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Biden: L’Iran pourrait éviter d’attaquer Israël si un accord de cessez-le-feu est conclu

Washington explique que le Qatar tente de convaincre le groupe terroriste de venir aux discussions de jeudi - même si un négociateur israélien aurait déploré des pourparlers voués à l'échec, à moins que Netanyahu n'élargisse le mandat de la délégation

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des voitures passent devant une photo montrant le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, étreignant le chef assassiné du Hamas Ismail Haniyeh sur la place Azadi de Téhéran, le 13 août 2024. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)
Des voitures passent devant une photo montrant le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, étreignant le chef assassiné du Hamas Ismail Haniyeh sur la place Azadi de Téhéran, le 13 août 2024. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)

L’attaque iranienne largement attendue contre Israël – une attaque qui viendrait venger l’assassinat de hauts-responsables de groupes terroristes de premier plan – pourrait bien être évitée si Israël et le Hamas parvenaient à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza lors de la reprise des négociations, cette semaine, a déclaré mardi le président américain Joe Biden.

Ces propos ont été tenus quelques heures après que des responsables iraniens ont fait savoir à Reuters qu’une éventuelle frappe de représailles pourrait être reportée pour permettre aux pourparlers d’avancer, et ce, alors même que le Hamas a annoncé qu’il ne participerait pas à ces nouvelles discussions. Un membre de la délégation israélienne a, de son côté, exprimé des doutes concernant la viabilité des pourparlers – à moins que le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’accepte d’élargir le mandat de ses négociateurs.

Les discussions portant sur la mise en place d’un accord de cessez-le-feu – qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages conservés en captivité à Gaza – devraient reprendre jeudi en Égypte ou au Qatar. Les médiateurs américains estiment que ce sommet est celui de la dernière chance concernant à la fois la libération des otages qui avaient été kidnappés par le Hamas le 7 octobre et la fin de la guerre qui a ravagé la bande depuis dix mois – mais ils considèrent aussi que ces discussions pourraient être à même d’éviter le spectre d’une guerre régionale totale, avec une implication de l’Iran.

Alors que le président américain était en visite à la Nouvelle-Orléans, les journalistes ont demandé à Biden s’il s’attendait à ce que l’Iran suspende ses représailles en cas de conclusion d’un accord.

« C’est ce à quoi je m’attends, en effet », a répondu le président.

Mais Biden a également prévenu qu’il était « de plus en plus difficile » de parvenir à un accord de cessez-le-feu, tout en faisant part de sa détermination à mettre un terme aux hostilités.

« Nous verrons ce que fera l’Iran et nous verrons ce qui se passera en cas d’attaque. Mais je ne renonce pas », a affirmé Biden.

Le président américain Joe Biden s’entretient avec des journalistes le 13 août 2024 à l’aéroport international Louis Armstrong de la Nouvelle-Orléans. (Crédit : AP Photo/Mark Schiefelbein)

Le département d’État américain, pour sa part, a déclaré mardi qu’il œuvrait à faire convaincre le Hamas d’envoyer des représentants pour qu’ils prennent part aux prochains pourparlers.

Le porte-parole du département d’État américain, Vedant Patel, a noté que Doha avait garanti à Washington qu’il « ferait en sorte que le Hamas soit représenté » lors de ce sommet de jeudi.

Le groupe terroriste avait diffusé lundi une déclaration indiquant qu’il ne viendrait pas à la réunion – à moins que les médiateurs n’amènent Israël à accepter la proposition réactualisée que le groupe avait soumis, début juillet, en réponse au cadre qui avait été proposé au préalable par les Israéliens.

Des manifestants appellent à la libération des otages détenus dans la bande de Gaza aux abords de la Kirya, à Tel Aviv, le 13 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

L’endroit où aura lieu le sommet de jeudi n’a pas encore été rendu public – mais un responsable arabe a déclaré au Times of Israel qu’il était probable qu’il se tiendra à Doha.

Malgré les rumeurs circulant sur l’éventuelle absence du Hamas, Patel a déclaré que les Etats-Unis « s’attendent à ce que ces négociations progressent ».

Dans le cadre des efforts visant à finaliser l’accord très attendu, la principale attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré aux journalistes qui se trouvaient à bord d’Air Force One que l’officiel chargé du dossier du Moyen-Orient à la Maison Blanche, Brett McGurk, se rendrait au Caire et à Doha dans les jours à venir. L’envoyé spécial Amos Hochstein devrait aller, de son côté, au Liban pour tenter d’éviter une nouvelle escalade dans la région.

Alors que des responsables iraniens avaient laissé entendre, dans la journée de mardi, que la conclusion d’un accord sur les otages pourrait empêcher la république islamique d’attaquer directement l’État juif, Jean-Pierre a déclaré que les États-Unis pensaient que « la conclusion d’un accord de cessez-le-feu est le meilleur moyen de désamorcer les tensions dont nous sommes actuellement témoins ».

Les États-Unis ont déployé d’intenses efforts diplomatiques pour dissuader l’Iran de lancer une attaque contre Israël à la suite de l’assassinat, le 31 juillet, du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran – un assassinat dont la république islamique a attribué la responsabilité à Jérusalem. L’État juif n’a ni confirmé ni démenti son implication dans ce meurtre.

