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Interview

Bennett : Faites prendre ses responsabilités à l’Iran

Dans une interview accordée au Times of Israel en perse, le ministre de l'Éducation recommande vivement à Israël de se concentrer davantage sur "la tête de la pieuvre" iranienne que sur ses groupes mandataires

Le ministre de l'Education et chef du parti HaBayit HaYehudi Naftali Bennett lors d'une réunion hebdomadaire de sa faction à la Knesset, le 15 janvier 2017 (Crédit :  Miriam Alster/Flash90)
Le ministre de l'Education et chef du parti HaBayit HaYehudi Naftali Bennett lors d'une réunion hebdomadaire de sa faction à la Knesset, le 15 janvier 2017 (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Comparant l’Iran à une pieuvre qui déploie ses tentacules terroristes pour attaquer Israël, le ministre de l’Education a indiqué cette semaine que Jérusalem devait commencer à demander des comptes à l’Iran pour les agressions commises par ses groupes mandataires au Liban et en Syrie.

Dans une interview accordée au Times of Israel en perse, Bennett, qui est un membre influent du cabinet de sécurité, affirme que cela fait trop longtemps qu’Israël se concentre sur la lutte contre le Hezbollah sur la frontière nord de l’Etat juif tout en donnant un accès libre aux patrons du groupe terroriste, à Téhéran.

L’Etat juif ne s’intéresse pas à une confrontation militaire et éprouve un grand respect pour la population iranienne, explique-t-il. Et même temps, il répète l’intention déclarée du Premier ministre de faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher l’Iran de s’établir militairement en Syrie.

« Mon approche est de petit à petit demander de plus en plus de comptes à l’Iran pour ses actions. Et de voir une roquette envoyée depuis le sud du Liban vers Haïfa comme une roquette iranienne, pas une roquette du Hezbollah », ajoute Bennett.

Le modus operandi iranien est de créer des armées mandataires formées de non-iraniens, dit le ministre. Le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, « combattra Israël jusqu’à la dernière goutte de sang libanais », ajoute-t-il, notant que les Iraniens disposent de milices libanaises mais également pakistanaises et afghanes qui répandent la terreur dans tout le Moyen-Orient.

Bennett indique avoir commandé des missions de destruction de lanceurs de roquettes au cours de la guerre contre le Hezbollah au Liban en 2006.

« Nous avons combattu le mandataire. Ce que je veux dire, c’est que l’initiateur, l’instigateur de tout cela – la tête de la pieuvre, si vous voulez – c’est le régime radical iranien. Et petit à petit, nous allons nous concentrer sur lui et lui demander d’assumer ses responsabilités ».

Bennett, chef du parti nationaliste HaBayit HaYehudi et concurrent déclaré au poste de Premier ministre après le départ de Netanyahu, refuse de donner davantage de détails, disant seulement que si un harceleur demande à ses messagers de commettre des attaques, « le harceleur ne peut pas en sortir éternellement indemne ».

« Parfois, lorsqu’on regarde de multiples incidents isolés et qu’on relie les points entre eux, on a une image plus large. Et cette image plus large, c’est que nous combattons les tentacules d’une pieuvre depuis de nombreuses années, tandis que sa tête [l’Iran] profite d’un certain degré d’immunité ».

Dans une opinion écrite le 2 avril pour le Times of Israel, Bennett avait précisé qu’Israël considérerait tout tir de roquette depuis le territoire libanais comme « un acte de guerre mené par le gouvernement libanais », jurant de ne plus faire la distinction entre le Liban souverain et le Hezbollah.

« La grande erreur en 2006 a été de combattre seulement le mandataire et de ne demander des comptes qu’à lui seul », poursuit Bennett. « Aujourd’hui, le paradigme auquel je crois est de demander des comptes, de plus en plus, à la chaîne toute entière. Ce n’est pas un changement qui se fait du jour au lendemain, c’est un changement graduel ».

Des partisans du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah pendant un évènement commémorant les 11 ans de la fin de la 2e guerre du Liban avec un discours télévisé d’Hassan Nasrallah, à Khiam, dans le sud du Liban, le 13 août 2017. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Bennett se réjouit d’être parvenu à convaincre d’autres ministres israéliens de demander des comptes à l’Iran pour les actions de ses mandataires. « J’ai réussi à faire adopter ce point de vue dans une grande mesure. Mais ce n’est pas assez. Il doit y avoir un meilleur équilibre de dissuasion », dit-il.

Israël ne cherche pas le conflit, souligne Bennett. « Israël n’a absolument aucune visée territoriale au Liban, en Syrie, et certainement pas en Iran. Tout conflit qui pourrait émerger serait le résultat des agressions contre nous ».

Il ajoute que « nous ne cherchons pas la guerre avec l’Iran. La réaction naturelle, c’est que si quelqu’un vous tire dessus, vous tirez vous-même vers la source du coup de feu. Physiquement, on nous tire dessus depuis le sud du Liban. Le réflexe naturel est donc de combattre le fusil qui vous tire dessus et de ne pas vous poser trop de questions sur la personne qui donne les ordres, qui finance, qui forme, qui envoie les tireurs. Mais nous devons y réfléchir largement ».

S’exprimant en anglais auprès du The Times of Israel en perse dans son bureau du ministère de l’Education dans le centre ville de Jérusalem, Bennett évoque également les inquiétudes israéliennes relatives à la situation en Syrie, disant que le régime du président Assad « est assez stable et qu’il semble qu’il ait prévalu ».

