Bénéfices en hausse de 370 % pour Shufersal, dopés par la hausse des prix et la demande en temps de guerre
La chaîne de supermarchés a engrangé 238 millions de shekels entre juillet et septembre, nombre d'Israéliens ayant fait des stocks et renoncé à voyager, faute de vols
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Shufersal, la plus grande chaîne de supermarchés d’Israël, a vu ses bénéfices trimestriels augmenter de près de 370 % grâce à la hausse des prix et à la forte demande en produits d’épicerie, sans compter le nombre plus élevé d’Israéliens restés dans le pays cet été en raison de la guerre contre le groupe terroriste du Hamas, qui dure aujourd’hui depuis plus d’un an.
Shufersal a déclaré un bénéfice net de 238 millions de shekels pour le trimestre de juillet à septembre, contre 51 millions un an plus tôt. La marge bénéficiaire brute de la chaîne de supermarchés au troisième trimestre a augmenté pour se porter à 28,5 %, contre 26,2 % l’an dernier. Le chiffre d’affaires a augmenté de 6,3 % – à 1,4 milliard de shekels sur cette période – et les ventes dans les enseignes comparables ont augmenté de 6,5 % en glissement annuel.
C’est, pour Shufersal, le fruit de mesures prises pour améliorer son efficacité et réduire ses frais, dopées par un plus grand nombre d’Israéliens présents pour faire leurs courses. Nombre d’Israéliens sont en effet restés en Israël cet été et pendant les fêtes juives, les compagnies aériennes étrangères ayant interrompu leur desserte à destination et en provenance d’Israël en raison de la guerre.
« La forte baisse du nombre de compagnies aériennes étrangères assurant la desserte d’Israël cet été – une période normalement très chargée – comme au moment des fêtes juives, en septembre, a eu pour effet de maintenir en Israël un nombre plus élevé de consommateurs, ce qui a stimulé les achats de produits alimentaires de base », explique au Times of Israel Shira Achiaz, analyste du commerce de détail chez IBI Investment House.
Les compagnies aériennes étrangères ont alternativement annulé puis repris leur desserte d’Israël depuis le 7 octobre 2023, jour où la guerre à Gaza a commencé par le pogrom perpétré par le Hamas dans des communautés du sud, au cours duquel des milliers de terroristes ont assassiné près de 1 200 personnes, essentiellement des civils, et fait 251 otages.
Ces derniers mois, les compagnies aériennes américaines ont totalement suspendu la desserte d’Israël en raison de l’intensification des combats entre Israël et le Hezbollah soutenu par l’Iran dans le sud-Liban et de l’escalade des tensions au Moyen-Orient. En Europe, la plupart des compagnies ont prorogé la suspension de la desserte de Tel Aviv jusqu’à fin mars 2025.
En outre, les fournisseurs de produits alimentaires israéliens ont augmenté leurs prix cette année, en raison, expliquet-ils, de coûts d’exploitation plus élevés – électricité, eau et taxes municipales.
« Comme le débat public en Israël se concentre essentiellement sur la guerre, les détaillants du secteur de l’alimentation en profitent pour augmenter les prix au moment où les dépenses opérationnelles augmentent elles aussi », poursuit Achiaz. « Nous estimons que les biens de consommation à rotation rapide, comme les aliments et produits de nettoyage, ont augmenté en moyenne de 5 % cette année. »
Shufersal fait partie du trio de tête des chaînes de supermarchés qui captent à eux seuls plus de la moitié du marché israélien de la vente au détail de produits alimentaires. La forte concentration dans le secteur alimentaire israélien limite la concurrence, exerce une pression à la hausse sur les prix et augmente le coût de la vie en Israël.
Shufersal, qui a 431 succursales et plus de 15 000 employés, compte 2,1 millions de membres de son programme de fidélité.
La forte concentration du secteur de l’alimentation s’accompagne de coûts élevés pour les consommateurs, qui ont du mal à joindre les deux bouts alors même que l’économie est malmenée par la guerre.
Le coût de la vie en Israël est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE, ce qu’explique généralement le manque de concurrence entre importateurs et fabricants israéliens, assez libres, de ce fait, d’augmenter les prix, sans oublier les restrictions à l’importation qui empêchent les entreprises étrangères d’entrer sur le marché.
Selon les données comparatives sur les prix à la consommation de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les prix des aliments et des boissons en Israël sont, en moyenne, de 52 % plus élevés que ceux constatés dans les pays développés, juste derrière la Corée du Sud.
Le prix du pain et des céréales en Israël est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE – 49 % au-dessus de la moyenne : seuls les prix suisses sont plus élevés.
Les prix des produits laitiers et des œufs en Israël sont les deuxièmes plus élevés des 38 pays de l’OCDE, 64 % plus chers que la moyenne.