Brandeis interdit Students for Justice en Palestine suite à son soutien au Hamas
L'université estime que ce soutien au groupe terroriste n'est pas protégé par la liberté d'expression ; SJP ne bénéficiera plus de fonds et ne pourra plus organiser d'activités
JTA — L’Université Brandeis a révoqué la reconnaissance par la direction de la section de Students for Justice in Palestine sur le campus, au motif que le groupe « soutient ouvertement le Hamas ».
Elle en a informé le groupe étudiant lundi : il ne bénéficiera donc plus de fonds universitaires et ne pourra plus organiser d’activités sur le campus. Conséquence immédiate, le groupe a annulé une « veillée pour la Palestine » prévue lundi soir.
« Cette décision n’a pas été prise à la légère, car Brandeis est très attaché au respect de la liberté d’expression », a écrit l’université dans sa lettre, dont la Jewish Telegraphic Agency a obtenu un exemplaire.
Le SJP, qui dispose d’un groupe de coordination national et de sections universitaires dans tout le pays, s’est prononcé en faveur de l’invasion d’Israël par le Hamas. Brandeis a déclaré que le soutien au Hamas, que les États-Unis désignent comme groupe terroriste étranger, n’était pas protégé par la liberté d’expression garantie au sein de l’université.
« Les étudiants qui choisissent de s’engager dans un soutien au Hamas, le harcèlement ou des menaces de violences, que ce soit individuellement ou par le biais d’activités organisées, seront considérés comme violant le code de conduite des étudiants de l’Université », indique la lettre. « Les étudiants qui souhaitent exprimer leur soutien aux droits des civils palestiniens peuvent, au moyen des procédures prévues, former une autre organisation étudiante conforme aux règles de l’Université. »
La décision fait suite à une polémique, au sein de l’université, après que son sénat étudiant a rejeté une résolution condamnant le Hamas, décision remise en cause par d’autres membres de la communauté universitaire, notamment par le biais d’une lettre ouverte qui a recueilli plus de 1 000 signatures en l’espace d’une journée. L’épisode a attiré l’attention de tout le pays, notamment du fait de l’histoire de Brandeis, établissement non confessionnel fondée par la communauté juive américaine après la Shoah.
Elle fait également écho aux pressions exercées sur les universités par diverses organisations juives pour qu’elles cessent de financer les groupes SJP suite à l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, qualifié par ces groupes de « victoire historique pour la résistance palestinienne ». Le système universitaire public de Floride a interdit le SJP le mois dernier à la demande du gouverneur Ron DeSantis.
Israël a déclaré la guerre au Hamas suite à l’assaut de quelque 3 000 terroristes originaires de Gaza, le 7 octobre dernier, qui ont massacré 1 400 personnes – pour l’essentiel des civils – dans des communautés du sud d’Israël. Ils ont également fait 240 otages – dont une trentaine de bébés et d’enfants -, qu’ils ont conduits dans la bande de Gaza.
Les autorités sanitaires de Gaza, contrôlées par le Hamas, ont déclaré lundi que plus de 10 000 personnes, dont de nombreuses femmes et enfants, avaient été tuées lors des combats. Ces chiffres, publiés par le groupe terroriste, sont impossibles à vérifier de manière indépendante, et ils comprennent ses hommes armés, tués en Israël ou à Gaza, auxquels s’ajoutent les victimes des centaines de roquettes égarées, tirées par les groupes terroristes.
Dans une déclaration publiée sur Instagram, la section de SJP à Brandeis a qualifié la décision de l’université de « raciste ».
« C’est avec le cœur lourd que nous vous annonçons que, de manière tout-à-fait injuste, notre section n’est plus reconnue », a écrit le groupe. « Voilà ce que fait l’Université Brandeis, institution qui se targue de promouvoir la justice sociale : elle essaie de nous faire taire et de nous empêcher de dire ce que nous pensons. »
Dimanche, le rabbin Seth Winberg, directeur exécutif de Brandeis Hillel, avait adressé une lettre aux étudiants au sujet du projet de veillée et des « sentiments, angoisses et craintes qu’elle pourrait susciter chez de nombreux étudiants ».
Winberg a encouragé les étudiants à ne pas « donner d’oxygène au SJP », ce qui, a-t-il écrit, « ne ferait qu’augmenter leur visibilité et leur exposition médiatique. Les contre-manifestations ne font qu’attirer l’attention sur leur cause et leur discours. » Il a évoqué un autre événement, organisé par Hillel lundi, destiné à témoigner des liens entre Brandeis et Israël.
Winberg, le doyen de Hillel, Eitan Marks, et la section de SJP du campus n’ont pas souhaité répondre aux demandes de commentaires de la JTA.
Lundi, le doyen de Brandeis, Ron Liebowitz, a publié un éditorial dans le Boston Globe demandant aux autres universités de lutter contre l’antisémitisme sur les campus. Il a également laissé entendre que la décision de l’université concernant SJP serait prise sous peu.
Evoquant les groupes qui prônent « la violence contre les Juifs ou l’anéantissement de l’État d’Israël », Liebowitz a écrit : « Les organisations étudiantes qui s’engagent dans de telles pratiques devraient perdre tous les privilèges associés à l’affiliation au sein de leur université. Cela ne remet aucunement en cause l’engagement profond et durable de l’enseignement supérieur en faveur de la liberté d’expression. »