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Bientôt une loi pour criminaliser les incitations à l’encontre des Haredim ?

Le projet de loi élargirait les législations anti-racisme de 1977 pour inclure des sanctions contre les individus alimentant les préjugés anti-ultra-orthodoxes

Photo d'illustration : Des Juifs ultra-orthodoxes prient sur le mont Meron, le 10 avril 2023. (Crédit : David Cohen/ Flash90)
Photo d'illustration : Des Juifs ultra-orthodoxes prient sur le mont Meron, le 10 avril 2023. (Crédit : David Cohen/ Flash90)

La commission de la Knesset s’est prononcée, dimanche, en faveur d’un projet de loi qui rendrait passibles de sanctions les incitations à l’encontre des Juifs ultra-orthodoxes dans le cadre des législations anti-racisme.

« Il est temps de tracer une ligne rouge contre les incitations dangereuses et endémiques qui sont proférées à l’encontre du public ultra-orthodoxe », a commenté Yaakov Asher, député de Yahadout HaTorah, qui a parrainé le texte. « Ce projet de loi permettra de sanctionner tous ceux qui se livrent à des incitations et d’établir clairement que les citoyens haredim comptent, qu’ils n’ont pas moins de valeur que les autres ».

Il est difficile de dire quelles sont les sanctions envisagées mais le projet de loi propose d’élargir une législation anti-racisme de 1977 pour y inclure des mesures punitives contre tous ceux qui se livrent à des incitations au racisme et à la violence sur la base de la race, de l’origine nationale ou ethnique ou sur la base de l’appartenance à la communauté ultra-orthodoxe.

Dans ses notes d’explication, le texte affirme que la loi existante définit les incitations racistes « seulement dans les cas où le racisme est entraîné par la couleur de la peau ou par l’appartenance à un groupe national ou ethnique, et la population ultra-orthodoxe ne se distingue pas par ces critères de couleur, de race, de nationalité ou d’ethnicité ».

« A ce sujet, il faut noter que la population ultra-orthodoxe… se distingue par ses vêtements et par son style de vie, et il n’y a donc aucune raison qu’elle fasse exception dans les dispositions de la loi », continuent les notes explicatives.

La législation dénonce « un phénomène croissant d’incitations au racisme à l’égard de la population ultra-orthodoxe », ajoutant que « les incitations qui ont pu être faites par des responsables élus, avec pour objectif de diviser le peuple et d’en tirer des bénéfices politiques tout en portant atteinte au public tout entier et à l’unité du peuple » ont été « des cas « particulièrement douloureux ».

« Dans ce projet de loi, il est proposé d’élargir la définition du racisme pour y inclure l’interdiction des incitations au racisme à l’égard de la population ultra-orthodoxe ». La législation éradiquera « l’enracinement de ce phénomène de racisme à l’égard de la population ultra-orthodoxe », selon la proposition.

Le député Yaakov Asher de Yahadout HaTorah à la Knesset, le parlement israélien de Jérusalem, le 21 octobre 2020. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Asher avait déjà présenté un projet de loi similaire sous le mandat du précédent gouvernement.

Il l’avait présenté une nouvelle fois au mois de décembre, un mois après les élections nationales qui avaient marqué le retour au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à l’issue d’un court passage dans les rangs de l’opposition. Le Premier ministre est à la tête d’une coalition constituée de partis de droite, d’extrême-droite et ultra-orthodoxes qui a fait avancer des législations controversées – comme le plan de réforme radicale du système judiciaire israélien – et qui a adopté, le mois dernier, un budget courant sur deux ans allouant des milliards de shekels à la communauté haredi, des fonds qui avaient été réclamés par les partenaires de coalition de Netanyahu. Ces allocations restent toutefois très impopulaires au sein du public israélien en général.

Cet argent servira à verser des subventions aux étudiants en yeshiva, aux écoles religieuses non supervisées par l’État qui n’enseignent pas les matières du tronc commun – comme les mathématiques et les sciences – et il financera aussi un programme de bons alimentaires sans lien avec le travail, qui a été critiqué comme ayant été taillé de manière à servir de manière disproportionnée les ultra-orthodoxes.

Une manifestation dénonçant le gouvernement, qui avait été organisée dans la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak avant l’adoption du budget de l’État, le 24 mai, avait attiré des milliers de personnes qui avaient accusé la coalition de « piller » l’argent des contribuables tout en permettant aux hommes haredim d’échapper au service militaire et au marché de l’emploi. Certains membres des partis ultra-orthodoxes avaient menacé de voter contre le budget, obligeant le pays à connaître de nouvelles élections, si aucune réponse n’était donnée à leurs demandes.

Le leader de l’opposition Yair Lapid, à ce moment-là, avait estimé que l’approbation du budget « n’apporte aucune nouvelle annonce, ne lance aucune initiative visant à combattre le coût de la vie – il est seulement une interminable extorsion ».

« Ce budget est une violation du contrat signé avec les citoyens d’Israël et la facture sera assumée par nos enfants et par nos petits-enfants », avait-il ajouté.

Avant le vote du budget, une présentatrice avait suscité l’indignation à la télévision après avoir qualifié les Haredim de « vampires » pendant une discussion sur les priorités financières du gouvernement.

« Quel fardeau peut-on ainsi placer sur les épaules d’un tiers de ce pays pour soutenir ces vampires haredim, tous ces gens qui nous sucent le sang ? », avait ainsi interrogé Galit Gutman, présentatrice et mannequin, au cours de son émission d’information de la matinée sur la Douzième chaîne, au mois de mai.

La mannequin et présentatrice de télévision israélienne Galit Gutman animant le concert ‘Israel Calling’ sur la place Rabin de Tel Aviv, le 10 avril 2018 (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

« Il n’y a pas d’autre mots pour décrire ce que font les Haredim« , a répété Gutman, vendredi. « Nous avons un nouveau gouvernement qui trait ses citoyens, tout simplement. Nos jeunes – ceux qui servent dans l’armée et qui vont à l’université – ne resteront pas ici. Je vous le dis, ils nous sucent le sang, à nous tous. Nous sommes des vaches à traire, ils n’en ressentent aucune honte et nous en avons assez de ne rien faire, de ne rien dire ».

Les propos tenus par Gutman ont été rapidement dénoncés par les politiciens ultra-orthodoxes et par les membres de la coalition et de l’opposition. Elle a ultérieurement présenté ses excuses.

Le public haredi et les partis politiques ultra-orthodoxes ont aussi suscité la colère pour le soutien qu’ils ont apporté au projet de refonte du système judiciaire israélien et en particulier à la clause dite « dérogatoire » – qui, sous sa forme actuelle, permettrait à la Knesset d’annuler un jugement rendu par la Haute-cour par une majorité de 61 votes. Ils disent que cette clause est déterminante pour empêcher les magistrats d’intervenir dans les affaires de la communauté – notamment pour parvenir à obtenir une exemption officielle de service militaire des jeunes haredim.

Les projets de loi visant à satisfaire cette demande d’exemption du service militaire obligatoire ont été rejetées par la Haute-cour dans le passé, même si les jeunes hommes de la communauté ne font que rarement leur service dans l’armée.

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