Bennett s’insurge contre le projet de loi d’exemption ultra-orthodoxe
"Pourquoi la nation des lions a-t-elle des dirigeants aussi lâches ?", s'est-il demandé, accusant les ministres de promouvoir un "sectarisme égoïste" et d'alourdir le fardeau des réservistes

L’ancien Premier ministre Naftali Bennett a diffusé vendredi des propos cinglants dénonçant le projet de loi d’exemption de service militaire des ultra-orthodoxes. Il a accusé le gouvernement de trahir ceux qui servent lors de cette difficile période de guerre.
Dans un long message qui a été publié sur X, Bennett a qualifié ce projet de loi – qui, dans sa forme actuelle, maintient globalement l’exemption de service militaire ou de service national en direction des jeunes étudiants en yeshiva issus de la communauté haredi – de « loi d’évasion ». S’il s’était précédemment abstenu de tout commentaire sur le sujet, il s’est également emporté contre le gouvernement qui, selon lui, a œuvré à aider des dizaines de milliers d’hommes ultra-orthodoxes à échapper au service au sein de l’armée israélienne.
L’ancien Premier ministre a déclaré que tous les députés qui soutiennent le projet de loi « trahissent tout simplement les soldats de l’armée israélienne et en particulier les réservistes qui portent le fardeau le plus lourd ». Bennett a ajouté : « Il est inimaginable que de nos jours, des politiciens cyniques éloignent les ultra-orthodoxes du service militaire au sein de l’armée israélienne, et qu’ils les éloignent du partage de ce lourd fardeau. »
Bennett a poursuivi en déclarant que les réservistes « s’effondraient » actuellement sous les pressions induites par un déploiement prolongé, notant que « les enfants pleurent et demandent pourquoi leur père les quitte à nouveau. Les entreprises privées s’effondrent à cause des dettes, des clients qui partent ailleurs. Les étudiants perdent une année d’études à l’université et personne au gouvernement ne s’en soucie ».
Israël a fait appel à des dizaines de milliers de réservistes pour combattre dans la bande de Gaza au cours des douze derniers mois, après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 qui avait fait plus de 1 200 morts. 251 personnes avaient été prise en otage dans la bande de Gaza lors de ce pogrom.
Les forces ont été d’autant plus sollicitées que l’armée israélienne a lancé une incursion limitée au Liban il y a plusieurs semaines afin de s’attaquer au Hezbollah. Le groupe terroriste chiite libanais frappe Israël depuis le 8 octobre – et les soldats israéliens tentent de repousser les terroristes à loin de la frontière pour permettre à des dizaines de milliers d’Israéliens évacués de rentrer chez eux, dans le nord d’Israël.
Bennett a affirmé que si le gouvernement avait, il y a six mois, enrôlé 15 000 des 64 000 hommes haredim éligibles et que ces hommes avaient été placés le long des frontières d’Israël, « il aurait été possible de réduire de manière significative la charge folle qui pèse sur les soldats de réserve qui sont actuellement mobilisés ».

« Mais le gouvernement choisit de ne pas le faire, et au lieu de cela, il accable encore plus ces quelques réservistes qui nous portent tous sur le dos », a-t-il déclaré.
« C’est incroyable », s’est-il exclamé. « Pourquoi la nation des lions a-t-elle des dirigeants aussi lâches ? »
Bennett a dit que s’il avait soutenu l’exemption temporaire des Haredim dans le passé, le 7 octobre « a tout changé » et le pogrom « a exposé les menaces qui planent tout autour d’Israël, nous montrant que l’armée israélienne a désespérément besoin de 20 000 soldats supplémentaires dans tous les secteurs ».
« Nous sommes déjà débordés », a-t-il déclaré, et il a accusé les ministres du gouvernement d’être un « obstacle » à la recherche d’une solution.
« Ce sont eux qui font la promotion d’une loi ignoble et cynique, une législation sur laquelle flotte un drapeau noir », s’est insurgé l’ancien Premier ministre, qui a affirmé que ces ministres « perpétuent un sectarisme égoïste qui entraîne la haine fraternelle”.
Bennett a proposé une solution au problème : « La règle devrait être simple : Donner et recevoir. Si vous ne donnez pas, vous ne recevrez pas », faisant ainsi référence aux fonds gouvernementaux accordés aux hommes haredim inscrits en yeshiva.

« Vous avez servi dans l’armée israélienne ? Vous recevrez un soutien et des avantages de la part de l’État. Vous avez servi dans des unités de combat ? Vous recevrez encore plus. Vous avez effectué vos devoirs de réserve [après la fin du service obligatoire] ? Vous obtiendrez encore plus. Vous avez échappé à l’appel sous les drapeaux ? Vous ne recevrez pas d’argent de l’État. C’est tout », a-t-il déclaré.
« Nous devons commencer à recruter nos frères ultra-orthodoxes immédiatement pour empêcher l’effondrement des réserves », a-t-il ajouté, terminant sa déclaration consacrée à la loi d’exemption sur les réseaux sociaux.
Le projet de loi, qui est en préparation depuis des mois, a été au centre d’une controverse nationale, avec un débat houleux sur le rôle des ultra-orthodoxes au sein de la société israélienne et sur le « partage du fardeau » militaire en temps de guerre.

Traditionnellement, les hommes haredim inscrits dans des yeshivot pour l’étude de la Torah sont exemptés du service militaire obligatoire – mais cette exemption n’a jamais été permanente et elle n’a été que le résultat de projets de loi de la Knesset qui expirent au bout d’un certain nombre d’années.
Au mois de juin, après l’expiration de la loi d’exemption la plus récente, la Haute Cour de justice avait statué qu’il n’y avait pas de base juridique justifiant la pratique de plusieurs décennies consistant à exempter les hommes ultra-orthodoxes de service militaire. L’armée israélienne avait alors envoyé des ordres d’incorporation à plusieurs milliers d’hommes appartenant à la communauté haredi, ce qui avait suscité des protestations et une opposition farouche de la part des dirigeants religieux et politiques des membres de cette communauté.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi visant à réglementer la question de manière générale maintient l’exclusion des ultra-orthodoxes du service militaire. Il est actuellement bloqué à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, dont le président, Yuli Edelstein, membre du Likud, a déclaré qu’il ne serait adopté que si les législateurs parvenaient à un « large consensus » sur la question.