en Érythrée. Les autres sont des partisans du régime qui ne disent pas craindre de représailles politiques du même ordre s’ils sont rapatriés en Érythrée, ce qui, pour certains observateurs, en fait plutôt des migrants économiques.

En Israël, plusieurs gouvernements ont pris des mesures – certaines, bloquées par les tribunaux – pour encourager ces migrants, nombreux à demander l’asile à cause de la guerre et de l’oppression qui règnent dans leur pays d’origine, à partir. On estime à 20 000 le nombre d’Érythréens entrés illégalement avant l’achèvement d’une barrière le long de la frontière égyptienne en 2012, et qui vivent aujourd’hui en Israël.

Les lieux d’une bagarre mortelle entre Érythréens à Tel Aviv, le 24 août 2024. (Police israélienne)

En septembre dernier, le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu avait donné son accord pour la mise en œuvre du projet de Wasserlauf et de la ministre de la Promotion des femmes May Golan (Likud) prévoyant 20 millions de shekels pour inciter les migrants et demandeurs d’asile africains à quitter Israël.

Il était prévu qu’une équipe interministérielle, dirigée par les directeurs généraux des ministères, soit mise en place pour « empêcher les infiltrés portent atteinte à la qualité de vie des habitants » et « les expulser » des quartiers israéliens.

Le gouvernement israélien qualifie les migrants et demandeurs d’asile africains d’« infiltrés » car ils sont entrés illégalement dans le pays. Les opposants à cette ligne soulignent qu’Israël refuse d’étudier les demandes de délivrance du statut de réfugié ou de demandeur d’asile présentées par les dizaines de milliers de migrants africains actuellement installés en Israël.

Suite aux émeutes de septembre dernier, Netanyahu avait déclaré qu’il ferait expulser les migrants pro-régime ayant pris part aux violences. Les Nations unies avaient rapidement tempéré ses ardeurs en rappelant que les expulsions collectives d’Érythréens seraient illégales.

Sur cette photo du 25 juin 2018, des demandeurs d’asile érythréens tiennent un rassemblement devant le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem. (AP/Caron Creighton)

Netanyahu a négocié un accord avec l’ONU en 2018 pour réinstaller la moitié de la population érythréenne dans des pays tiers en échange de l’octroi d’un statut à l’autre moitié, mais est rapidement revenu sur cet accord face aux pressions politiques contre l’intégration en Israël. Le flux a diminué avec la construction en 2012 d’une barrière le long de la frontière avec l’Égypte, mais nombreux sont les Erythréens dans le pays aujourd’hui encore, dans des conditions de vie difficiles.

Comme alternative aux expulsions forcées, le cabinet du Premier ministre a déclaré l’an dernier que les 20 millions de shekels seraient destinés à « encourager le départ volontaire des infiltrés ».

Carrie Keller-Lynn a contribué à cet article.

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