Berlin présente son projet de mémorial aux victimes polonaises du nazisme
Le mémorial rendra hommage à plus de 5 millions de Polonais, dont 3 millions de Juifs ; à aujourd’hui, il n'existe "qu'un monument aux soldats polonais et aux anti-fascistes allemands"

Le gouvernement allemand a présenté mardi les grandes lignes de son projet de lieu de mémoire aux victimes polonaises du nazisme qui devrait être érigé au centre de Berlin.
« Nous avons besoin urgemment en Allemagne d’un lieu de commémoration, de compréhension et de rencontre avec notre voisin polonais », a déclaré la ministre allemande de la Culture, Claudia Roth, lors d’une conférence de presse à Berlin.
Cette présentation survient dans un contexte de récentes tensions germano-polonaises. À un mois et demi des législatives, les populistes nationalistes (PiS) au pouvoir à Varsovie jouent de plus en plus ouvertement la carte anti-allemande et anti-UE, dans l’espoir de mobiliser leur électorat le plus fidèle.
Questionnée à ce propos, Roth a constaté que « c’est la campagne électorale », tout en avouant « regretter » certaines déclarations « anti-allemandes ».
Baptisé « Maison germano-polonaise. Commémorer – Rencontrer – Comprendre », ce lieu de mémoire, dont l’architecture doit encore être définie, viendrait s’ajouter à trois autres monuments érigés au cœur de la capitale de l’Allemagne réunifiée : le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe (2005), celui dédié aux homosexuels (2008) et celui consacré aux Roms et aux Sintis (2012).
Il devrait probablement être construit à l’emplacement de l’Opéra Kroll, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un lieu hautement symbolique puisque c’est de cet opéra (faisant office de Parlement allemand après l’incendie du Reichstag en 1933) que Hitler avait annoncé l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, déclenchant de facto la Seconde Guerre mondiale.
Roth a dit espérer d’ici au printemps 2024 une « proposition de mise en œuvre » qui devra encore être approuvée au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand.
La ministre a en revanche refusé de donner un calendrier plus précis sur le début et la fin des travaux, ainsi que sur les coûts d’ensemble du projet.
L’idée de ce monument, qui remonte à 2017, avait été adoptée à l’automne 2020 par tous les partis représentés au Bundestag à l’exception notable du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Parmi les pays victimes de l’Allemagne nazie, la Pologne a payé un lourd tribut : entre cinq et six millions de Polonais ont perdu la vie, dont trois millions de Juifs exterminés pour la plupart dans des camps.
Jusqu’ici, il existait seulement à Berlin « un monument aux soldats polonais et aux anti-fascistes allemands », érigé sous la RDA communiste.