Betty Woolf, dernière survivante des triplés les plus âgés, décède à 96 ans
Cette nonagénaire juive de New York, qui a contribué à fonder une communauté de synagogues à San Diego, a détenu le record Guinness de la longévité avec son frère et sa sœur
JTA – « 900 bébés vont danser à la Parade » pouvait-on lire dans un court article du New York Times du 2 septembre 1927. Parmi eux se trouvaient, selon l’article, Betty, Joseph et Minna Hocky, âgés à l’époque de 6 mois, triplés originaires du quartier Edgemere, dans le Queens, vainqueurs du concours.
Quatre-vingt-treize ans plus tard, en 2020, les triplés juifs font encore l’actualité, lorsqu’ils entrent au Guinness World Records dans la catégorie des plus vieux triplés vivants.
Le 10 juin dernier, la dernière survivante de ces triplés, Betty Hocky Woolf, est décédée à l’âge de 96 ans. Celle qui avait été enseignante au primaire avait pris sa retraite en Californie du Sud, où elle dirigeait une antenne de l’ORT, le réseau éducatif juif, et a contribué à fonder le Jewish Collaborative of San Diego, communauté de synagogues non confessionnelles.
« Betty Woolf z’l a été le cœur et la lumière de JCo depuis le jour où nous avons ouvert nos portes, il y a de cela neuf ans », a déclaré Jewish Collaborative sur Instagram.
« Tous nos membres, indépendamment de leur âge, ont bénéficié de son amour inconditionnel. Bénis soient son nom et sa mémoire : nous ferons tout notre possible pour continuer à faire vivre cet amour. »
« Ma grand-mère était intelligente, incroyablement vive, belle et tellement élégante, toujours à la pointe du style », a écrit Rachel Woolf, professeure de flûte à l’Université du Texas à San Antonio, dans un hommage sur Instagram.
« Elle a été une soeur et une épouse extraordinaires, une mère incroyable pour ses trois enfants, une grand-mère et une arrière-grand-mère fabuleuse. Elle m’a appris à tricoter et m’a généreusement offert sa Hyundai Elantra il y a quelques années. Elle m’a appris ce que signifie vieillir avec grâce, vitalité et style. »
Betty, son frère et sa sœur sont nés le 27 février 1927. Leur mère Belle était la fille d’immigrants juifs d’Autriche installés dans l’est de Manhattan. Elle a rencontré leur père, Dave, alors qu’ils travaillaient tous deux chez Rittenberg, à l’époque la plus grande maison textile de la ville. Belle n’aurait, dit la légende familiale, « rien su de cette grossesse à triplés, si ce n’est ma taille impressionnante ». La famille quitte Manhattan pour Edgemere, et le confort d’une maison, lorsque les triplés avaient trois mois.
Betty vit avec son mari Milt dans différents endroits, comme Cherry Hill, dans le New Jersey. Joseph, qui vivait dans les environs de Philadelphie, est décédé en janvier dernier à l’âge de 95 ans. Minna, installée à Silver Spring, dans le Maryland, est décédée en août 2021 à l’âge de 94 ans. Tous trois avaient également une sœur aînée, Addie Gabel, décédée en 2013.
Selon le San Diego Union-Tribune, ils ont apprécié leur célébrité de triplés nonagénaires, qui leur a permis de passer à la télévision et dans les journaux à l’âge de 90 ans, puis, de nouveau, lorsque le Guinness Book a annoncé le record.
« Ma fille avait essayé de faire enregistrer le record quand j’avais 90 ans, mais il y avait des gens plus âgés que nous », expliquait Betty Woolf au journal en 2020. Sa fille Nancy essaie une nouvelle fois, un peu plus tard, et le Guinness enregistre alors le record.
« Mes amis me disaient : ‘Je ne connais personne dans le Livre Guinness des records' » , disait Woolf au journal. « Ce à quoi je répondais : ‘ Maintenant, oui’ ».
La notice nécrologique de la famille souligne la « personnalité très extravertie de Woolf, son style, ses talents de poète, de cuisinière et d’organisatrice ».
Fan de jeux, dont le bridge et le mahjong, elle a participé aux jeux télévisés « Concentration » et « Jeopardy! » dans les années 1960, qui lui ont permis de remporter de l’argent et des prix.
Woolf laisse dans la peine son mari, leurs trois enfants et leurs conjoints, huit petits-enfants et 10 arrière-petits-enfants.
Lors de ses obsèques, qui se sont déroulées lundi, nombre de ses proches portaient des bijoux ou des vêtements dont elle leur avait fait cadeau ces dix dernières années.
« Tout le monde s’est dit qu’elle aurait aimé nous voir ainsi. (Elle l’aurait fait elle-même !) » a écrit sur Instagram Rebecca Woolf, une autre de ses petites-filles, qui est biographe.
« Ce qui fait qu’elle était partout avec nous. Sa mémoire est une bénédiction pour nous tous. »