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GB: Johnson, grand vainqueur ; Corbyn tenu pour responsable de l’échec du Labour

Les conservateurs n'avaient plus exercé un tel contrôle sur le Parlement depuis l'ère Thatcher ; le chef travailliste a annoncé qu'il ne conduira pas le parti au prochain scrutin

  • Bobby Smith, militant politique et militant des droits des pères et fondateur et chef du parti "Give Me Back Elmo", à gauche, et le candidat indépendant Count Binface se tiennent de chaque côté du Premier ministre britannique et chef du Parti conservateur Boris Johnson et attendre la déclaration du décompte électoral Uxbridge et South Ruislip à Brunel University, Londres, le 13 décembre 2019. (Crédit ; AP/Kirsty Wigglesworth)
    Bobby Smith, militant politique et militant des droits des pères et fondateur et chef du parti "Give Me Back Elmo", à gauche, et le candidat indépendant Count Binface se tiennent de chaque côté du Premier ministre britannique et chef du Parti conservateur Boris Johnson et attendre la déclaration du décompte électoral Uxbridge et South Ruislip à Brunel University, Londres, le 13 décembre 2019. (Crédit ; AP/Kirsty Wigglesworth)
  • Le chef du Parti travailliste de l'opposition britannique Jeremy Corbyn, à droite, attend la déclaration de son siège aux élections générales de 2019 à Islington, Londres, le 13 décembre 2019 (Crédit : AP Photo/Alberto Pezzali).
    Le chef du Parti travailliste de l'opposition britannique Jeremy Corbyn, à droite, attend la déclaration de son siège aux élections générales de 2019 à Islington, Londres, le 13 décembre 2019 (Crédit : AP Photo/Alberto Pezzali).

Le Brexit aura bien lieu le 31 janvier: les électeurs britanniques ont donné au Premier ministre Boris Johnson une éclatante victoire aux législatives après plus de trois ans de divisions et de psychodrame autour de la sortie de l’Union européenne.

Les résultats publiés jusqu’au petit matin ont confirmé la tendance donnée par les premières estimations : une majorité écrasante pour les conservateurs, qui n’avaient plus exercé un tel contrôle sur le Parlement britannique depuis Margaret Thatcher.

En raflant des circonscriptions ouvrières détenues depuis des décennies par les travaillistes, les Tories ont les coudées franches pour mettre en oeuvre le Brexit, approuvé à 52 % par les Britanniques en 2016 mais dans l’impasse.

Après dépouillement dans 624 circonscriptions sur 650, le parti de Boris Johnson avait déjà remporté 345 sièges à la Chambre des communes, s’assurant d’ores et déjà une confortable majorité absolue qui lui manquait jusqu’à présent. Les travaillistes remportent 202 sièges, selon ce même décompte.

Ce « nouveau mandat fort (…) donne à ce nouveau gouvernement l’occasion de respecter la volonté démocratique du peuple britannique », a souligné Boris Johnson, également réélu dans la circonscription d’Uxbridge et South Ruislip, à l’ouest de Londres.

C’est en revanche une claque pour le Labour et son très gauchisant chef Jeremy Corbyn, 70 ans. « Très déçu », ce dernier, désormais sur un siège éjectable, a annoncé qu’il ne conduirait pas le parti aux prochaines élections, tout en souhaitant voir son parti entamer une « réflexion sur le résultat du scrutin et sur sa future politique ». Maigre consolation, il a été élu pour la dixième fois, dans la circonscription londonienne d’Islington nord.

De nombreux Juifs britanniques ont poussé un soupir de soulagement face à la défaite de Corbyn. « Le soulagement au sein de la communauté juive est palpable. Et empreint de gratitude. Mais au fil de jours et des semaines, nous devrons nous pencher sur certaines choses, la disposition de certains de nos prétendus alliés à faire campagne et à soutenir Jeremy Corbyn », a tweeté Stephen Pollard, rédacteur du Jewish Chronicle.

Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste de l’opposition britannique, prend la parole lors de la déclaration de son siège aux élections générales de 2019 à Islington, Londres, le vendredi 13 décembre 2019. (Crédit : AP/Alberto Pezzali)

La députée juive du Labour Ruth Smeeth, qui a perdu son siège pour la circonscription de Stoke-on-Trent North, a tenu Corbyn pour responsable de l’échec du parti.