Les Iraniens, arrivés à l’origine en Syrie pour soutenir l’armée affaiblie de Assad à prendre le dessus face aux rebelles, cherchent maintenant à s’enraciner militairement dans le pays et à y « établir une menace iranienne directe contre Israël », estime Bennett. Il y a trente ans, la république islamique est parvenue à « iraniser » le Liban via le Hezbollah et aujourd’hui, elle tente de faire la même chose en Syrie, ajoute le ministre.

Une affiche à l’effigie de Bashar el Assad et d’Hassan Nasrallah, à Damas le 7 septembre 2017. (Crédit : AFP PHOTO / LOUAI BESHARA)

« Nous considérons cela comme le désir de créer une hégémonie régionale, et d’assiéger Israël sur ses flancs variés, et c’est inacceptable de notre point de vue », déclare-t-il.

Bennett refuse de débattre de ce que sont les lignes rouges de l’Etat juif à cet effet et des moyens que le pays veut utiliser pour les faire respecter. « Ceux qui doivent le savoir le savent. Nous ferons en sorte que nos actes soient plus entendus que nos paroles », dit-il. « Dire que nous ne permettrons pas à l’Iran d’établir une présence militaire continue en Syrie est suffisant. »

Dans cette interview – qui a été publiée sur le site en perse du Times of Israel — Bennett a également critiqué l’accord sur le nucléaire iranien, exprimant son inquiétude non seulement sur l’autorisation donnée au régime d’acquérir un arsenal nucléaire dans plusieurs années mais aussi sur une augmentation probable des agressions conventionnelles de la part de Téhéran.

« L’accord signifie que nous sommes en marche vers le ravin. Dans huit ou 13 ans, en fonction de comment vous comptez, on pourra construire de nombreuses bombes nucléaires. Alors ce n’est pas immédiat, il y a une tendance naturelle à ne pas y prêter garde. Mais nous ne pouvons pas nous le permettre. Parce que sept ou huit ans, ce n’est rien à l’échelle de l’histoire », s’exclame-t-il.

« Curieusement, l’effet principal ne serait pas nucléaire. Cela créerait une chutzpah conventionnelle [guerre] de l’Iran », ajoute-t-il. « Nous verrions naître beaucoup de tensions et de conflits parce que cela leur donnerait un sentiment de sécurité. Les pays qui obtiennent l’arme nucléaire ont tendance à se montrer particulièrement aventureux dans leurs agressions ».

Ali Khamenei lors d’une réunion le 17 février 2014 à Téhéran (Crédit : Site officiel de Khamenei/AFP)

Israël n’est pas opposé à un accord en tant que tel avec l’Iran au niveau international mais la convention actuelle – connue sous le nom de JCPOA (Plan global d’action conjoint) – présente plusieurs failles graves qui doivent être comblées, insiste-t-il. « Nous ne suggérons pas nécessairement qu’il faut défaire l’accord, mais ajouter des éléments », a-t-il dit, ajoutant que l’imposition des écrasantes sanctions américaines suffiraient à contraindre l’Iran à renégocier l’accord.

Bennett insiste, au début de cette interview d’une demi-heure, sur le fait qu’il apprécie les Iraniens ordinaires.

« Nous, les Israéliens, nous respectons profondément le peuple perse. Ce n’est pas un secret que nous admirons leur intelligence, leur caractère, leurs valeurs », dit-il.

Un grand nombre d’Israéliens ont le sentiment qu’il y a un « potentiel considérable » d’alliance, à l’avenir, entre eux et les Perses, ajoute-t-il. « Mais en même temps, nous avons un régime qui s’acharne à attaquer Israël. C’est malheureux, mais dans l’histoire au sens large, c’est une anomalie qui disparaîtra à un moment ».

Malgré son admiration pour la population iranienne et son dédain pour le régime actuel, Bennett a rejeté l’idée d’une promotion active d’un changement de régime de la part d’Israël.

« En fin de compte, le changement de régime doit venir de l’intérieur. Je ne crois pas beaucoup aux changements de régime forcés qui viennent de l’extérieur », explique-t-il. « Si à un moment, [les Iraniens] en ont la volonté, le courage, le monde devra se tenir aux côtés du peuple perse. Mais je ne pense pas que nous devions initier ce type de choses. Nous ne nous préoccupons pas d’orchestrer les régimes et les gouvernements des autres ».

Tôt ou tard, les Iraniens tenteront de renverser le régime d’oppression, prédit-il : « Je ne pense pas que le peuple perse voudra pour l’éternité être soumis à un régime qui ne représente pas ses vraies valeurs ».

A un large degré, « l’Iran a été détourné », continue Bennett. Les Israéliens ressentent de la sympathie pour les Iraniens et c’est pour cela que le gouvernement a offert d’envoyer des équipements médicaux via la Croix rouge à la république islamique, le mois dernier, lors d’un séisme dévastateur.

« Nous envoyons un message de paix à la population », indique Bennett. « Mais en même temps, nous nous dresserons fortement contre un régime islamique radical qui, jour après jour, veut me détruire, moi et ma famille. Nous ne le laisserons pas faire ».

Le Times of Israel en perse est actuellement le seul média non-gouvernemental et indépendant qui publie actuellement en perse des informations quotidiennes, des analyses et blogs sur Israël, des informations liées à la relation entre Israël et l’Iran et au Moyen-Orient.

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