Israël en guerre - Jour 367

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Bennett: « j’ai dit aux enfants que leur père sera l’homme le plus haï d’Israël »

Le Premier ministre désigné a défendu son accord avec Lapid : "la promesse essentielle était de sortir Israël du chaos" et est revenu sur ses accusations de terrorisme contre Abbas

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Naftali Bennett, chef de Yamina et Premier ministre désigné, lors d'une interview sur Douzième chaîne, le 3 juin 2021. (Capture d'écran Douzième chaîne)
Naftali Bennett, chef de Yamina et Premier ministre désigné, lors d'une interview sur Douzième chaîne, le 3 juin 2021. (Capture d'écran Douzième chaîne)

Au cours de sa première interview depuis la signature d’un accord qui le verrait diriger un gouvernement pour remplacer le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président de Yamina Naftali Bennett a défendu jeudi sa décision de former une coalition de partage du pouvoir avec le leader de Yesh Atid Yair Lapid, affirmant qu’il l’a fait « pour le bien du pays ».

S’exprimant sur la Douzième chaîne, le Premier ministre désigné Bennett a rejeté les critiques de certains membres de la droite selon lesquelles il n’aurait pas tenu sa promesse de ne pas rejoindre un gouvernement dans lequel Lapid serait Premier ministre. Dans la nouvelle coalition, Bennett devrait devenir Premier ministre pendant les deux premières années, suivi de Lapid pendant les deux dernières de la législature.

« La promesse essentielle de ces élections était de sortir Israël du chaos », a-t-il déclaré. J’étais le seul parti qui n’était ni ‘Rak Bibi’ ni ‘Rak lo Bibi’, et j’ai payé un prix électoral pour cela », faisant apparemment référence au fait d’avoir remporté seulement 7 sièges.

La coalition sera composée d’un mélange de partis de droite, centristes et de gauche qui avaient refusé de rejoindre un gouvernement dirigé par Netanyahu, actuellement mis en examen dans trois affaires criminelles, ainsi que du parti islamiste Raam qui, comme Yamina, avait vacillé entre le bloc de Netanyahu et le bloc anti-Netanyahu.

Le chef de Yamin Naftali Bennett et le chef de Yesh Atid Naftali Bennett Yair Lapid informent le président qu’ils ont réussi à former une coalition, le 2 juin 2021. (Autorisation)

À la veille des élections du 23 mars, Bennett est passé à la télévision pour signer un engagement à ne pas siéger dans un gouvernement avec Lapid ou à accepter un accord de rotation avec lui.

« J’ai compris que si je me tenais à ces mots, nous ne parviendrions pas à sortir Israël du chaos. Il est plus facile de se retrancher dans chaque promesse, si tout le monde faisait ça, aucun gouvernement n’aurait été formé, et c’est arrivé après quatre élections. Je savais que j’allais être critiqué, et dans le choix entre ce qui est bon pour Israël et cette chose, j’ai choisi ce qui est bon pour Israël », a déclaré Bennett jeudi.

Il a ajouté que lorsqu’il s’est associé aux partis centristes et de gauche, « j’ai dit à mes enfants que leur père allait être la personne la plus détestée du pays. Mais j’ai expliqué que je le faisais pour le bien de leur pays ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à son bureau de Jérusalem, le 20 avril 2021. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

Netanyahu a accusé le nationaliste Bennett de chercher à former un gouvernement de gauche par ambition politique, et de trahir la droite (bien que Bennett ait soutenu les efforts de Netanyahu pour former un gouvernement jusqu’à ce que ceux-ci échouent).

Netanyahu a également inclus à plusieurs reprises des partis de gauche dans ses coalitions et a négocié avec Raam lorsqu’il a essayé de former un gouvernement en avril et lorsqu’il a essayé de bloquer les efforts de Lapid-Bennett ces derniers jours.

Interrogé sur le leader du parti Raam et nouveau partenaire de coalition, Mansour Abbas, que Bennett avait qualifié à maintes reprises de « partisan du terrorisme » avant les élections, le leader de Yamina a déclaré : « Mansour Abbas n’est pas un partisan du terrorisme. J’ai rencontré un homme honnête et un leader courageux qui tend la main et cherche à aider les citoyens israéliens. »

Rejetant la suggestion selon laquelle le fait de s’appuyer sur un parti arabe israélien pourrait affaiblir la lutte contre le terrorisme du gouvernement, une affirmation qu’il a lui-même faite dans le passé, Bennett a insisté sur le fait que son gouvernement prendrait toutes les mesures militaires nécessaires, y compris à Gaza, malgré le fait qu’il s’appuie sur Raam. Si la coalition devait s’effondrer après une telle opération, « qu’il en soit ainsi… il y aurait des élections ».

Il a déclaré que l’accord de la coalition avec Raam ne concernait que les questions civiles, et non les questions de sécurité.

Avant les élections, Bennett a critiqué Netanyahu pour avoir négocié avec Abbas de Raam, dont le parti est l’aile politique de la branche sud du Mouvement islamique d’Israël.

Mansour Abbas, chef du parti Raam, arrive aux pourparlers de coalition, au village Maccabiah à Ramat Gan, le 02 juin 2021. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90

En réponse aux allégations de Netanyahu selon lesquelles son gouvernement sera de gauche et dangereux pour la sécurité d’Israël, Bennett a répliqué : « Ce n’est pas moi qui ai cédé [une grande partie de] Hébron [à l’Autorité palestinienne]. C’était Netanyahu. Ce n’est pas moi qui ai libéré des milliers de terroristes et d’assassins [dans l’accord de 2011 en échange du captif Gilad Shalit]. C’était Netanyahu. Nous établissons un gouvernement avec des gens qui pensent un peu différemment [de la politique de la droite]. C’est tout ». « Un peu beaucoup, » a souligné le journaliste Amit Segal.

Bennett, un ancien chef du Conseil des implantations, qui est favorable à l’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie, a insisté sur le fait que le nouveau gouvernement n’approuverait aucun retrait territorial.

Naftali Bennett, au centre, à l’implantation Halamish le 27 novembre 2016. (Crédit : AFP/MENAHEM KAHANA)

Lorsqu’on lui a demandé s’il considérait toujours que le problème palestinien s’apparentait à « un éclat d’obus dans le derrière » – un parallèle établi en 2013, apparemment pour indiquer qu’il était préférable de vivre avec ce problème plutôt que d’opérer une séparation territoriale – Bennett a répondu que « rétrospectivement, j’aurais changé ce propos. » En fait, a-t-il poursuivi, « le conflit national entre l’État d’Israël et les Palestiniens ne porte pas sur la terre. Les Palestiniens ne reconnaissent pas l’essence de notre existence ici, et ce sera apparemment le cas pendant longtemps encore. »

Son objectif, a-t-il dit, sera de « minimiser le conflit. Nous ne serons pas en mesure de le résoudre ». Il dit qu’il favorisera les mesures visant à améliorer et à faciliter les conditions de vie des Palestiniens – en termes d’économie, de liberté de mouvement, etc.

Après que le journaliste lui a rappelé que les partis de gauche de la coalition qu’il prévoit voient les choses différemment, il a déclaré : « Nous nous débrouillerons. »

Dénonçant les efforts visant à torpiller la prestation de serment, Bennett a déclaré qu’il « espère et croit » que le nouveau gouvernement de huit partis, qui semble avoir une faible majorité de 61 à 59 à la Knesset, sera voté en toute sécurité dans les prochains jours.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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