Ruth Smeeth, une députée travailliste britannique. (Parlement britannique)

« C’est une nuit consternante et désolante pour le parti du Labour. Il aurait dû partir il a longtemps », a-t-elle confié à Sky News.

« Les actions de Jeremy Corbyn sur l’antisémitisme ont entaché le parti. Nous sommes le parti raciste. »

« Clarification »

Chef de l’opposition le plus impopulaire jamais enregistré dans les sondages, Jeremy Corbyn a payé sa position ambiguë sur la sortie de l’UE, sur laquelle il a personnellement refusé de se prononcer. Il voulait renégocier un nouvel accord de divorce, plus social, puis le soumettre aux Britanniques avec comme alternative le maintien dans l’UE.

Les résultats ont confirmé un net recul des travaillistes, qui ont perdu des fiefs symboliques, comme la ville de Workington. Un groupe de réflexion avait identifié « l’homme de Workington », un homme blanc, âgé, sans diplôme, pro-Brexit comme l’électeur clé pour remporter le scrutin.

« Les conservateurs représentent désormais de nombreux ménages à faible revenu, des personnes qui travaillent dans les industries manufacturières et traditionnelles du centre et du nord de l’Angleterre », a dit à l’AFP le professeur Tony Travers, de la London School of Economics (LSE).

A Bruxelles, où les dirigeants européens sont réunis en sommet, la France a salué une « clarification ».

Le premier ministre britannique et chef du Parti conservateur Boris Johnson et sa partenaire Carrie Symonds arrivent à l’Université Brunel à Uxbridge, Londres, le vendredi 13 décembre 2019, pour la déclaration du décompte des électeurs d’Uxbridge et South Ruislip. (Crédit ;: AP/Kirsty Wigglesworth)

Jusqu’à présent, Boris Johnson n’avait pas réussi à faire adopter par le Parlement l’accord de divorce qu’il avait négocié avec Bruxelles, faute de majorité à la Chambre des communes.

Durant la campagne électorale, le dirigeant de 55 ans a promis de soumettre cet accord aux députés avant Noël avec l’objectif de mettre le Brexit en oeuvre fin janvier. Prévu au départ le 29 mars dernier, il a été reporté trois fois.

Boris Johnson a bénéficié d’un coup de pouce du Parti du Brexit, emmené par l’europhobe Nigel Farage, qui devrait faire chou blanc après s’être retiré de nombreuses circonscriptions pour ne pas diviser le vote pro-Brexit.

Quel lien avec l’UE ?

Réaliser le Brexit doit permettre de tourner la page et de s’atteler aux « priorités » des Britanniques, comme la santé, la sécurité et les infrastructures, a affirmé le chef de gouvernement.

Des manifestants anti-Brexit devant le Parlement à Londres, le 28 octobre 2019. (Crédit : AP Photo/Kirsty Wigglesworth)

Mais Boris Johnson devra aussi préciser quel type de relation il veut nouer avec l’Union européenne. Dès le Royaume-Uni sorti de l’UE s’ouvriront de difficiles négociations sur ce sujet, censées être conclues d’ici à la fin 2020. Mission impossible vu la complexité du sujet, estiment bien des analystes.

Les nouveaux députés siégeront dès mardi et Boris Johnson leur déclinera son programme législatif par le biais du traditionnel discours de la reine jeudi.

Pour les pro-UE, l’espoir d’empêcher le Brexit s’est évanoui avec la défaite du Labour et l’échec des libéraux-démocrates. Ces derniers avaient fait campagne pour stopper purement et simplement la sortie de l’UE mais n’ont pas réussi à mobiliser et leur cheffe, Jo Swinson, a même perdu dans la bataille le siège qu’elle détenait depuis près de douze ans en Ecosse.

A gauche, les nationalistes écossais du SNP ont nettement progressé de 20 à au moins 46 sièges, selon les résultats partiels. Ils comptent s’appuyer sur ce résultat pour demander un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, majoritairement hostile au Brexit, bien que Boris Johnson soit fermement opposé à une telle consultation.

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