Ben Gvir refuse d’envoyer un représentant de la police à une réunion sur les violences des résidents d’implantation
Les partenaires du parti Otzma Yehudit auraient indiqué que la tenue d'une telle réunion, en pleine vague d'attentats terroristes palestiniens, était "exagérée et inappropriée"
De l’avis de plusieurs médias israéliens évoquant des informations du ministère de Ben Gvir, le conflit larvé entre le ministre de la Sécurité intérieure et celui de la Défense, Yoav Gallant, est monté d’un cran, samedi, lorsque Ben Gvir a fait savoir qu’aucun responsable de la police ne prendrait part à la réunion consacrée à la violence des résidents d’implantations en Cisjordanie.
Israel National News et le radiodiffuseur public Kan ont indiqué que Gallant avait prévu une réunion, ce lundi, sur « la violence des résidents d’implantations de Judée-Samarie » – nom biblique de la Cisjordanie –, ce que le cabinet du ministre de la Défense n’a en aucune manière confirmé, affirmant que l’objet était les crimes à motivation nationaliste.
Gallant aurait demandé à Ben Gvir d’envoyer le commandant en chef de la police israélienne en Cisjordanie, le major-général Uzi Levy, à cette réunion.
Selon les informations disponibles, Ben Gvir aurait refusé, évoquant les réserves de ses partenaires du parti Otzma Yehudit.
Ils auraient notamment indiqué que la tenue d’une telle réunion, en pleine vague d’attentats terroristes palestiniens, était « exagérée et inappropriée », ajoutant que Gallant se faisait représenter par des militaires de rang inférieur aux réunions consacrées au terrorisme palestinien.
« Il est inconcevable que pour les réunions sur le terrorisme arabe, Gallant se fasse représenter par un major, et qu’il demande qu’un général de division prenne part à une réunion organisée pour faire plaisir à la gauche », ont-ils déclaré.
Ben Gvir aurait proposé d’envoyer son bras droit, l’ex-résident d’implantation extrémiste Chanamel Dorfman, ce à quoi M. Gallant n’a pas donné suite.
Le cabinet du ministre de la Défense a, de son côté, critiqué la réponse de Ben Gvir.
« Dire que la réunion va porter sur la « violence des résidents d’implantations » est un mensonge éhonté. Elle portera en fait sur les moyens de faire face aux crimes à motivation nationaliste », a-t-il fait savoir, disant « regretter que le ministre Ben Gvir nuise ainsi aux tentatives des autorités d’en finir avec les violences extrémistes » en Cisjordanie.
Ce n’est pas, loin s’en faut, la première altercation de Gallant, membre du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, avec Ben Gvir depuis la formation de l’actuel gouvernement.
En début de semaine dernière déjà, les deux hommes se sont querellés autour de la table du Conseil des ministres à propos de la demande de Ben Gvir de se voir accorder le droit d’émettre des ordres de détention administrative, pour détenir des suspects en dehors de toute procédure judiciaire. Actuellement, seul le ministre de la Défense dispose de cette prérogative, principalement utilisée dans les affaires de sécurité, mais Ben Gvir, dont le ministère a la haute main sur la police, aimerait également en bénéficier pour, selon lui, lutter contre la criminalité au sein de la communauté arabe.
Lors de cette querelle, Ben Gvir, qui a par le passé été condamné à plusieurs reprises pour terrorisme, a parlé à Gallant de son expérience personnelle de la détention administrative, selon la Douzième chaine.
« Je connais cela 1 000 fois mieux que vous, j’ai connu la détention administrative », aurait-il dit.
On ne compte plus les arrestations et condamnations de Ben Gvir pour activités d’extrême droite, incitation à la violence et soutien à une organisation terroriste et Tsahal voyait en lui un tel risque pour la sécurité publique, lorsqu’il était adolescent, qu’elle lui a refusé de faire son service militaire.
Gallant lui aurait répondu : « Le fait que vous ayez fait carrière avec un passif comme le vôtre, et que vous siégiez aujourd’hui à la Knesset, ne fait pas de vous un expert de la détention administrative. »
Depuis le début de cette année, les attentats palestiniens en Israël et Cisjordanie ont coûté la vie à 26 personnes.
Selon un décompte du Times of Israel, 154 Palestiniens originaires de Cisjordanie auraient été tués dans le même temps, la plupart lors d’affrontements avec les forces de l’ordre ou à l’occasion d’attentats, sans toutefois oublier les civils innocents qui ont trouvé la mort dans des circonstances toujours peu claires.
De nombreux attentats ont par ailleurs été commis par des résidents d’implantations extrémistes contre des Palestiniens, parmi lesquels deux saccages à Huwara qui ont occasionné de gros dégâts, en représailles à des attentats terroristes dont les auteurs étaient originaires de cette ville palestinienne.