Bill de Blasio aurait bloqué l’enquête sur les yeshivot pour raisons politiques
Une organisation attaque le maire de New York après des courriels indiquant sa connaissance du rapport sur les institutions religieuses qui ne respectent pas les normes éducatives
JTA – Le maire de la ville de New York, Bill de Blasio, avait une connaissance détaillée d’un rapport retardé sur les yeshivas qui ne répondaient pas aux normes de l’État lorsqu’il a fait pression sur les dirigeants juifs orthodoxes pour l’aider à obtenir un contrôle continu sur les écoles publiques de la ville.
« Nous avons clairement indiqué que lorsque nous publierons un rapport, nous le ferons en douceur et citerons les progrès réalisés (en supposant qu’ils se poursuivent) », lui avait expliqué un haut responsable dans un courriel datant de 2017 en précisant ce qu’il devait savoir lorsqu’il ferait pression sur les dirigeants orthodoxes.
Ce sont des courriels échangés entre le maire, ses assistants et le département d’éducation de la ville qui ont permis au New York Post de révéler l’affaire. Le quotidien les a obtenus par le biais d’une demande au titre de la loi sur la liberté de l’information.
Les courriels ont fait la lumière sur des questions cruciales concernant l’enquête de la ville sur une plainte déposée en 2015 accusant des dizaines de yeshivot de Brooklyn de ne pas enseigner les mathématiques, les sciences, l’anglais et l’histoire comme l’exige la loi de l’État : quel a été le rôle de Bill de Blasio dans le retardement de ce rapport et dans ses constatations mineures ?
La ville avait annoncé qu’elle publierait les résultats de son enquête en 2017, mais ne l’a fait qu’en décembre 2019, lorsqu’elle a découvert que seules deux des 28 yeshivot sondées dispensaient un enseignement « substantiellement équivalent » comme l’exige la loi. Une enquête de la ville a révélé que le maire était au courant d’un « marchandage politique » qui comprenait une demande de retardement du rapport, bien qu’il n’ait pas « personnellement autorisé » son retard.
Les courriers électroniques obtenus par le Post illustrent à quoi ressemblaient ces tractations. Ils montrent qu’en juin 2017, l’édile a passé des coups de téléphone à deux hauts dirigeants juifs orthodoxes, les incitant à demander aux législateurs de l’État de cesser de bloquer l’adoption de la loi visant à étendre le contrôle du maire.
Il avait suivi les conseils d’un de ses assistants de haut rang, qui lui a indiqué qu’il pouvait citer « la question du programme scolaire » ainsi que plusieurs autres moyens par lesquels il avait soutenu les écoles juives orthodoxes lorsqu’il plaidera sa cause. Bill De Blasio a demandé plus d’informations sur cette question, en disant : « Je navigue trop à l’aveuglette ici ».
Un autre assistant a répondu avec des détails supplémentaires. Il a notamment écrit : « Nous avons clairement indiqué que, lorsque nous publierons un rapport, nous le ferons en douceur et citerons les progrès réalisés (en supposant que ces progrès se poursuivent) ».
L’organisation qui a déposé les plaintes qui ont déclenché l’enquête contre 39 yeshivas de Brooklyn, Young Advocates for Fair Education, ou Yaffed, a déclaré au Post que les nouveaux e-mails montraient que Bill de Blasio avait « abusé de son pouvoir » en bloquant l’enquête.
Les deux législateurs ayant mis fin à leur opposition à l’extension du contrôle du maire sur les écoles de la ville en échange du retard du rapport sur les yeshivot étaient le sénateur Simcha Felder, un démocrate de Brooklyn, et John Flanagan, un républicain de Long Island, alors chef de la majorité au Sénat.
Simcha Felder s’était d’abord retenu d’apporter son soutien afin d’inclure dans le projet de loi de finances de l’État un amendement qui exempterait les yeshivas de fournir un enseignement « équivalent » aux écoles publiques, leur permettant de passer moins de temps sur des sujets laïcs au profit d’une instruction religieuse.
Depuis la fin de l’enquête sur les yeshivot, plusieurs des écoles ont manqué la date limite de janvier à laquelle elles devaient montrer comment elles prévoyaient d’apporter les changements nécessaires. Actuellement, bien sûr, ces écoles sont fermées, ainsi que toutes celles de l’État, en raison de la pandémie de coronavirus.