Berlin : Un mémorial de la Shoah tagué de graffitis antisémites et pro-palestiniens
Le monument du « Frauen Post 1943 », en honneur aux épouses non juives qui ont protesté contre les nazis, a été couvert de tags anti-Israël et de drapeaux palestiniens
JTA – Un mémorial de la Shoah à Berlin a été vandalisé avec des graffitis antisémites et pro-palestiniens, a déclaré la police locale jeudi.
Les inscriptions, taguées à la bombe sur le monument en grès, disaient en anglais « Jews are committing genocide » (les Juifs commettent un génocide). Les mots « Free Palestine » (Libérez la Palestine), accompagnés de l’image d’un drapeau palestinien, ont été peints sur le sol en contrebas du monument. Selon le Jüdische Allgemeine, une publication juive allemande, c’est un guide touristique local qui a découvert les dégâts mercredi.
Cet incident est le dernier cas en date de graffitis pro-palestiniens et antisémites sur des monuments commémoratifs de la Shoah et des sites juifs depuis le début de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre. Au début de l’été, un musée de la Shoah à Seattle a été tagué par des graffitis pro-palestiniens, et des synagogues américaines ont également été dégradées avec des messages anti-Israël. Le mois dernier, aux Pays-Bas, une statue d’Anne Frank a été vandalisée au moyen d’une bombe de peinture et, avant cela, une peinture murale réalisée en Italie en l’honneur d’Anne Frank a également été endommagée.
La police berlinoise a qualifié les graffitis d’antisémites. Le Congrès juif européen (EJC) les a également condamnés. L’agence de police de sécurité de l’État mène une enquête.
Le monument de Berlin, appelé Block der Frauen (Bloc des femmes), conçu par l’artiste juive allemande Ingeborg Hunzinger et construit en 1995, commémore les femmes non juives qui, en 1943, ont ouvertement protesté contre les nazis quand leurs maris et leurs pères juifs étaient sur le point d’être déportés.
« Ce monument honore les femmes courageuses qui, en 1943, ont protesté contre la persécution nazie de leurs maris juifs », a indiqué l’EJC dans un communiqué. » Ce manque de respect scandaleux à l’égard des victimes de la Shoah ne fait aucunement avancer la cause palestinienne. Il est tout simplement inacceptable. »
Denkmal in der Rosenstraße in Berlin-Mitte. @Report_Antisem @JFDA_eV pic.twitter.com/snzlGXQsFa
— Noa Sapir (@Czupczik) August 28, 2024
La manifestation de 1943 a été organisée par des femmes non-Juives, pour la plupart mariées à des hommes juifs, détenus dans un bâtiment qui abritait auparavant l’administration de l’aide sociale juive.
Jusque-là, les Juifs mariés à des partenaires non-Juifs n’étaient pas ciblés par le régime nazi pour être déportés ou assassinés, de peur de contrarier leurs proches non-Juifs.
Plus de 100 femmes ont participé aux manifestations, qui ont duré une semaine, jusqu’à ce qu’elles obtiennent la libération des quelque 2 000 hommes qui étaient détenus là. Selon le musée américain du mémorial de la Shoah, la manifestation de la Rosenstrasse a été la seule manifestation ouverte face aux autorités nazies en faveur des Juifs dans l’Allemagne en temps de guerre. Les hommes ont toutefois été ré-arrêtés et déportés dans des camps de travail peu de temps après. Environ 25 d’entre eux ont été déportés à Auschwitz et classés comme travailleurs par la Gestapo.
Sur le monument, on peut lire les inscriptions suivantes :
La force de la désobéissance civile
La force de l’amour
Vaincre la violence de la dictature
Rendez-nous nos hommes
Des femmes se tiennent ici
Défiant la mort
Des hommes juifs ont été libérés