Bill Clinton admet avoir aidé Peres à battre Netanyahu aux élections de 1996
Détaillant l'échec de sa tentative, l'ancien président américain déclare : "J'ai essayé de le faire d'une manière qui ne m'impliquait pas ouvertement"

L’ancien président américain Bill Clinton a reconnu pour la première fois avoir essayé d’aider Shimon Peres à remporter les élections générales israéliennes de 1996 contre Benjamin Netanyahu.
Dans une interview diffusée mardi sur la Dixième chaîne d’information israélienne, l’ancien président, qui n’a pas caché sa relation difficile avec Netanyahu, a admis être intervenu en faveur de Peres lors des élections qui ont eu lieu six mois après l’assassinat d’Yitzhak Rabin parce que, a-t-il dit, il considérait Peres comme plus favorable à l’effort de paix israélo-palestinien.
Dans les extraits de l’interview diffusés mardi, Clinton n’a pas précisé de quelle manière il était intervenu.
Cependant, après avoir pris la parole lors des funérailles de Rabin en novembre 1995, Clinton a accueilli en mars 1996 un « sommet des artisans de la paix » en Égypte avec des dirigeants régionaux, dont Peres – qui avait pris le poste de Premier ministre après l’assassinat -, Hosni Moubarak d’Égypte, le roi Hussein de Jordanie et le dirigeant palestinien Yasser Arafat. Clinton s’est ensuite rendu en Israël, qui était en proie à une vague d’attentats suicides palestiniens. En avril, il a accueilli Peres à la Maison Blanche, où les deux hommes ont signé une déclaration commune sur la lutte contre le terrorisme.
Tout cela n’a pas servi à grand-chose. A la traîne derrière Peres dans les sondages d’opinion avant ces attaques terroristes, Netanyahu a remporté de justesse les élections de mai 1996.
ביל קלינטון: "תהליך השלום לא מתקדם – ישראל רואה את הפלסטינים כחלשים" • @RavivDrucker עם הריאיון מתוך פרויקט "הקברניטים" >> https://t.co/7DsKKZB1TJ pic.twitter.com/CnbN9D7Pbu
— חדשות 13 (@newsisrael13) April 3, 2018
Interrogé sur la question de savoir s’il serait « juste de dire » qu’il « a essayé d’aider Shimon Peres à remporter les élections », Clinton a répondu : « Ce serait juste de dire cela. J’ai essayé de le faire d’une manière qui ne m’implique pas ouvertement. »
Il a expliqué : « J’ai essayé de lui être utile parce que je pensais qu’il soutenait davantage le processus de paix. Et j’ai essayé de le faire d’une manière qui soit conforme à ce que je croyais être dans l’intérêt d’Israël, sans rien dire au sujet de la différence dans les politiques intérieures, sans rien d’autre ».
Lorsque le vainqueur Netanyahu lui a rendu visite à la Maison Blanche, se souvient Clinton, le nouveau Premier ministre israélien « voulait que je sache qu’il savait que je n’étais pas pour lui et qu’il nous avait quand même battus ».
L’ancien président a ri, puis a ajouté : « Et il était vraiment ‘Bibi’ » (surnom de Netanyahu).

« Mais, vous savez, continua Clinton, j’ai réalisé qu’il était maintenant le leader du pays et que si je voulais soutenir la paix, je devais trouver un moyen de travailler avec lui. Je n’étais pas tellement en colère, mais simplement stupéfait par le courage avec lequel il agissait. Il est comme ça. Il a fait du très bon travail. »
La droite israélienne a accusé à plusieurs reprises ces dernières années que les États-Unis ont cherché de façon inacceptable à intervenir dans les élections israéliennes au nom de forces plus progressistes. L’accusation a été portée contre l’administration Obama par le Likud lors des dernières élections, remportées par Netanyahu, en 2015.

Le reportage de mardi ne présentait que de brefs extraits d’une interview plus longue qui sera diffusée la semaine prochaine. Dans un autre court extrait, M. Clinton a dit qu’il pense que la coalition actuelle de Netanyahu considère que les Palestiniens sont trop affaiblis pour constituer une menace.
« Lorsque le Premier ministre Netanyahu est revenu au pouvoir [en mars 2009], la situation en matière de sécurité était nettement meilleure en Cisjordanie grâce au président Abbas », a dit Clinton.
« Aujourd’hui, la coalition que dirige le Premier ministre Netanyahu, je pense qu’ils considèrent que les Palestiniens sont trop affaiblis pour leur causer des ennuis. Et la sécurité semble fonctionner. »