Le Coordinateur de la question du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord à la Maison Blanche, Brett McGurk, arrive au Capitole américain, à Washington, le 18 avril 2024. (Crédit : Kent Nishimura/Getty Images/AFP)

Le Hezbollah, le proxy de l’Iran au Liban, a également juré de se venger de l’assassinat de son commandant militaire Fuad Shukr, lors d’une frappe qui avait eu lieu quelques heures avant l’explosion qui avait coûté la vie à Haniyeh – une attaque qu’Israël avait, cette fois-ci, revendiquée.

Face au risque accru d’une guerre au Moyen-Orient, l’Iran a entamé ces derniers jours un dialogue intensif avec les pays Occidentaux et avec les États-Unis sur les moyens d’équilibrer au mieux ses représailles, ont déclaré à Reuters trois sources iraniennes qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat en raison de la sensibilité du sujet.

Des informations avaient laissé entendre, ces derniers jours, qu’Israël pensait que l’Iran avait l’intention de lancer son attaque avant la reprise des négociations consacrées à un accord avec le Hamas, jeudi. Les déclarations récentes semblent toutefois indiquer qu’une riposte pourrait n’avoir lieu qu’après les discussions – et seulement si ces dernières ne devaient pas être à la hauteur de ce que la république islamique considérera comme satisfaisant.

=De la fumée s’élève après une frappe aérienne israélienne dans le village de Chihine, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 13 août 2024. (Kawnat Haju/AFP)

L’une des sources – un haut-responsable des services de sécurité iraniens – a dit que Téhéran et ses proxies, comme le Hezbollah, n’hésiteraient pas à lancer une attaque directe si les pourparlers entre Israël et le Hamas échouaient ou s’ils avaient le sentiment qu’Israël faisait volontairement traîner les négociations. Les sources n’ont pas précisé combien de temps l’Iran pourrait attendre avant de passer à l’action.

Un membre appartenant à l’équipe de négociation israélienne a confié devant les caméras de la Douzième chaîne israélienne, mardi soir, qu’il serait inutile de se rendre aux négociations si le Premier ministre Netanyahu n’acceptait pas d’élargir le mandat de la délégation.

Une manifestation menée par des femmes appelant à la libération des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, devant la résidence officielle du Premier ministre à Jérusalem, le 13 août 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La marge de manœuvre dont l’équipe israélienne bénéficiera dans le cadre des négociations n’a pas encore été définie et elle le sera lors d’une réunion avec le Premier ministre cette semaine, a fait savoir la chaîne.

Au début du mois, la délégation israélienne avait averti Netanyahu qu’elle serait dans l’impossibilité de parvenir à un accord avec les nouvelles exigences qu’il avait imposées à la fin du mois de juillet.

Ces conditions, qui font l’objet d’un large consensus et dont Netanyahu affirme qu’elles ne sont pas nouvelles, incluent la nécessité, pour l’armée israélienne, de conserver le contrôle du corridor Philadelphi qui court le long de la frontière entre Israël et l’Égypte, ainsi que des restrictions supplémentaires qui pèseront sur les personnes déplacées qui seront autorisées à retourner dans le nord de l’enclave côtière après l’arrêt des combats.

Les familles et les partisans des Israéliens gardés en otage par le Hamas rassemblés à l’occasion du jeûne de Tisha BeAv sur la place des Otages de Tel Aviv, le 12 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le Bureau de Netanyahu a démenti ces informations à plusieurs reprises, insistant sur le fait que le Premier ministre n’a en rien modifié la proposition soumise le 27 mai – une proposition qui avait été approuvée par les États-Unis et qui s’est depuis heurtée à des obstacles dans un contexte de négociations en dents de scie. Son Bureau a déclaré qu’au contraire, il ne faisait qu’apporter des « clarifications essentielles » permettant la mise en œuvre du cadre initial.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré mardi soir qu’Israël suivait de près les mouvements de ses ennemis dans l’attente d’une attaque potentielle.

« Nous sommes engagés dans l’élimination des menaces et nous nous préparons également en même temps à toutes les possibilités, afin d’être en mesure de passer à l’action militaire là où nous le déciderons », a-t-il ajouté, des propos qui ont été rendus publics par son bureau.

Des soldats de Tsahal opèrent dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, le 13 août 2024. (Crédit : Armée israélienne)

L’agence de presse Mehr a ultérieurement annoncé que l’Iran était en train d’organiser un entraînement militaire dans le nord du pays – sans préciser s’il était lié aux projets de Téhéran de frapper Israël.

Certains avaient anticipé une attaque lundi soir ou mardi – lorsque les communautés juives d’Israël et du monde entier ont marqué Tisha BeAv, une journée considérée comme un jour de deuil marqué du sceau du malheur dans le calendrier juif.

S’il n’y a pas eu d’attaques majeures pendant ce jour de jeûne, des terroristes du Hamas ont tenté de tirer deux roquettes en direction de Tel-Aviv pour la première fois depuis des mois – et mardi soir, une quarantaine de roquettes ont été lancées depuis le Liban sur le nord d’Israël. Aucun blessé n’a été signalé.

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