Bientôt des « archives centralisées » des preuves des crimes de l’EI en Irak
A ce stade, 8 millions de pages de documents en possession des autorités irakiennes ont été numérisées, "facilitant" déjà le travail de la justice irakienne
Des « archives centralisées » contenant des millions de documents numérisés, « preuves » des crimes des jihadistes du groupe Etat islamique en Irak, vont être lancées « dans les prochains jours », a indiqué mercredi l’enquêteur en chef de l’ONU chargé du dossier.
« Cela fait cinq ans que l’Unitad a commencé ses travaux sur le terrain en Irak, et il est clair pour nous qu’un succès de l’Unitad est possible seulement en travaillant aux côtés des autorités irakiennes », a déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU Christian Ritscher, à la tête de cette équipe chargée d’enquêter sur les crimes de l’EI.
Pour cet ancien procureur fédéral en Allemagne, un succès signifierait que les auteurs de ces crimes « soient tenus pour responsables sur la base de preuves devant des tribunaux compétents ». Et pour cela, il faut notamment « des preuves admissibles et fiables ».
« Je peux vous assurer que les preuves des crimes de l’EI en Irak ne manquent pas », a-t-il noté, décrivant « l’importante bureaucratie » de l’EI.
Dans ce contexte, l’Unitad a lancé un immense projet de numérisation des documents de l’EI, pour « assurer que ces preuves soient admissibles devant n’importe quel tribunal en Irak ou dans d’autres Etats où les crimes internationaux de l’EI en Irak sont poursuivis ».
A ce stade, 8 millions de pages de documents en possession des autorités irakiennes ont été numérisées, « facilitant » déjà le travail de la justice irakienne, a-t-il précisé.
« La prochaine étape est d’établir des archives centralisées, un fonds unifié de toutes les preuves numériques contre l’EI », a expliqué Christian Ritscher, précisant qu’après un accord avec les autorités irakiennes ces archives seraient lancées « dans les prochains jours » au sein du Conseil suprême de la magistrature.
« A l’avenir, ce fonds centralisé jouera un rôle clé pour soutenir les poursuites contre les auteurs des crimes internationaux de l’EI en Irak » et pourrait être « un jalon pour créer un système global d’e-justice en Irak qui pourrait être un modèle dans la région mais aussi dans le monde », a-t-il estimé.
Après leur montée en puissance fulgurante en 2014, les jihadistes ont brièvement contrôlé un tiers du territoire irakien, multipliant les exactions. Le 9 décembre 2017 l’Irak proclamait sa victoire contre l’EI. Mais c’est en mars 2019 que l’organisation radicale s’est effondrée, perdant son dernier bastion en Syrie voisine.