Blinken : Une offensive à Rafah risque « d’isoler Israël et de compromettre sa sécurité à long terme »
Blinken a indiqué que Washington partageait l'objectif d'Israël de vaincre le Hamas et d'assurer sa sécurité à long terme, mais qu'une opération à Rafah "n'est pas le moyen d'y parvenir"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Juste avant de prendre son avion pour quitter le pays après une journée de réunions avec de hauts responsables gouvernementaux à Tel Aviv, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réitéré la mise en garde de l’administration Biden contre le lancement par Israël d’une grande offensive terrestre à Rafah.
Blinken a indiqué que les États-Unis partageaient l’objectif d’Israël de vaincre le Hamas et d’assurer sa sécurité à long terme, mais qu’une opération à Rafah « n’est pas le moyen d’y parvenir ».
« Cette opération risque de provoquer la mort de nouveaux civils. Elle risque de perturber davantage l’acheminement de l’aide humanitaire. Elle risque d’isoler davantage Israël dans le monde et de mettre en péril sa sécurité et sa crédibilité à long terme », a déclaré Blinken aux journalistes sur le tarmac de l’aéroport Ben Gurion.
Le haut diplomate américain a ajouté que Washington proposerait à Jérusalem « une autre façon » d’atteindre ses objectifs lors de la visite d’une délégation israélienne à Washington la semaine prochaine.
« Cela nécessite vraiment une solution humanitaire, militaire et politique intégrée », a expliqué M. Blinken.
Annonçant en début de semaine la ferme opposition de l’administration à une opération à Rafah, le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré qu’Israël « défonçant Rafah » serait une extension d’un plan qui a déjà échoué, qui a vu le Hamas revenir dans les zones libérées par Tsahal parce que Jérusalem n’a pas de stratégie viable pour remplacer le groupe terroriste dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a insisté sur le fait qu’une « victoire totale » contre le Hamas était possible, mais qu’il fallait pour cela qu’Israël entre dans Rafah afin de démanteler les derniers bataillons du Hamas dans la ville du sud de Gaza, où plus d’un million de personnes se sont réfugiées suivant les directives israéliennes de fuir les zones situées au nord.
Blinken a confié aux journalistes qu’il avait rencontré cette fois encore les familles des otages lors de son séjour à Tel Aviv. « C’est très difficile de décrire ce qu’ils endurent chaque jour. »
Il a réaffirmé que les négociateurs avaient progressé ces dernières semaines, « comblant les fossés » entre Israël et le Hamas, mais il a reconnu que les dernières étapes des pourparlers étaient toujours les plus difficiles et qu’il restait encore beaucoup de travail à accomplir.
Le secrétaire d’État américain a indiqué qu’il avait de nouveau insisté auprès d’Israël pour que davantage d’aide humanitaire soit distribuée dans la bande de Gaza. « 100 % de la population de Gaza souffre de graves problèmes d’insécurité alimentaire. 100 % d’entre eux ont besoin d’une aide humanitaire », a-t-il réaffirmé.
« Certaines mesures positives ont été prises ces derniers jours pour améliorer la situation, mais ce n’est pas suffisant. Nous avons discuté de ce qu’il faut faire pour apporter une aide beaucoup plus importante à un plus grand nombre de personnes et de manière plus efficace », a ajouté Blinken.